Google Cloud vient d’annoncer le recrutement d’Andrew Moore au poste de directeur de l’intelligence artificielle. Une nouvelle qui n’est pas du goût de tous les employés, à cause de ses implications passées dans l’utilisation de l’intelligence artificielle par l’armée américaine.
D’ici la fin de l’année 2018, Andrew Moore remplacera Fei-Fei Li, qui retourne enseigne à Stanford, au poste de directeur de l’intelligence artificielle chez Google Cloud. La nouvelle a été confirmée en début de semaine par Diane Greene, la directrice de Google Cloud.
Doyen de l’école d’informatique de la Carnegie Mellon University, Andrew Moore a déjà travaillé pour Google par le passé. Cependant, lors de l’annonce, Diane Greene a fait l’impasse totale sur le passé trouble de l’intéressé.
Il faut savoir que Andrew Moore est co-président d’un groupe de travail d’intelligence artificielle créé par le Center for a New American Security (CNAS), étroitement lié avec l’armée américaine. L’autre co-président de ce groupe est d’ailleurs Robert Work, ancien député secrétaire à la défense considéré comme » l’une des forces motrices derrière la création du Project Maven » selon le New York Times.
Pour rappel, le Project Maven est une initiative lancée par l’armée américaine pour analyser des données telles que les images capturées par des drones à l’aide de l’intelligence artificielle. Plus tôt en 2018, l’implication de Google dans le Project Maven a bien failli provoquer une mutinerie au sein de l’entreprise.
Google Cloud risque de raviver la controverse liée au Project Maven
Des milliers d’employés ont signé une pétition pour demander à Google de se retirer du projet. Certains ont refusé de travailler sur ce projet, d’autres ont fourni des documents confidentiels à la presse. Une dizaine d’employés ont choisi de démissionner pour protester.
En réaction, le CEO de Google, Sundar Pichai, a promis que Google ne travaillerait jamais sur des armes améliorées par l’IA. Il a d’ailleurs rédigé une liste de sept principes éthiques en guise de ligne de conduite de l’entreprise pour l’intelligence artificielle.
Malheureusement, le recrutement d’Andrew Moore semble en contradiction avec les promesses de Sundar Pichai. Par exemple, en 2017, lors d’un discours à la conférence Artificial Intelligence and Global Security, Moore affirmait qu’il serait » techniquement possible » de » surveiller le monde entier à l’aide de drones autonomes « (tout en précisant que ce n’est pas nécessairement sa volonté).
Au cours de ce discours, il a également mentionné la possibilité d’incorporer des assistants virtuels comme Google Assistant ou Amazon Alexa dans les applications militaires pour assister les soldats. De même, en 2017, Moore a contribué à l’élaboration d’un rapport sur l’utilisation d’armes autonomes par l’US Navy.
Autant dire que l’arrivée d’Andrew Moore au poste de directeur de l’IA risque de raviver la controverse suscitée chez Google par le Project Maven. Selon un ancien employé de la firme de Mountain View, » ce recrutement est comme un coup de poing dans le visage des 4000 employés qui ont signé la pétition contre le Project Maven « .
Il convient cependant de préciser qu’Andrew Moore a également reconnu les dangers des armes à intelligence artificielle. Selon lui, l’IA représente à la fois » une bonne chose est une menace « . Il estime qu’il est nécessaire de manipuler cette technologie nouvelle avec précaution et de » s’assurer que les armes dotées d’IA travaillent avec les humains pour leur donner plus de pouvoir, et non pour les remplacer « .
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