Deuil virtuel : faut-il ressusciter nos défunts sous forme d’avatars ?

Le développement de la réalité virtuelle et de l’intelligence artificielle ouvre la voie à de nouvelles possibilités, comme la recréation numérique d’êtres chers décédés. Cependant, cette « tech du deuil » naissante soulève d’importants questionnements éthiques.

Les progrès fulgurants des technologies de réalité virtuelle et d’intelligence artificielle ouvrent la voie à des expériences autrefois inimaginables. Recréer numériquement des êtres chers décédés devient possible, ce qui peut avoir pour conséquence d’estomper les frontières traditionnelles entre la vie et la mort. Si cette perspective peut sembler fascinante, elle soulève également des interrogations philosophiques et éthiques fondamentales sur notre rapport au réel.

Une industrie du « deuil technologique » en plein essor

Aux États-Unis, des entreprises comme HereafterAI ont flairé le potentiel économique de cette nouvelle demande. Elles proposent de générer des avatars virtuels de défunts, recréant leur personnalité à partir d’entretiens filmés. Un processus de pointe, mais extrêmement coûteux, puisque ces « Dadbots » peuvent atteindre 50 000 dollars. En Chine, le marché s’est déjà démocratisé, avec des répliques numériques interactives de proches disparus accessibles à quelques centaines de dollars seulement.

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Selon le Dr Jennifer O’Meara, spécialiste en études cinématographiques à Trinity College Dublin, ces nouvelles technologies posent question. Elle s’inquiète de voir recréer artificiellement des moments chargés d’émotions, comme une scène de pique-nique ou un gâteau d’anniversaire partagé avec un défunt. « Juste parce qu’on peut le faire ne signifie pas qu’on le devrait », prévient-elle, dénonçant ces « effets mélodramatiques » manipulateurs.

Au-delà du simple deuil virtuel, ces technologies ébranlent notre perception du vrai et du faux. Certains utilisateurs font preuve d’une inquiétante indifférence quant à l’authenticité factuelle des expériences virtuelles, pourvu qu’elles soient distrayantes. Ce phénomène de « vérité agnostique » laisse présager, selon la chercheuse, une relativisation de la valeur de la réalité.

L’impératif d’une littératie numérique critique

Face à ces défis vertigineux posés par le numérique, la maîtrise d’une véritable littératie dans les médias apparaît désormais incontournable, selon le Dr O’Meara. Tout comme le public a dû apprendre les codes cinématographiques, il devra désormais se former aux signaux de manipulation et de tromperie inhérents aux réalités virtuelles et aux intelligences artificielles. Seul un regard aiguisé et une compréhension fine de ces nouveaux langages permettront de démêler le vrai du faux.

Ces technologies soulèvent en définitive de profondes questions sur les limites à ne pas franchir. Faut-il tout virtualiser, du deuil aux relations humaines ? Quelle part de notre réalité sommes-nous prêts à déléguer à l’IA ? La tentation de l’illusion numérique réconfortante est grande, mais celle-ci ne doit pas nous faire perdre le sens de ce qui fait l’essence même de notre humanité.

L’Histoire nous enseigne que toute révolution apporte avec elle son lot de remises en cause fondamentales. Distinguer le réel de la chimère virtuelle sera l’un des défis majeurs de cette nouvelle ère numérique.

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