Démocratie augmentée : quand l’IA écoute les vraies priorités

Démocratie augmentée : quand l’IA écoute les vraies priorités

Et si l’IA devenait l’outil préféré des maires pour entendre les citoyens ? À Bowling Green, petite ville du Kentucky, les élus ont tenté l’expérience. Et les résultats surprennent autant qu’ils interrogent.

Avec une population en plein essor et un doublement prévu d’ici 2050, Bowling Green cherchait un cap. Doug Gorman, fraîchement élu en 2023, a donc choisi de miser sur une démocratie plus directe pour capter les envies de ses administrés. Avec l’aide du consultant Sam Ford, il a lancé une plateforme participative propulsée par l’outil Pol.is, combinée à l’IA de Jigsaw.

Les habitants pouvaient y proposer des idées en moins de 140 caractères. Ils pouvaient aussi voter sur les suggestions des autres, traduites automatiquement si besoin. Résultat : près de 8 000 participants en un mois et 2 000 idées analysées grâce à l’intelligence artificielle.

Des idées locales et des débats enflammés

Loin des grandes ambitions nationales, les propositions les plus plébiscitées sont résolument locales. Les habitants veulent davantage de médecins, moins de trajets jusqu’à Nashville, des commerces dans les quartiers oubliés et la sauvegarde des bâtiments anciens.

Mais toutes les propositions n’ont pas fait consensus. L’approbation du cannabis récréatif ou encore l’intégration de l’orientation sexuelle dans les clauses anti-discrimination ont divisé. Au total, 2 370 idées ont obtenu plus de 80 % de soutien. Parmi elles, l’amélioration de la gestion des eaux pluviales ou encore des actions ciblées pour les enfants autistes.

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Les chercheurs saluent le taux de participation : environ 10 % de la population, ce qui reste rare pour un dispositif participatif en ligne. « C’est beaucoup », commente Archon Fung de la Harvard Kennedy School. Il rappelle qu’un tel taux est d’autant plus impressionnant que l’exercice demande un effort réel de réflexion.

Mais d’autres voix alertent. James Fishkin, politologue à Stanford, pointe le biais de l’auto-sélection. En d’autres termes, ceux qui participent ne sont pas toujours représentatifs de la population. Les personnes âgées, diplômées ou propriétaires y sont souvent surreprésentées.

Une expérimentation encore loin de transformer la démocratie

Beth Simone Noveck, chercheuse à l’université Northeastern, rappelle qu’il ne suffit pas d’aligner des tweets pour faire de la politique. À ses yeux, la transformation réelle viendra lorsque la ville traduira ces micro-idées en politiques concrètes, avec de vraies discussions publiques.

La plateforme a certes produit des résultats. Mais tant que les habitants ne verront pas d’actions concrètes, l’outil ne sera qu’une promesse. D’ici la fin de l’année, les responsables du projet devront convaincre : une IA peut-elle vraiment servir la démocratie locale ?

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