Meta a lancé un fil Discover dans son application AI. L’idée ? Permettre aux utilisateurs de partager leurs échanges avec l’assistant Meta AI, comme on partage un statut ou une photo sur les réseaux sociaux.
Discover Meta AI : La plateforme qui transforme vos conversations en contenus viraux
Le fil Discover est une fonctionnalité innovante intégrée à l’application Meta AI, conçue pour permettre aux utilisateurs de partager publiquement leurs interactions avec l’intelligence artificielle.
Une fois publiés, ces échanges prennent la forme de posts, similaires à ceux des réseaux sociaux traditionnels, avec la possibilité d’aimer, d’ajouter des commentaires ou de les partager avec d’autres utilisateurs.
Par exemple, si vous demandez à l’IA de créer une illustration ou de rédiger un texte créatif, vous avez la possibilité de rendre cette conversation visible à tous.
L’objectif principal du fil Discover est donc de transformer une expérience individuelle avec une IA en un contenu communautaire.
Meta présente ainsi Discover comme une manière de socialiser l’intelligence artificielle, en faisant d’elle non seulement un outil personnel, mais aussi un média interactif et collaboratif.
Comment accéder au fil Discover de Meta AI »?
Depuis l’application Meta AI, un onglet dédié intitulé « Discover » apparaît en bas de l’écran. En l’ouvrant, l’utilisateur accède à un flux mettant en avant une sélection de requêtes (prompt) et de réponses publiquement partagées par les membres de la communauté.
Ce fil interactif met en lumière la diversité des usages de l’IA : certains explorent des notions scientifiques complexes, tandis que d’autres dévoilent des créations littéraires ou visuelles générées par l’intelligence artificielle.
Comme sur un réseau social classique, il est possible d’interagir avec ces publications. Une option supplémentaire, baptisée « remix », permet de reprendre une requête existante pour la personnaliser et l’adapter à ses propres besoins.
Discover présente plusieurs atouts. Elle démocratise l’accès à l’intelligence artificielle en illustrant concrètement comment les uns et les autres l’utilisent au quotidien. En favorisant le partage d’idées et d’approches, elle stimule la créativité et inspire de nouvelles utilisations. Enfin, elle propose une approche inédite de l’apprentissage, basée sur l’analyse et l’exploitation des prompts, permettant à chacun de progresser par l’exemple.
Toutefois, elle interroge également sur le degré d’exposition que chacun accepte. Par exemple, est-on à l’aise avec l’idée que ses recherches personnelles et ses demandes d’aide soient visibles, commentées, voire modifiées par d’autres ?
Certains pourraient hésiter avant de partager des requêtes liées à des sujets sensibles, tels que la santé, l’orientation professionnelle ou d’autres aspects personnels, par souci de confidentialité.
Une intégration complète dans toutes les plateformes Meta
Meta a déployé son application d’intelligence artificielle – et donc le fil Discover – à travers tout son écosystème : Instagram, Facebook, WhatsApp et Messenger. Sur chacune de ces plateformes, Meta AI se comporte comme un interlocuteur à part entière. Vous pouvez discuter avec elle comme avec un contact, puis choisir d’exporter vos échanges les plus intéressants vers Discover.

L’expérience devient encore plus immersive avec les lunettes Ray-Ban Meta. Imaginez : vous posez une question à voix haute en marchant dans la rue, l’IA vous répond instantanément dans votre oreille. Et vous pouvez, d’une simple commande vocale, partager cet échange sur Discover.
La véritable révolution pourrait bien venir d’AI Studio. Cette plateforme inaugure une ère inédite, où chaque utilisateur devient créateur en concevant son propre assistant IA. Imaginez un coach sportif virtuel qui suit vos progrès en temps réel ou un conseiller juridique capable de décortiquer le jargon des contrats avec clarté. La magie opère lorsque ces assistants personnalisés rejoignent l’écosystème Discover.
Votre coach fitness pourrait ainsi inspirer une communauté entière, tandis que votre assistant juridique deviendrait une ressource précieuse pour d’autres utilisateurs. Cette intégration transversale fait de Discover bien plus qu’une simple fonctionnalité. C’est le cœur battant d’une nouvelle forme de socialisation numérique.
Llama 4, le modèle d’IA avancé propulsant l’expérience Discover de Meta AI
Au cœur de Meta AI se trouve Llama 4, un modèle d’IA développé par Meta. C’est lui qui permet à l’assistant de produire du texte et de générer des images à partir de vos requêtes.
Bien que puissants, les modèles d’IA générative tels que Llama 4 ne révolutionnent pas en soi le fonctionnement de l’intelligence artificielle. Ce qui marque une rupture, c’est la capacité à rendre accessibles à tous les échanges avec ces IA, au sein d’une plateforme commune et collaborative. Le fil Discover incarne parfaitement cette évolution : il transforme des conversations autrefois privées en une source d’inspiration collective, donnant naissance à un nouveau type de réseau social.
La grande force de Discover est de miser sur la simplicité. N’importe qui peut y poster ses prompts, ses résultats et ses discussions. Et c’est là que ça devient intéressant — ou inquiétant, selon le point de vue. On assiste à une forme de démocratisation de l’IA, mais aussi à une exposition accrue de ce qu’on fait avec elle.
Discover ne se limite pas aux images et au texte. Les interactions vocales y ont également toute leur place, grâce à la technologie « full duplex » des lunettes Ray-Ban Meta, qui intègre l’assistant IA de Meta.
Récemment, Meta a introduit une nouvelle fonctionnalité de mémoire au sein de Meta AI. Si cette avancée offre la possibilité d’améliorer la pertinence des réponses en mémorisant les préférences et les centres d’intérêt de l’utilisateur, elle soulève néanmoins de légitimes préoccupations en matière de protection des données personnelles et de vie privée.
En effet, le stockage par Meta AI d’informations sur les goûts et humeurs de ses utilisateurs, combiné à leur agrégation via le fil Discover, semble estomper la frontière entre vie privée et partage public sur la plateforme.
Les nouveaux enjeux de vie privée
Le fil Discover pose une question simple : jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans le partage de nos échanges avec l’intelligence artificielle ?
Sur les réseaux sociaux, nous avons déjà vu comment les photos, les likes ou les données de localisation pouvaient être exploités. Avec Discover, une nouvelle dimension entre en jeu : ce que nous confions à l’IA. Nos questions, nos idées, nos curiosités deviennent à leur tour des données partageables, et donc exploitables.
Certains utilisateurs ont ainsi partagé, parfois sans y réfléchir, des questions d’ordre médical, des pensées intimes ou des détails familiaux qu’ils auraient sans doute gardés pour eux en temps normal.
Bien que Meta assure que le partage de données personnelles via ses assistants virtuels soit facultatif, le design addictif de ses interfaces incite subrepticement les utilisateurs à toujours plus de transparence. Pourtant, cette tendance à l’exposition de soi n’est pas sans risque.
À force de se livrer dans les moindres détails au fil des conversations avec l’IA, c’est rien de moins qu’un journal intime numérique de nos réflexions intimes que nous constituons, à notre insu, sur les serveurs de Meta. Derrière les promesses d’interactions toujours plus « personnalisées » se cache ainsi un formidable outil de collecte de données.
Le flux Discover de Meta AI représente-t-il l’avenir des réseaux sociaux ?
Le fil Discover pourrait bien marquer un tournant dans l’usage des réseaux sociaux. Jusqu’à présent, on partageait principalement ce qu’on voyait, entendait ou faisait. Désormais, on partage ce qu’on pense, imagine ou crée.
Pour les influenceurs et créateurs de contenu, Discover représente une opportunité. Ils peuvent y dévoiler leur manière d’utiliser l’IA, tester ses limites en public, montrer les coulisses de leur créativité. Certains y voient même un levier pour renouer avec leur audience, en rendant visibles des processus jusque-là invisibles : esquisses d’idées, hésitations, expérimentations. Une façon plus authentique et transparente de partager leur démarche, loin du contenu parfaitement fini.
Pour Meta, l’enjeu est stratégique : retenir les utilisateurs au sein de son écosystème, plutôt que de les laisser migrer vers des assistants IA concurrents comme ChatGPT ou Gemini.
D’un point de vue commercial, le flux Discover représente ainsi une opportunité majeure pour Meta. Il lui permet d’attirer plus d’utilisateurs, de capter plus de temps d’attention et, surtout, d’alimenter encore plus les bases de données publicitaires qui soutiennent son modèle économique.
Car, plus les utilisateurs sont actifs, plus Meta affine sa connaissance de leurs goûts, habitudes et centres d’intérêt — et plus il devient possible de leur proposer des publicités ciblées.
Mais au final, la grande question reste celle-ci : le fil Discover est-il une évolution naturelle des réseaux sociaux, ou le signe d’un basculement plus inquiétant, celui d’une société où nos pensées, nos échanges, jusqu’à nos silences, deviennent monnayables ?
La réponse dépendra de ce que les utilisateurs choisiront de faire de cet espace.
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