« Si l’IA remplace votre travail, c’est qu’il n’était peut-être pas si essentiel », affirme Sam Altman, PDG d’OpenAI.
Cette déclaration surgit lors d’une interview avec Rowan Cheung à la conférence DevDay. Cheung ouvre la discussion sur l’impact disruptif de l’IA, évoquant un milliard d’emplois de travailleurs du savoir en péril. En évoquant l’image d’un fermier d’autrefois, il invite à repenser la valeur réelle de nos métiers face à l’automatisation croissante.
Une analogie historique en guise de réplique
Sam Altman illustre son propos avec l’image d’un fermier d’il y a cinquante ans observant l’arrivée d’Internet. Ce fermier douterait qu’un tel outil puisse créer un milliard d’emplois et jugerait sans doute nos métiers modernes inutiles.
À ses yeux, coder ou analyser des données relèverait d’un jeu futile. Le vrai travail, selon lui, consiste à nourrir les gens et à maintenir la vie. De la même manière, nos emplois actuels paraissent abstraits et l’IA les automatise désormais sans hésitation.
L’avenir révélera de nouveaux rôles, peut-être perçus aujourd’hui comme secondaires. Altman parie sur les pulsions créatives humaines : à chaque révolution technologique, l’humanité invente des activités plus enrichissantes.
Interrogé par Rowan sur la transition à venir pour des millions de travailleurs, Altman évoque la mise en place d’un revenu universel de base (UBI) afin de protéger les plus vulnérables. Des programmes pilotes sont déjà en phase de test.
Selon lui, la reconversion s’impose, mais elle doit cibler ce que les machines ne peuvent reproduire : l’empathie, la créativité et l’innovation humaine. Si l’IA excelle dans les tâches répétitives, l’humain conserve l’avantage dans la création radicale.
Altman reconnaît toutefois un risque de creusement des inégalités, les élites profitant plus vite des outils d’IA. Pour y répondre, OpenAI prône une ouverture partielle du code, des partenariats publics et la diffusion d’outils gratuits afin de garantir un accès équitable à la technologie.
Les zero-person companies, quand l’IA fait tout le travail
Sam Altman évoque un phénomène émergent : les « zero-person companies », des startups où chaque travail est entièrement géré par l’IA. Ces structures ne comptent aucun employé humain. Des agents d’IA y assurent le développement, les ventes et le support client.
Selon Altman, les premiers prototypes fonctionnels reposent déjà sur GPT-4o. D’ici deux ans, près de 10 % des nouvelles entreprises pourraient opérer sans personnel humain. Ce modèle promet une scalabilité quasi illimitée et des coûts de fonctionnement réduits à zéro.
Pour illustrer cette tendance, le PDG cite l’exemple d’une galerie d’art NFT dirigée par une IA, où un simple prompt suffit à lancer toute l’activité. Sur X, plusieurs créateurs expérimentent déjà des boutiques automatisées, gérées par des bots d’e-commerce. Une évolution qui, selon Altman, libère les entrepreneurs des tâches opérationnelles pour leur permettre de se concentrer sur la vision et la stratégie.
Mais cette automatisation totale du travail soulève des questions sociales et juridiques. Les travailleurs traditionnels risquent d’en subir les effets directs. Il reconnaît aussi la nécessité de définir un cadre légal : l’IA peut commettre des erreurs et la responsabilité reste floue.
OpenAI collabore avec la Federal Trade Commission (FTC) pour anticiper ces enjeux. Altman estime que le désordre actuel du secteur accélère paradoxalement l’innovation et pousse les régulateurs à agir plus vite.
L’IA amplifie le génie humain
L’entretien devient vite une vitrine pour les dernières prouesses d’OpenAI. Sam Altman y évoque Sora. La conversation glisse ensuite vers la course à l’AGI, l’intelligence artificielle générale.
Altman reste discret sur les dates, tout en confirmant la direction : plus de puissance de calcul, plus d’intelligence. Les récents progrès du modèle o1 en raisonnement en témoignent.
Altman rejette néanmoins les scénarios apocalyptiques. Il préfère imaginer une IA capable de guérir le cancer ou de résoudre la crise climatique. Des équipes internes, les red teams, testent sans relâche les failles des modèles. Lui-même continue d’étudier chaque texte sur l’alignement pour garder le cap : créer une IA au service du bien commun.
Interrogé sur l’avenir du travail, Altman voit une société post-AGI où les humains conservent un rôle central : connecter, comprendre, créer. L’éducation deviendra continue, centrée sur la métacognition et l’apprentissage avec l’IA. Les artistes multiplieront les idées à une vitesse inédite, les ingénieurs collaboreront avec des modèles toujours plus intuitifs.
L’ennui, selon lui, ne guette que ceux qui refusent d’explorer. L’humanité a toujours cherché de nouveaux défis : elle colonisera Mars, simulera des univers, inventera d’autres métiers. Quant à la question brûlante, l’IA remplacera-t-elle les dirigeants ? Altman répond avec pragmatisme : les PDG guideront la vision, les managers intermédiaires disparaîtront.
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