Et si un simple bol de riz pouvait vous aider à prendre soin de votre cœur ? Pour votre information, les chercheurs chinois l’ont construit ce super-riz.
En gros, ils ont mis au point une variété de riz capable de produire principalement de la coenzyme Q10 (CoQ10). Un puissant antioxydant reconnu pour ses effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire.
Aussi appelée ubiquinone, la CoQ10 est naturellement présente dans l’organisme, mais sa concentration tend à diminuer avec l’âge. Les chercheurs ont observé que les personnes atteintes de maladies cardiaques ou sous traitement hypocholestérolémiant affichent souvent des niveaux plus faibles de cette molécule.
Certes, certains aliments comme la viande, le poisson et les noix en contiennent. Cependant, les céréales telles que le riz et le blé produisent surtout un composé proche, la CoQ9, dont les bienfaits pour le cœur sont bien plus limités.
Une nouvelle génération de riz
Selon les chercheurs de l’Académie chinoise des sciences (CAS), améliorer la capacité des cultures à produire de la CoQ10 pourrait avoir un impact positif sur la santé humaine.
Chen Xiaoya, physiologiste végétale au Centre d’excellence en sciences moléculaires des plantes (CEMPS), avec une équipe dirigée par Caixia Gao, spécialiste en biotechnologie végétale à l’Institut de génétique et de biologie du développement de la CAS, a ainsi mené leur étude.
Ils ont entrepris de modifier la composition génétique du riz afin de privilégier la production de CoQ10 au détriment de la CoQ9. Pour y parvenir, ces chercheurs ont étudié 134 échantillons issus de 67 familles végétales.
Ils ont découvert que certaines plantes, comme l’avocat ou la cannelle, conservaient naturellement des niveaux élevés de CoQ10. Et que les cultures modernes comme le riz, le blé et le concombre avaient évolué vers la production majoritaire de CoQ9.
En identifiant les acides aminés responsables de cette différence, l’équipe a appliqué une technique d’édition génétique de précision appelée édition principale. Cela permet d’apporter des modifications ciblées à l’ADN sans insérer de gènes étrangers.
Résultat: ils ont réussi à obtenir un riz contenant 75 % de CoQ10 dans ses feuilles et ses grains, soit environ cinq microgrammes par gramme. Et bonne nouvelle, cette modification n’a eu aucun effet négatif sur le rendement des cultures.
Les chercheurs ont également confirmé que ce riz modifié n’était pas transgénique et ne présentait aucune altération génétique indésirable.
Cela dit, Xu Jingjing, co-auteur principal de l’étude, a précisé que si la teneur en CoQ10 de ce riz est comparable à celle de certains aliments végétaux comme la tomate. Toutefois, elle demeure inférieure à celle de la viande et du poisson.
« Nos prochaines recherches viseront à augmenter encore cette concentration en ciblant d’autres gènes clés », a-t-il ajouté.
Cette étude a été publiée le 13 février dans Cell.
Les scientifiques réinventent les aliments de base

En moyenne, l’alimentation humaine fournit entre 3 et 6 milligrammes de CoQ10 par jour. Pourtant, certaines études estiment que l’apport idéal se situerait plutôt autour de 500 milligrammes. Un écart considérable qui pourrait avoir des répercussions sur la santé, notamment cardiovasculaire.
Mais puisque le riz, le blé et le maïs constituent plus de la moitié des calories consommées dans le monde, enrichir ces cultures en CoQ10 pourrait aider à combler ce déficit. Surtout chez les populations aux besoins nutritionnels accrus.
Dans cette optique, les chercheurs ont déjà commencé à appliquer leur méthode au blé tendre. Ce dernier qui représente à lui seul environ 20 % des apports caloriques mondiaux.
Et d’après l’équipe scientifique, la technique d’édition principale utilisée dans cette recherche pourrait également s’appliquer à d’autres céréales et légumes. Les chercheurs espèrent ainsi offrir une solution accessible et naturelle pour favoriser la santé cardiaque et le bien-être général.
Ces travaux en sont encore à leurs prémices, certes. Mais ils ouvrent la voie à des cultures biofortifiées plus riches en nutriments, capables d’avoir un impact majeur sur la santé publique à l’échelle mondiale.
Bref, nos aliments de base sont en train de changer, et peut-être notre santé avec eux. Reste à savoir si nous serions prêt à l’intégrer à votre quotidien.
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