Depuis le 20 février, les travailleurs fédéraux américains vivent une période de grande incertitude. À la demande de Donald Trump, Elon Musk a été chargé de réduire l‘effectif des fonctionnaires.
Au début, son approche était d’évaluer l’utilité de millions de fonctionnaires fédéraux. Pour ce faire, il exige de ces derniers qu’ils justifient leur travail par e-mail, sous peine d’être considérés comme démissionnaires.
À l’heure actuelle c’est encore pire car l’IA est entrée en scène, elle aussi. Le moins qu’on puisse dire c’est que la situation s’envenime.
Retour au 20 février
En gros, les employés fédéraux reçoivent un e-mail de l’OPM, le service des ressources humaines de l’administration fédérale : « Qu’avez-vous fait la semaine dernière ? »
Il leur était demandé de détailler cinq tâches réalisées au cours de la semaine précédente et d’en informer leur supérieur hiérarchique. Seule restriction : ne pas divulguer d’informations confidentielles.
Ce message, envoyé sous l’ordre d’Elon Musk, précise qu’une absence de réponse serait interprétée comme une démission. Face à cette directive brutale, les réactions ne se font pas attendre.
Certains ministères, comme la Défense et le FBI, conseillent à leurs employés de ne pas répondre immédiatement. À l’inverse, le ministère des Finances insiste pour que les réponses soient envoyées avant minuit le 24 février.
Le département du Trésor a expliqué dans un courriel consulté par l’AFP que l’objectif est d’exiger davantage de responsabilité de la part des fonctionnaires, à l’image des pratiques du secteur privé.
Le ministère précise que répondre ne devrait ni être complexe ni chronophage. Il recommande ainsi aux employés de consulter leur supérieur en cas d’incertitude.
La confusion règne. Donald Trump, quant à lui, envenime encore plus la situation en qualifiant le message de Musk de « génial » et en déclarant que ceux qui ne répondront pas seront à moitié virés.
« Si les gens ne répondent pas, ça veut très probablement dire qu’ils n’existent pas ou ne travaillent pas » a-t-il évoqué. L’administration fédérale est sous pression, et de nombreux employés s’inquiètent pour leur avenir.
De son côté, l’AFGE, principal syndicat des fonctionnaires, dénonce une méthode autoritaire et annonce qu’il contestera toute décision de licenciement qu’il jugera illégale.
L’IA au cœur du processus de sélection
Le lundi 24 février, face à la vague de contestations et à l’absence de réponses, Elon Musk a accordé une seconde chance aux fonctionnaires.
Il a reporté le deadline. « A la discrétion du Président, les fonctionnaires ont une nouvelle chance », déclare-t-il sur X.
Il faut noter qu’Elon Musk a été mandaté par le président Donald Trump pour orchestrer une réduction des effectifs fédéraux. Il a supervisé des vagues de licenciements au sein de son Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE).

À la différence des membres du Cabinet ou des dirigeants d’agences indépendantes, la nomination de Musk s’est faite sans l’approbation du Sénat. Ce qui suscite un examen juridique et politique approfondi sur la légitimité de son rôle.
Bref, actuellement, Musk évalue les fonctionnaires encore en poste en leur demandant de répondre à « qu’avez-vous fait la semaine dernière ? ». Son but est de déterminer qui parmi les 2,3 millions méritent de rester.
La nouvelle date limite de réponse n’a pas été communiquée pour le moment. Cependant, sur X, il a bien précisé : « Ne pas répondre une deuxième fois entraînera un licenciement »
Par contre, selon NBC News, les réponses à l’e-mail seront analysées par un système d’IA. L’avenir des fonctionnaires américains ne dépendra donc plus de décisions arbitraires ou de Musk lui-même, mais d’une intelligence artificielle.
« Les informations seront intégrées dans un LLM (Large Language Model), un système d’IA avancé qui analyse d’énormes quantités de données textuelles pour comprendre, générer et traiter le langage humain, ont indiqué les sources. Le système d’IA déterminera si le travail de quelqu’un est essentiel à la mission ou non »
Des répercussions bien au-delà des employés fédéraux
Les licenciements massifs orchestrés par Musk ont déjà commencé à affecter l’économie américaine.
Depuis le début des réductions d’effectifs, plus de 20 000 travailleurs fédéraux ont perdu leur poste. Par ailleurs, 75 000 employés ont reçu des propositions de rachat de contrat pour quitter volontairement leurs fonctions.

Les entreprises sous-traitantes du gouvernement commencent elles aussi à souffrir de cette instabilité. Certaines sont par exemple contraintes de licencier du personnel ou de retarder des paiements.
Le blocage des fonds fédéraux décidé par Donald Trump aggrave encore la situation. L’Agence américaine pour le développement international a dû suspendre de nombreuses aides essentielles, empêchant la distribution de médicaments et de vivres.
Pendant ce temps, les réembauches dans des secteurs cruciaux, comme la surveillance des pandémies ou le contrôle des infrastructures nucléaires, peinent à se mettre en place.
La situation est d’autant plus complexe que même les agences essentielles, comme celles chargées du contrôle des armes nucléaires, sont directement impactées par ces mesures.
Face à l’ampleur du chaos, des figures politiques, y compris au sein du parti républicain, commencent à critiquer les méthodes employées. Le sénateur John Curtis a même appelé Elon Musk à « ajouter une dose de compassion » dans sa gestion des travailleurs fédéraux.
Bref, le gouvernement américain est désormais à un tournant. Les prochains jours seront décisifs pour les millions de fonctionnaires encore en poste.
Et vous, que feriez-vous à la place des fonctionnaires concernés ? Dites-nous tout dans le commentaire !
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