Christie’s met aux enchères des œuvres d’art générées par IA et les artistes crient au scandale. Alors que certains y voient une avancée, d’autres dénoncent un vol massif en accusant l’IA d’exploiter leurs créations sans consentement.
La maison de vente aux enchères Christie’s franchit un cap en organisant sa première exposition exclusivement dédiée à l’art généré par IA. Intitulée « Augmented Intelligence », cette vente se tiendra du 20 février au 5 mars 2025 au Rockefeller Center de New York. Parmi les artistes représentés, on retrouve Refik Anadol et le regretté Harold Cohen. Les prix estimés varient entre 10 000 et 250 000 dollars, ce qui témoigne de l’intérêt grandissant pour ce type d’œuvres.
Une levée de boucliers contre l’art généré par IA
Cependant, cette initiative ne fait pas l’unanimité. Plus de 3 000 artistes ont signé une lettre ouverte demandant l’annulation de la vente. Selon eux, de nombreuses œuvres générées par IA reposent sur des modèles entraînés à partir de créations d’artistes humains, généralement sans leur consentement. Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme un « vol massif » et une menace pour leur profession.
Les réseaux sociaux amplifient cette opposition. De nombreux internautes accusent Christie’s de promouvoir un art dénué d’authenticité. Ils estiment que cette mise en avant légitime l’exploitation de bases de données alimentées par des œuvres protégées.
Face aux critiques, Christie’s défend sa démarche. Un porte-parole affirme que les artistes sélectionnés possèdent une pratique artistique solide et reconnue. Il précise également que l’IA ne remplace pas leur créativité, mais l’enrichit.
D’après la maison de ventes, la majorité des œuvres de l’exposition ont été créées avec des modèles d’IA entraînés sur les propres données des artistes. Cette approche leur permettrait d’explorer de nouvelles formes d’expression, tout en conservant une certaine maîtrise sur leur production.

Un débat qui ne date pas d’hier
Ce n’est pas la première fois que Christie’s se tourne vers l’art numérique. En 2018, la maison avait vendu « Portrait d’Edmond de Belamy », une œuvre générée par IA, pour 432 500 dollars. À l’époque, cette vente avait déjà soulevé des questions sur la place des algorithmes dans la création artistique et les enjeux de propriété intellectuelle.
Depuis, la polémique s’est amplifiée. De plus en plus d’artistes s’inquiètent de la facilité avec laquelle les intelligences artificielles reproduisent des styles existants. Certains dénoncent une concurrence déloyale, tandis que d’autres reconnaissent le potentiel créatif de ces technologies.
Un enjeu artistique et juridique majeur
Cette vente met en lumière des défis éthiques et légaux. Les artistes réclament une meilleure régulation et des protections renforcées face aux outils d’IA qui utilisent leurs œuvres sans permission. De leur côté, les défenseurs de cette technologie voient en elle une nouvelle forme d’art, capable de repousser les limites de la créativité humaine.
Alors que l’IA continue de se développer, le monde de l’art doit s’adapter. Il devient essentiel de trouver un équilibre entre innovation et respect des créateurs. L’exposition « Augmented Intelligence » pourrait marquer un tournant dans cette réflexion, en posant les bases d’une coexistence entre art humain et art algorithmique.
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