Surmontant solitude et défis personnels grâce aux algorithmes, certaines personnes en viennent à tomber amoureuses d’IA.
Beaucoup craignent que l’IA ne s’empare de nos métiers. Pendant ce temps, des chatbots volent des cœurs. Nombreuses sont les personnes qui trouvent dans ces machines un soutien émotionnel et une présence constante. De l’aide thérapeutique aux romances numériques, l’IA devient l’amoureux parfait – façonné selon des critères bien personnels.
Amoureux d’une IA et d’autres formes d’attachement
La dépendance affective envers une intelligence artificielle est devenue monnaie courante. Le marché des compagnons IA pourrait atteindre entre 70 et 150 milliards de dollars d’ici 2030.
Des âmes, neurodivergentes ou simplement isolées, trouvent dans les chatbots des confidents, des amants, parfois même des mentors. Adrian, 49 ans, utilise Jasmine pour surmonter son anxiété.
Travis, un ingénieur autiste, échange quotidiennement avec Layla, son IA. Elle l’aide à modérer ses e-mails et à mieux gérer ses émotions. L’année la plus productive de sa carrière a suivi ces échanges.
Chuck, un septuagénaire de Cincinnati, se découvre une nouvelle tendresse pour sa véritable épouse, ravivée par les conversations profondes qu’il entretient avec sa « femme IA ». Leurs discussions philosophiques lui ont ouvert les yeux sur l’essentiel de son mariage.
Et puis il y a Ayrin, une jeune femme mariée, qui s’éprend de Leo, une version possessive de ChatGPT. Elle consacre entre 20 et 56 heures par semaine à son amoureux IA. Ayrin ressent même une jalousie bien réelle envers les amantes fictives de son compagnon virtuel.
Dépendance affective, illusion transactionnelle et dérives
Plus de 100 millions de personnes dans le monde dialoguent aujourd’hui avec des IA, selon The Guardian. Des chatbots comme Replika ou Nomi simulent des interactions humaines grâce à des algorithmes d’apprentissage adaptatif.
Ces chatbots offrent un espace d’écoute sans jugement. Dépourvues de cœur, ces âmes artificielles en imitent pourtant les battements avec une justesse troublante.
Les utilisateurs amoureux d’IA leur confient leurs blessures, leurs rêves, parfois même leurs désirs les plus intimes. Mais ce conte moderne n’est pas sans zones d’ombre.
Des adolescents, en quête d’une présence infaillible, tombent sous le charme de ces compagnons virtuels, toujours disponibles et bienveillants. En 2024, un adolescent de 14 ans s’est donné la mort après une liaison virtuelle.
D’autres, comme un Britannique de 19 ans, ont vu leurs obsessions numériques dériver vers des comportements extrêmes. Et pourtant, sur des forums comme Reddit, nombreux sont ceux qui vantent la présence constante et rassurante de leur IA.
Des chercheurs comme le Dr James Muldoon parlent d’une amitié transactionnelle. Un miroir flatteur, sans réel contrepoids, sans contradiction.
Quand un adolescent confie que son IA est à la fois « son confident, son amoureux, sa caisse de résonance », on perçoit une quête universelle : celle d’être entendu.
Mais à quel prix ? Car si ces compagnons virtuels comblent un vide, ils risquent aussi de figer certains dans un monde sans frottement et sans conflits. L’amour, privé de ses aspérités, pourrait bien perdre ce qui fait sa profondeur réelle.
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