À quel point peut-il jouer le rôle de Dieu en créant des machines vivantes ? Cette question anime les débats philosophiques depuis de nombreux siècles, mais n’avait jamais eu d’autant d’importance qu’aujourd’hui, à l’heure où la technologie permet de créer des robots dotés de cerveaux biologiques. À travers une étude, un groupe de chercheurs alerte !
L’industrie de la robotique s’est fixé un objectif : créer des robots humanoïdes, aussi proches que possible de l’humain en termes d’apparence, d’intelligence, et de capacités physiques.
Pour parvenir à ce but, certaines entreprises n’hésitent pas à franchir les limites de la morale et à jouer à Dieu en tentant de créer des robots vivants…
Ces machines d’un genre nouveau ne reposent pas uniquement sur des composants électroniques, mais aussi sur des cellules et des tissus vivants, cultivés en laboratoires, afin d’exploiter leurs capacités.
Nous vous présentions récemment la startup FinalSpark et son ordinateur constitué de 16 mini-cerveaux, ou encore la puce MetaBOC permettant aux organoïdes de contrôler un robot.
Auparavant, en 2023, des chercheurs australiens ont créé la puce DishBrain constituée de cellules de cerveau humain, et les scientifiques de l’Université de l’Indiana ont créé le Brainoware.
La bio-robotique explose, mais personne ne réfléchit aux conséquences
Toutefois, alors que cette technologie de biocomputing se développe à vive allure, les préoccupations éthiques qu’elle soulève n’ont pas suffisamment été prises en compte.
À présent, une équipe de chercheurs issus de multiples disciplines a décidé de tirer la sonnette d’alarme.
Même s’ils admettent que cette innovation apporte des bénéfices inédits, ils estiment que ses dangers ne sont pas suffisamment considérés…
Par exemple, sur plus de 1500 publications dédiées à cette technologie, seules cinq ont abordé la question éthique de l’utilisation de tissus vivants dans les machines robotiques !
L’un des auteurs de l’étude, Rafael Mestre de l’Université de Southampton, explique que « les défis dans la supervision de la robotique bio-hybride ne sont pas différents de ceux rencontrés dans la régulation des appareils bio-médicaux, cellules souches et autres technologies bio-médicales ».
Cependant, « contrairement aux technologies purement médicales ou numériques, les robots bio-hybrides mélangent les composants biologiques et synthétiques d’une façon inédite. Ceci présente des avantages uniques, mais aussi des dangers potentiels ».
À quel stade un robot vivant devient-il conscient ?
À la croisée du vivant et du mécanique, cette révolution technologique soulève de nombreuses interrogations. Néanmoins, l’une des principales questions est de savoir à quel stade un tel système peut être considéré comme conscient… et quel statut moral cela lui confère.
Pour Anibal M Astobiza de l’Université du Pays Basque en Espagne, autre auteur de l’étude, « les robots bio-hybrides créent des dilemmes éthiques uniques ».
En effet, « le tissu vivant utilisé dans leur fabrication, leur potentiel de conscience, leur impact environnemental distinct, leur statut moral inhabituel, et leur capacité d’évolution ou d’adaptation biologique créent des dilemmes éthiques uniques qui s’étendent par delà toutes les technologies artificielles ou biologiques ».
L’urgence de la mise en place d’un cadre éthique
Les chercheurs soulignent des débats similaires autour d’autres technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle ou le clonage.
Toutefois, alors que les questions éthiques ont autant d’importance que celles liées à ces innovations, ils constatent que les discussions sont presque inexistantes.
Afin de remédier à ce problème, ils appellent donc à mettre en place des cadres éthiques et des régulations avant qu’il ne soit trop tard…
Si ce sujet vous intéresse, vous pouvez lire l’étude complète (en anglais) dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences en suivant ce lien !
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que les robots vivants sont une piste à suivre, ou vaut-il mieux fixer une limite à l’évolution de l’informatique et de l’IA ? Partagez votre avis en commentaire !
- Partager l'article :