Chez Duolingo, l’automatisation devient la norme. La célèbre application de langues n’hésite plus à remplacer l’humain. Le message est clair : Duolingo ne fera plus appel à des prestataires pour des tâches réalisables par l’IA.
C’est Luis von Ahn, PDG de la plateforme, qui l’a annoncé dans un courriel interne rendu public cette semaine. « Nous cesserons progressivement de faire appel à eux », écrit-il. Cette décision, qualifiée de « meilleure récemment prise », repose sur une logique d’efficacité. Produire des exercices pour les millions d’apprenants de l’application demande une grande capacité d’adaptation et de volume.
Luis von Ahn explique qu’un processus manuel ne permet pas de suivre la cadence imposée par les besoins croissants. « Sans l’IA, il nous faudrait des décennies pour adapter notre contenu », affirme-t-il. En remplaçant une grande partie des créateurs par des modèles génératifs, l’entreprise espère alimenter plus rapidement son catalogue d’exercices multilingues. La vitesse d’exécution devient un atout central dans cette stratégie d’automatisation poussée.
Une attente forte envers les salariés restants
Le PDG ne cache pas ses intentions envers les collaborateurs toujours en poste : leur usage de l’IA sera observé. Il souhaite qu’ils utilisent les outils disponibles pour se recentrer sur des missions dites « créatives » ou « complexes ». Pour cela, l’entreprise prévoit de former ses équipes et de renforcer leur accès à des outils performants. L’objectif reste d’éliminer les tâches répétitives sans perdre en qualité d’apprentissage.
La transformation de Duolingo dépasse la simple réorganisation interne. Désormais, aucune embauche ne sera autorisée tant que l’automatisation d’un poste n’aura pas été envisagée sérieusement. Ce changement de paradigme impose un nouveau standard dans les critères de recrutement. Les candidats devront démontrer leur capacité à tirer profit de l’IA, autant que leurs compétences linguistiques ou pédagogiques.
Une tendance qui se généralise dans la tech
D’autres entreprises suivent déjà l’exemple de Duolingo en matière d’IA. Tobi Lütke, PDG de Shopify, a récemment exprimé une vision similaire. À ses yeux, les équipes doivent vérifier d’abord avant de combler un poste : « Prouvez que l’IA ne peut pas faire le job », a-t-il demandé à ses managers. Cette exigence dessine un futur professionnel où l’IA devient une étape incontournable du processus de travail.
Avec ces décisions, l’idée même de ce que signifie « travailler » est en mutation rapide. La frontière entre automatisation utile et déshumanisation reste ténue, surtout dans des domaines à forte composante créative ou pédagogique. Chez Duolingo, comme ailleurs, cette dynamique risque d’influencer l’ensemble du secteur de la formation numérique dans les mois à venir.
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