ChatGPT et consorts semblent booster la bourse de 70 % tout en faisant chuter les emplois de 30 %. Cependant, la politique monétaire en est la vraie cause.
Le pic historique des offres d’emploi, observé en mars 2022 avec 11,5 millions d’annonces, précède le lancement de ChatGPT. En août 2025, ce chiffre tombe à 7,18 millions. Parallèlement, l’indice S&P 500 est passé de 3 840 points à 6 688 points, soit une hausse d’environ 74 %. Historique, cette divergence défie les tendances observées depuis plus de vingt ans dans les données JOLTS. Une ère avant ChatGPT, où l’emploi suivait généralement la progression de la bourse.
Baisse des offres d’emploi, ChatGPT n’y est pour rien
Dans son blog Substack, l’économiste Derek Thompson explique que la contraction des offres d’emploi ne résulte pas de l’IA. Le principal facteur en cause est la politique monétaire.
La Réserve fédérale (Fed) a commencé à relever ses taux d’intérêt en mars 2022. L’institution a lancé une série de onze hausses d’ici juillet 2023 pour ralentir une économie en surchauffe et contenir l’inflation.
L’augmentation du coût du crédit a réduit les investissements, ralenti l’activité économique et limité les embauches. Puis, la Fed a commencé à baisser ses taux dès septembre 2025 pour relancer le marché de l’emploi et prévenir une hausse excessive du chômage.
D’autres facteurs ont renforcé cette dynamique. Les politiques commerciales restrictives ont limité l’expansion de la population active. Parallèlement, le renforcement des contrôles migratoires a accru les coûts pour les entreprises.
La National Foundation for American Policy estime que ces mesures pourraient réduire la population active de 15 millions de personnes sur dix ans. Cette diminution limiterait la croissance économique d’environ un tiers.
Pour évaluer l’impact de ChatGPT sur l’emploi et la bourse, Thompson a interrogé Preston Mui, économiste senior chez Employ America. Le secteur de l’« Information », incluant les développeurs et techniciens en IA, a connu la plus faible baisse d’offres d’emploi.
En revanche, la construction, la fabrication et l’extraction d’énergie ont enregistré les plus fortes pertes, dépendant fortement des investissements. Les offres dans la construction sont tombées de 303 000 à 188 000 entre juillet et août 2025, un niveau inédit depuis dix ans.
Boom de la bourse et double économie
Sur le plan boursier, ChatGPT et les investissements massifs en IA ont fait grimper les actions technologiques à des niveaux historiques. JPMorgan estime que 75 % des gains du S&P 500 depuis novembre 2022 proviennent des entreprises liées à l’IA.
Les 30 principales entreprises de ce secteur concentrent 44 % de la capitalisation totale du S&P 500. Elles génèrent près de 5 000 milliards de dollars de richesse pour les ménages américains en une seule année.
Nvidia, Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet et Meta ont été les principaux moteurs de cette progression. Ironie du sort, certaines entreprises, comme Meta, ont réduit leurs effectifs malgré la hausse de leur valorisation. La société mère de Facebook a supprimé environ 3 600 postes tout en poursuivant leurs investissements massifs dans l’IA.
Les jeunes travailleurs apparaissent comme les plus exposés à l’impact réel de l’IA. Malgré le boom de la bourse, une étude de Stanford montre que l’emploi des 22-25 ans dans les métiers les plus automatisables a chuté de 13 % depuis l’arrivée des IA génératives comme ChatGPT.
En revanche, les professionnels expérimentés et les travailleurs dans des secteurs moins exposés maintiennent ou augmentent leur activité. Par ailleurs, le Bureau of Labor Statistics anticipe une forte croissance des emplois liés à l’IA, avec une hausse de 17,9 % des développeurs de logiciels d’ici 2033.
Dans ce contexte, Thompson souligne l’existence de deux économies distinctes. D’un côté, une économie dopée à l’IA et concentrée sur quelques grandes entreprises, créant richesse et innovation. De l’autre, un secteur classique, ralenti par la politique monétaire et les tensions commerciales, peine à recruter.
Selon Wolfe Research, même si ChatGPT et consorts stimulent la Bourse, l’IA reste un facteur secondaire dans la baisse des offres d’emploi. Les baisses dans le secteur technologique reflètent surtout des mesures d’efficacité post-COVID et des contraintes macroéconomiques. L’innovation génère de nouveaux emplois et stimule la demande de compétences spécialisées.
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