De ses débuts modestes dans une usine de batteries à sa domination actuelle du marché des véhicules électriques, BYD incarne la révolution verte chinoise.
BYD : D’une manufacture de batteries à un empire industriel
Tout commence en 1995, lorsque Wang Chuanfu, un chimiste chinois aux origines modestes, fonde BYD. À l’origine, l’entreprise fabrique des batteries rechargeables pour téléphones portables. Le nom BYD, qui signifie « Build Your Dreams », est un slogan ambitieux. Parfois jugé pompeux. Surtout en Occident, où il a dû être retiré de certains modèles comme l’Atto 3.
C’est en 2003 que BYD fait son entrée dans l’industrie automobile. L’entreprise rachète Xi’an Qinchuan Automobile, une société en difficulté, afin d’obtenir une licence pour la production de voitures. Un sésame rare à l’époque en Chine.
Les premiers modèles BYD, comme la F3 lancée en 2005, s’inspirent ouvertement de ceux de Toyota et de Honda. Une stratégie de « reverse engineering » qui attire les critiques mais qui permet au constructeur de se faire une place sur le marché chinois.
Un tournant majeur survient en 2008, lorsque Warren Buffet, via Berkshire Hathaway, acquiert 10 % de la société. Cet investissement valide le potentiel de BYD et lui donne les moyens d’accélérer sa R&D. C’est à cette époque qu’elle commence à développer sa fameuse batterie Blade, une technologie clé qui deviendra l’un de ses atouts majeurs.
La création de trois marques premium – Yangwang pour le luxe, Denza pour l’innovation et Fangchengbao pour les véhicules tout-terrain – illustre par ailleurs la volonté de BYD de s’implanter sur différents segments du marché haut de gamme.
En 2025, BYD produit 85 % de ses composants en interne, des batteries aux systèmes électroniques. Cette autosuffisance lui permet de réduire ses coûts de façon importante. Et ainsi de proposer des véhicules compétitifs, à l’instar du Dolphin, dont seuls les pneus et les vitres font l’objet de sous-traitance.
L’innovation technologique comme pierre angulaire du développement
« Refroidir la terre de 1°C » : telle est l’autre grande ambition de BYD. Un autre slogan ? Apparemment pas. BYD affirme avoir évité 10,7 milliards de kg d’émissions de CO₂ depuis 2022, soit l’équivalent de la plantation de 896 millions d’arbres. Une promesse qui va bien au-delà des seules voitures électriques. Avec des bus, des camions de nettoyage et même des cargos comme l’Explorer No1, dont le lancement est prévu en 2024.

La batterie Blade, fleuron technologique de BYD, est conçue dès l’origine pour une seconde vie dans le stockage d’énergies renouvelables. En partenariat avec la start-up Itochu, BYD a mis en place un système de collecte et de recyclage des batteries en fin de vie, réduisant ainsi l’empreinte écologique liée aux déchets électroniques.
Cette approche basée sur l’économie circulaire ne se contente pas de prolonger la durée de vie des batteries. Elle s’inscrit dans une démarche plus large de réduction des déchets et d’optimisation des ressources. En recyclant les matériaux critiques comme le lithium et le cobalt, BYD contribue à minimiser l’extraction minière et à préserver les écosystèmes.
Pendant la pandémie de Covid-19, BYD a démontré une agilité exceptionnelle en se transformant, en quelques semaines seulement, en leader mondial de la production de masques sanitaires. Cette réactivité a permis à l’entreprise de répondre à une urgence mondiale tout en consolidant son image d’organisation flexible et socialement responsable.
En produisant plusieurs dizaine de millions de masques par jour à son pic, BYD a non seulement soutenu la lutte contre la crise sanitaire, mais a aussi prouvé sa capacité à s’adapter rapidement aux besoins sociétaux. Cette initiative a renforcé la confiance envers la marque, montrant qu’elle ne se contente pas de parler de responsabilité, mais agit concrètement pour le bien commun.
Déploiement international : une expansion méticuleusement orchestrée
Avec 4,3 millions de véhicules électriques écoulés en 2024, BYD domine le marché chinois et vise désormais l’international. Implanté dans 70 pays et 400 villes, le constructeur a établi des sites de production en Hongrie, au Brésil et en Inde.
Cette stratégie de déploiement mondial permet au constructeur de s’adapter rapidement aux exigences des marchés locaux tout en minimisant ses coûts logistiques.
Son introduction réussie en Australie en 2022 illustre cette stratégie. BYD a fait sensation avec l’Atto 3, un SUV électrique plébiscité malgré des débuts laborieux dus à des problèmes de conformité. Deuxième véhicule électrique le plus vendu du pays derrière Tesla, l’Atto 3 annonce un avenir prometteur pour BYD sur ce marché.
Toujours sur ce marché australien, BYD propose une gamme élargie de modèles comme la Seal, avec une autonomie de 570 km. Ou encore la Sealion 6, un hybride rechargeable qui concurrence directement la Mitsubishi Outlander.
Cette offre diversifiée, associée à une stratégie de prix agressive et à des campagnes marketing ciblées, positionne le constructeur chinois comme un acteur incontournable dans le secteur des véhicules électriques et hybrides.
Les obstacles sur la route de BYD
BYD a connu plusieurs obstacles sur son parcours. En 2003, son prototype 316 a été refusé par les concessionnaires en raison de son design peu convaincant. De plus, ses premiers modèles ont été accusés de plagiat, entachant sa réputation, même si les tribunaux chinois ont finalement innocenté la marque.
Entre 2017 et 2019, BYD a traversé une crise majeure lorsque le gouvernement chinois a réduit les subventions pour les véhicules électriques. Cette période a révélé sa dépendance aux aides publiques et la nécessité de diversifier ses sources de revenus.
Sur le plan international, BYD a dû s’adapter aux attentes des consommateurs occidentaux. Le slogan « Build Your Dreams », qui figurait sur ses véhicules, a été retiré en 2023 à la suite de critiques en Europe et en Australie, où il a été jugé excessif et inapproprié.
Enfin, la concurrence avec Tesla reste un défi de taille. Bien que BYD ait dépassé Tesla en volume de ventes en 2023, Tesla conserve une image plus premium et une avance technologique, notamment dans les logiciels. Par exemple, en Australie, Tesla vend deux fois plus de véhicules que BYD, malgré des prix plus élevés. Pour rester compétitive, BYD doit continuer à innover et à renforcer son image de marque.
L’avenir de BYD : Ambitions écologiques et leadership mondial
Avec l’ambition de devenir le leader mondial, BYD veut accélérer son expansion internationale. En plus d’agrandir sa flotte de navires cargo pour répondre à la demande croissante, le constructeur chinois mise sur l’innovation pour consolider sa position dominante.
Sur le plan technologique, BYD travaille à améliorer l’autonomie de ses batteries et développe des véhicules autonomes. Le concept-car Yangwang U8, capable de fonctionner aussi bien sur terre que dans l’eau, illustre sa volonté d’anticiper les défis climatiques avec des solutions innovantes. Une approche visionnaire qui place BYD en pionnier de la mobilité intelligente et durable.
Parallèlement, BYD diversifie ses activités en investissant dans l’hydrogène vert et le stockage d’énergies renouvelables, en ligne avec sa devise « Refroidir la planète ». Cette stratégie intégrée, qui combine véhicules, batteries et infrastructures, renforce son rôle clé dans la transition énergétique mondiale.
Soutenu par ses 290 000 employés, BYD symbolise l’émergence de la Chine comme superpuissance industrielle. Cependant, son succès de BYD dépendra de plusieurs facteurs : sa capacité à maintenir des prix compétitifs, à innover de manière autonome et à renforcer sa crédibilité écologique auprès des consommateurs occidentaux.

Compétitivité-prix : un avantage à préserver
L’un des principaux atouts de BYD réside dans sa capacité à proposer des véhicules électriques à des prix attractifs. Cette stratégie lui a permis de conquérir des parts de marché importantes, notamment en Asie et en Australie.
Cependant, face à une concurrence mondiale de plus en plus agressive, BYD devra maintenir cet avantage tout en absorbant les coûts liés à l’innovation et à l’expansion. La pression sur les marges pourrait devenir un défi, surtout dans un contexte de fluctuations des prix des matières premières.
Innovation et technologies propriétaires : les piliers de la domination future
Pour rivaliser avec des géants comme Tesla, BYD doit continuer à innover, notamment dans les domaines des batteries, des logiciels et des véhicules autonomes. Bien que le groupe ait déjà fait preuve de créativité avec des concepts comme le Yangwang U8, il doit accélérer le développement de technologies propriétaires pour réduire sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs externes.
Crédibilité écologique : convaincre un public de sceptiques
Malgré ses avancées en matière de durabilité, BYD doit encore gagner la confiance des consommateurs occidentaux, particulièrement exigeants en matière d’engagement écologique. Les marchés européens et nord-américains, très sensibles aux enjeux environnementaux, réclament des preuves concrètes de neutralité carbone et d’une production éthique.
Pour répondre à ces attentes, BYD devra renforcer la visibilité de sa chaîne d’approvisionnement, accélérer ses investissements dans des projets verts et optimiser sa communication autour de ses initiatives durables. Une stratégie claire et transparente sera essentielle pour consolider sa crédibilité écologique et séduire un public de plus en plus conscientisé.
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