Le mythique The Wizard of Oz vient de subir un relooking inattendu. Google Cloud et DeepMind ont utilisé l’IA pour retravailler plus de 90 % du film original, selon Ravi Rajamani, directeur de l’ingénierie en IA générative chez Google.
L’objectif de cette refonte est d’augmenter la résolution et “outpainter” les décors. En clair, ils veulent étendre artificiellement les arrière-plans qui n’existaient pas.
Le nouveau Oz a été présenté au sein du spectaculaire dôme Sphere de Las Vegas. Il ne s’agit plus d’un film traditionnel. Thomas Kurian, PDG de Google Cloud, parle désormais d’“expérience” plutôt que de projection. La prouesse est indéniable avec des effets secondaires et un pipeline de production algorithmique. Mais une question persiste : pourquoi vouloir toucher à une œuvre qui a déjà tout dit ?
Certains souvenirs méritent de rester tels qu’ils sont
The Wizard of Oz n’est pas un simple film, c’est un souvenir partagé, une émotion collective. Le passage du Kansas sépia à la féerie technicolor, la voix vibrante de Judy Garland sur Over the Rainbow, les décors peints à la main… tout cela respire l’humanité et l’authenticité. Certes, il y a peut-être des imperfections, mais c’est pleines d’âmes. “C’est comme ajouter des nénuphars générés par IA à un tableau de Monet,” ironise le texte. L’analogie parle d’elle-même.
L’IA peut sauver des vies, écrire des symphonies ou même détecter des maladies, y a aucun débat là-dessus. Mais quand elle s’invite dans les récits les plus emblématiques pour les “moderniser”, c’est une autre histoire. Doit-on accepter que tous les chefs-d’œuvre deviennent des chantiers éternels, reprogrammés selon les caprices algorithmiques du moment ?
Quand l’IA s’empare de nos chefs-d’œuvre, que devient l’émotion d’origine ?
Ce sont les costumes, les marionnettes et les limites techniques de 1939 qui rendent The Wizard of Ozsi touchant. Ces détails ne méritent pas d’être gommés, ils incarnent l’authenticité de l’œuvre. Derrière le rideau numérique, il y avait autrefois de vrais créateurs.
Aujourd’hui c’est Oz, demain ce sera Casablanca avec des répliques réécrites, puis Citizen Kane retouché pour “susciter plus d’émotion à la seconde”. On glisse doucement vers un monde où plus rien n’est jamais vraiment fin. Les œuvres tournent en boucle, réajustées sans fin par des machines qui ne les ont jamais aimées. Il ne s’agit pas de rejeter toute restauration ou adaptation.

Toutefois, l’embellissement ne doit pas devenir une réinvention totale. “Parfois, la magie est déjà là, inutile de la repeindre”, conclut l’auteur. Il serait peut-être temps de se souvenir que certains trésors valent justement parce qu’ils sont restés intacts.
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