Le juge a tranché, et Google devra accueillir des App Stores concurrents sur Android. Epic Games s’en sort victorieux.
La décision est tombée. Google doit ouvrir les portes de son Play Store à la concurrence, une première dans l’histoire du géant technologique. Le juge James Donato a statué dans l’affaire Epic v. Google, mettant fin à l’exclusivité que l’entreprise détenait sur Android.
Les concurrents ont quelque chose contre Google, on dirait
Dès novembre 2024, et pendant trois ans, Google devra distribuer les magasins d’applications concurrents directement dans le Google Play Store. Ce géant doit également cesser d’imposer son système de facturation pour les achats d’applications.
Les développeurs pourront donc enfin informer les utilisateurs d’autres moyens de paiement et proposer des alternatives de téléchargement en dehors du Play Store.
Google est également obligé de laisser les développeurs Android définir leurs propres prix pour les applications, indépendamment de Play Billing.
Google ne peut pas non plus partager les revenus des applications avec toute personne ou entité distribuant des applications Android ou prévoyant de lancer une boutique d’applications
Il serait interdit d’offrir aux développeurs de l’argent ou des avantages pour lancer leurs applications en exclusivité ou en premier sur le Play Store. L’entreprise ne pourra pas aussi leur donner d’incitations financières pour qu’ils ne lancent pas leurs applications sur des magasins concurrents.
De même pour ce qui est de proposer de l’argent ou des avantages aux fabricants d’appareils ou aux opérateurs pour préinstaller le Play Store. Ou encore inciter les fabricants ou les opérateurs à ne pas préinstaller des magasins concurrents sur leurs appareils.
Epic Games sort donc victorieux de cette bataille juridique qui a débuté en 2020. Ce procès, lancé le même jour que celui contre Apple, visait à briser les pratiques anticoncurrentielles de Google.
Contrairement à Apple, qui avait en grande partie gagné son procès, Google n’a pas eu cette chance.
Tim Sweeney, PDG d’Epic Games, a déclaré dans un article sur X que l’Epic Games Store arrivera en 2025. D’autres boutiques d’applications seront également disponibles sur le Google Play Store aux États-Unis.
Ce changement permettra aux utilisateurs d’éviter les écrans effrayants de Google et la taxe de 30 % sur les applications.
Les autres App Stores seront les bienvenus sur Android… ou pas
Dans le procès Epic contre Google, Epic a prouvé que Google avait passé trop d’accords avec développeurs et fabricants. Ce qui rendait presque impossible la création de magasins d’applications concurrents sur Android.
Cette série de changements pourrait offrir une vraie chance aux rivaux. Une véritable concurrence pourrait enfin émerger face au monopole de Google.
Pour autant, Google conserve un certain contrôle. L’entreprise pourra toujours surveiller la sécurité des applications et facturer des frais pour cette surveillance. Mais il y a une condition : les mesures prises doivent être raisonnables, comparables à celles en place aujourd’hui.
Toutefois, Epic estime que Google pourrait utiliser ces mesures pour dissuader les magasins concurrents, ce qui laisse présager des conflits futurs entre les deux entreprises.
Google dispose de huit mois pour élaborer un nouveau système de fonctionnement. Un comité technique, composé de trois experts choisis par Google et Epic, se chargera de superviser la mise en place de ces réformes.
Mais Epic n’a pas obtenu tout ce qu’il voulait. L’entreprise souhaitait que le juge ouvre Google Play pour une durée de six ans au lieu de trois. De plus, elle voulait que les utilisateurs puissent télécharger des applications d’un simple clic.
Elle a même demandé que Google ne puisse plus lier les API Android à Google Play. Mais le juge Donato reste ferme : la concurrence doit pouvoir se développer sans imposer un fardeau excessif à Google.
Google déclare aujourd’hui que ces modifications pourraient entraîner des « conséquences inattendues », nuisant ainsi aux consommateurs, aux développeurs et aux fabricants d’appareils aux États-Unis.
Il est probable que cette décision fasse l’objet d’un appel, Google ayant déjà annoncé son intention de contester le verdict. Mais pour l’instant, la société devra s’y conformer dès le 1er novembre.
- Partager l'article :