Actuellement, au vu des circonstances entre l’Iran et Israël, de nombreux analystes redoutent un basculement vers un conflit mondial de grande ampleur. Cela a poussé un ancien professeur de Harvard à mettre l’IA au service de la paix.
À l’occasion de l’AI+ Expo organisée à Washington, Arvid Bella a présenté un concept inédit baptisé « peace tech ». Il s’agit d’une technologie de l’IA conçue pour anticiper – et potentiellement éviter – les guerres.
L’outil, nommé North Star, a été développé en collaboration avec le physicien Ferenc Dalnoki-Veress, lauréat du prix Nobel. « Je veux simuler ce qui détruit le monde. Pas le détruire », a-t-il affirmé. Difficile de ne pas être captivée.
L’IA, une arme ultime pour préserver la paix
Le fonctionnement de North Star repose sur la modélisation comportementale. En gros, le logiciel crée des répliques numériques de dirigeants mondiaux et analyse leurs réactions dans des situations de crise. Sanctions économiques, interventions militaires, pressions diplomatiques…
L’objectif est de simuler différentes trajectoires d’événements pour en prévoir les conséquences. Et ainsi guider les décisions politiques de manière proactive. L’équipe d’Anadyr Horizon a déjà mis cette technologie à l’épreuve.
En 2022, North Star a permis de modéliser l’impact potentiel d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine. Résultat : une probabilité de 60 % d’escalade militaire de la part de la Russie.
Le logiciel a même produit un faux rapport crédible, présenté comme émanant du renseignement russe (SVR). Ce dernier décrit des frappes de précision contre des infrastructures militaires ukrainiennes.
Certes, cette approche n’a pas l’air très sérieuse. Toutefois, Bell estime que North Star aurait pu changer le cours de l’Histoire. Il cite notamment la crise des missiles de Cuba.
Selon lui, si l’outil avait existé en 1962, il aurait permis à John F. Kennedy de disposer de plusieurs mois de simulations pour éviter un affrontement nucléaire. Ce, au lieu des treize jours sous pression qui ont marqué cette période critique.
Les avis sur North Star
Au-delà de son potentiel diplomatique, North Star suscite l’intérêt croissant des milieux économiques. Les investisseurs voient dans les technologies de la paix une nouvelle frontière prometteuse.
Brian Abrams, fondateur de B Ventures et soutien actif d’Anadyr Horizon, compare leur émergence à celle des technologies climatiques il y a dix ans. Un secteur aujourd’hui estimé à plus de 50 milliards de dollars d’investissements annuels.
La jeune pousse mise également sur des applications dans le monde de l’entreprise. De grandes sociétés utilisent déjà le logiciel pour évaluer les impacts de troubles politiques sur leurs opérations, anticiper les risques et ajuster leur stratégie des mois à l’avance.
Pour Anadyr, la paix n’est pas seulement une cause humaniste : c’est aussi un levier économique. Cependant, il est évident que cette vision optimiste ne fait pas l’unanimité.
Certains observateurs pointent du doigt le manque de transparence de l’outil. S’ajoutent à cela ses liens financiers avec des acteurs du secteur de la défense. D’autres s’inquiètent de la tentation pour les décideurs de s’en remettre trop vite aux prédictions d’un algorithme, au risque d’agir sans discernement.
Reste à savoir simuler les guerres peut réellement empêcher l’irréparable. Vous, qu’est-ce que vous en dites ?
A vous la parole dans le commentaire !
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