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L’AI Slop : textes, images et vidéos générés par l’IA — souvent absurdes ou trompeurs — ne sont que des appâts à interaction. Alors que les plateformes peinent à l’endiguer, ces contenus alimentent la désinformation et dégradent l’expérience en ligne.
Une image de « Jésus la crevette » sur Facebook, une publication dramatique trop parfaite pour être vraie sur Reddit… Ce n’est pas un hasard, c’est de l’AI Slop. Ces flot de textes, images et vidéos de piètre qualité produits par l’IA sont là pour attirer votre attention et maximiser l’engagement.
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AI Slop comme appât à engagement
Le problème naît avec la facilité déconcertante avec laquelle l’AI Slop est créé. Pour seulement 10 €, des acteurs – allant des influenceurs amateurs aux campagnes politiques organisées – génèrent des milliers de vues et de commentaires factices.
En 2023, le Centre d’excellence StratCom de l’OTAN a révélé que ce contenu bon marché pullule sur les plateformes populaires. Par exemple, sur LinkedIn, environ 50 % des longues publications en anglais sont rédigées par l’IA. Sur Facebook, ce sont des images absurdes ou des vidéos émouvantes de chats qui captent l’attention.
Ces publications, taillées pour le clic, servent d’appâts à engagement. Conçues comme de véritables leviers viraux, elles exploitent les algorithmes de recommandation pour maximiser likes, partages et commentaires, souvent au détriment de la qualité.
En jouant sur des émotions fortes – indignation, amusement, empathie – l’AI Slop maximise les interactions et s’impose dans les fils d’actualité. Ce bruit algorithmique noie les messages authentiques et rapporte des profits aux plateformes, qui peinent à le réguler malgré son impact néfaste.
Désinformation et Deepfakes
Les conséquences dépassent largement les images loufoques. L’AI Slop alimente activement la désinformation et les deepfake, en particulier dans les contextes politiques sensibles.
À l’approche des élections américaines de 2024, des chercheurs ont identifié des campagnes d’influence orchestrées par des bots, chargés de promouvoir certains agendas politiques. Ces agents automatisés, responsables d’environ un quart du trafic web en 2024, brouillent les pistes.
Malins, ils se fondent dans la masse en imitant les comportements humains, rendant leur détection difficile. Même des outils comme Botometer peinent à repérer les réseaux de faux comptes, à l’image de ces 1 100 profils X dédiés aux cryptomonnaies passés entre les mailles du filet.
Par ailleurs, ce flux continu d’AI Slop noie les contenus authentiques, accélérant l’en-shittification du web, où les logiques de profit écrasent l’expérience utilisateur.
Les plateformes comme Meta admettent le problème, sans parvenir à le résoudre. Si certaines suppriment les comptes IA après des scandales, leurs algorithmes continuent, en silence, de propulser ce contenu artificiel.
Et les solutions proposées – comme l’étiquetage des publications générées par IA ou la détection renforcée des deepfakes – peinent à convaincre. Balbutiantes, elles arrivent trop tard, trop timidement.
Face à cette vague d’AI Slop, une partie des utilisateurs se replie vers des communautés fermées, où la méfiance règne. La polarisation s’accélère et le web perd encore un peu de son humanité.
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