Depuis des années, le marché de l’IA était dominé par une évidence : les plus riches et les mieux équipés finiraient par l’emporter. OpenAI, Google et Microsoft avaient parié sur des infrastructures colossales et des investissements pharaoniques.
La Silicon Valley se croyait invincible. Et voilà que DeepSeek, une startup chinoise âgée d’à peine un an, débarque. Avec son modèle R1, accessible et peu gourmand en ressources, elle chamboule l’ordre établi.
DeepSeek sème la panique
DeepSeek a réussi ce que beaucoup auraient jugé impossible. Celui de développer un modèle d’IA comparable aux offres des titans de la Silicon Valley tout en dépensant une fraction du budget.
Avec seulement 6 millions de dollars investis, R1 opère avec des puces moins sophistiquées et nécessite beaucoup moins de puissance de calcul que ses homologues américains.
Les géants américains, eux, se reposent sur la puissance brute et le luxe de centres de données colossaux. DeepSeek, de son côté, a misé sur une architecture optimisée et une gestion raisonnée des ressources.
Et son modèle R1 montre clairement qu’une approche plus agile et efficiente peut produire des résultats comparables, voire supérieurs, sans pour autant vider les poches.
L’écho de cette révolution n’a pas tardé à atteindre les bureaux feutrés de la Silicon Valley. Sam Altman, PDG d’OpenAI, n’a pas mâché ses mots en qualifiant R1 d’« impressionnant ».
En réponse, OpenAI a annoncé la sortie imminente d’un nouveau modèle. Baptisé o3, il devrait apporter une avancée majeure dans la technologie de l’IA.
Kevin Weil, directeur des produits, a lui aussi souligné l’urgence de progresser rapidement dans un secteur de plus en plus compétitif. « C’est un secteur extrêmement compétitif, n’est-ce pas ? Et cela montre qu’il est compétitif à l’échelle mondiale, pas seulement aux États-Unis » […]
« Nous sommes déterminés à progresser très rapidement. Nous voulons garder une longueur d’avance. »
Microsoft, principal investisseur d’OpenAI, se penche même sur la possibilité que DeepSeek ait formé son modèle à partir de données provenant d’OpenAI. Que c’est ce qui pourrait expliquer en partie sa performance.

Visiblement, ils sont sous pression. Cela dit, Zack Kass, consultant en IA et ancien responsable de la mise sur le marché d’OpenAI, lui, reste positif.
« On est un peu secoués, car on pensait détenir la suprématie mondiale en IA. Mais en réalité, on devrait être ravis » […] « Cela prouve que la révolution de l’IA est en marche, qu’elle se démocratise et qu’elle bénéficiera à tous. »
La stratégie des américains est à revoir, ça va sans dire
Ce qu’il faut noter c’est que les réactions ne se sont pas limitées aux déclarations officielles. Wall Street, toujours attentif aux moindres secousses dans le secteur technologique, s’interroge déjà sur la viabilité du modèle économique basé sur des investissements colossaux dans des centres de données.
Si DeepSeek parvient à offrir une technologie de pointe pour une fraction du coût, pourquoi continuer à dépenser des milliards pour des infrastructures énergivores ? Cette interrogation est d’autant plus pertinente dans un contexte où la disponibilité limitée d’électricité et la conscience environnementale poussent les entreprises à chercher des solutions plus durables.
Après des annonces retentissantes – comme l’investissement de 500 millions de dollars annoncé par OpenAI, Oracle et SoftBank dans l’infrastructure IA aux États-Unis, ou encore les projets colossaux de Microsoft et Meta – l’accent pourrait désormais être mis sur la rationalisation des coûts et l’amélioration de l’efficacité des systèmes.
Gil Luria, responsable de la recherche technologique chez DA Davidson, s’est d’ailleurs exprimé sur le sujet. « Tous ces autres laboratoires de modélisation de pointe – OpenAI, Anthropic, Google – vont créer des modèles beaucoup plus efficaces en s’appuyant sur ce qu’ils ont appris de DeepSeek »
« Ce projet de construction de centres de données d’IA dont nous parlons depuis quelques années ? Ils n’ont plus besoin de le faire. Ils peuvent en construire beaucoup moins car ils peuvent fournir beaucoup plus de services à un prix bien inférieur. »
Si les géants de la tech baissent les coûts des centres de données pour entraîner leurs modèles d’IA et répercutent cette réduction sur les tarifs clients, l’utilisation de leurs outils augmentera.
Reste à voir jusqu’où cette réduction des dépenses en infrastructures pourra aller.
Une IA open source : une évidence ?
En général, les entreprises gardent sous clé leur modèle hyper performant car elles veulent préserver leur avance technologique. Mais DeepSeek n’en fait pas partie puisque comme vous le savez, R1 est accessible à tous.
Ainsi, certains dirigeants de la tech voient DeepSeek non pas comme une menace, mais comme une confirmation de la pertinence de leur approche.
Les partisans de l’IA open source pensent que les modèles d’IA devraient être accessibles à tous, plutôt que vendus ou gardés secrets par quelques grandes entreprises.
Selon eux, l’exemple de DeepSeek montre que les startups américaines auraient tout intérêt à partager leurs découvertes au lieu de les garder pour elles. Cela leur permettrait d’innover plus rapidement et de conserver leur position de leader mondial dans le domaine de la technologie.
« Les États-Unis possèdent déjà les meilleurs modèles fermés au monde. Pour rester compétitifs, nous devons aussi encourager un écosystème open source dynamique », a écrit Eric Schmidt, ancien PDG de Google.
Meta, qui défend l’IA open source avec son modèle Llama, estime que cette approche est en train de transformer l’industrie. Il a même évoqué que cela permettra à tout le monde de profiter plus rapidement des avancées de l’IA.
Mais personnellement, sur ce contexte je crois que chacun a sa vision des choses. Et après, si une société “garde sous clé” ou “ouvre” son IA, c’est qu’elle a une bonne raison. Vous êtes d’accord avec moi ?
Partagez-nous ce que vous pensez de DeepSeek et de la situation de la Sillicon Valley dans le commentaire !
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