Le Sommet mondial de l’IA en Afrique, qui s’est ouvert le 3 avril à Kigali, s’est avéré plus intéressant que prévu. L’événement doit cela à une annonce tant attendu : le continent entre enfin dans la course à l’IA.
Cassava Technologies, entreprise fondée par le milliardaire Strive Masiyiwa, vient d’annoncer la création de la toute première usine IA de l’Afrique. La construction est imminente. Le projet se fera en collaboration avec Nvidia.
À partir de juin, l’Afrique du Sud accueillera les premiers supercalculateurs de la marque, avant leur déploiement en Égypte, au Kenya, au Maroc et au Nigéria.
Une IA, par et pour l’Afrique
L’un des principaux obstacles à l’essor de l’IA en Afrique reste le manque de puissance de calcul. Actuellement, seuls 5 % des chercheurs et développeurs africains ont accès aux ressources nécessaires pour faire tourner leurs modèles.
Faute de mieux, ils doivent se tourner vers des solutions cloud coûteuses, hébergées à l’étranger. Ou pire, ils seront obligés de multiplier les heures (voire les jours) d’attente pour exécuter des tâches qui, ailleurs, prendraient quelques minutes.
L’initiative de Cassava Technologies pourrait toutefois changer la donne. En intégrant des GPU Nvidia dans ses centres de données, la startup compte offrir aux startups, chercheurs et entreprises africaines une infrastructure digne des géants de la Silicon Valley.
Désormais, il sera possible d’entraîner des modèles d’IA localement, sans avoir à débourser des sommes astronomiques ou à subir des délais frustrants.
Selon Celina Lee, PDG de Zindi, une communauté de développeurs d’IA en Afrique, cette avancée pourrait démocratiser l’accès aux technologies d’IA. Mieux encore, elle pourrait donner naissance à des solutions adaptées aux réalités locales, notamment dans l’agriculture, la santé et la finance.
Un bon départ
Outre l’accessibilité, cette usine d’IA de l’Afrique pourrait répondre à un autre problème. Lequel ? La sous-représentation de l’Afrique dans les bases de données d’entraînement à l’IA.
Actuellement, de nombreux modèles d’IA peinent à reconnaître les langues africaines et encore moins à traiter les requêtes écrites avec. Pas la même précision que celles des populations majoritaires en Occident, en tout cas.
Alors, grâce à cette nouvelle infrastructure, les chercheurs africains auront enfin les moyens de constituer des ensembles de données qui reflètent réellement la diversité du continent.
Bien sûr, des défis subsistent. L’accès à une électricité stable, par exemple, reste un casse-tête dans plusieurs pays africains. Et même avec des GPU performants, les consommateurs finaux peinent encore à exécuter des modèles d’IA sur des appareils souvent obsolètes.
Mais comme le souligne Alex Tsado, fondateur d’Alliance4AI, cette initiative marque un tournant. Pour la première fois, un acteur africain majeur investit massivement dans l’avenir technologique du continent. Et avec lui, d’autres pourraient suivre.
Alors, à votre avis, leur projet est réalisable ou pas ?
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