En évoquant une implantation en Suisse, Mistral AI relance un débat sensible. Celui de l’attractivité européenne pour les champions de l’intelligence artificielle.
Mistral AI n’a pas annoncé de grands départs, mais le simple mot « Suisse » a mis le feu aux discussions. La startup française, pépite tricolore de l’IA générative en Europe, ouvrira donc des bureaux à Lausanne et Zurich. S’agit-il d’un exil discret ou d’une étape logique dans une stratégie de croissance mondiale ?
L’implantation suisse de Mistral AI encore en construction
Tout est parti d’un post LinkedIn publié par Guillaume Raille, employé de Mistral AI qui annonçait des recrutements en Suisse. L’entreprise cherche notamment des ingénieurs seniors en apprentissage automatique, des applied scientists et des research engineers pour son équipe « Applied AI ». Les postes sont évoqués à Lausanne et Zurich. L’ingénieur se dit même enthousiaste à l’idée de participer à « l’équipe fondatrice de Mistral en Suisse ».
L’argument mis en avant est que « la région regorge de talents très qualifiés, souvent formés dans des institutions de premier plan, mais les opportunités locales restent limitées ». Ainsi, beaucoup de profils cherchent à s’expatrier. Pour Mistral AI, s’implanter sur place permettrait donc de capter ce vivier directement. À ce stade, toutefois, ils n’ont communiqué aucune date officielle ni feuille de route précise. C’est donc encore une expansion en préparation, pas un déménagement acté.
💬 À propos du départ de Mistral, le géant français de l’IA, vers la Suisse, @sbastien_martin assure que l’État agit : « Quand on maintient le Crédit d’impôt recherche, ça participe à maintenir des entreprise innovante en France ».
— RTL France (@RTLFrance) December 14, 2025
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Exil fiscal ou simple stratégie de croissance ?
Malgré cela, certains médias ont rapidement évoqué un possible départ de la France. Dans un extrait diffusé par RTL mi-décembre, la question est posée frontalement. Interrogé, le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, a rappelé l’importance du crédit d’impôt recherche (CIR). C’est un levier clé pour les entreprises très orientées R&D comme Mistral AI. Ce dispositif permet justement à des sociétés françaises d’ouvrir des bureaux à l’étranger sans pour autant quitter l’Hexagone.
Si la Suisse attire autant, c’est que le pays combine un écosystème IA très mature, une forte densité de talents, une grande stabilité politique et des règles fiscales plus souples. Zurich et Lausanne accueillent déjà des acteurs majeurs. OpenAI y a installé un hub de recherche stratégique, Anthropic y mène aussi des travaux, pendant que les géants comme Google, Microsoft, NVIDIA ou Meta s’y implantent solidement.
Par ailleurs, les écoles comme l’EPFL ou l’ETH Zurich alimentent en continu ce vivier d’experts. Tandis que l’accès à des infrastructures de calcul avancées et à des partenaires industriels facilite les projets ambitieux. Pour Mistral AI, la Suisse apparaît donc comme une occasion supplémentaire de croissance internationale.
En l’état, il est alors difficile d’affirmer que la startup française tourne le dos à la France. Je trouve qu’il s’agirait plutôt d’une étape stratégique, dans un contexte où les champions de l’IA jouent désormais sur plusieurs terrains à la fois.
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