Disney, symbole du divertissement familial, se retrouve aujourd’hui détourné par l’intelligence artificielle. Avec Sora, l’outil de génération vidéo d’OpenAI, des parodies sombres, choquantes ou pornographiques circulent en ligne, bien loin de la magie promise.
Jeudi dernier, Disney a officialisé un partenariat historique avec OpenAI. À partir de 2026, plus de 200 personnages issus de Disney, Pixar, Marvel ou encore Star Wars pourront être utilisés sous licence dans Sora, l’application de génération vidéo de l’éditeur de ChatGPT. Une première pour un grand studio hollywoodien. Mais sur le web, cette annonce résonne surtout comme une validation tardive d’un phénomène déjà incontrôlable.
L’esthétique Disney sert l’humour le plus noir
Depuis le lancement de Sora, les internautes s’en donnent à cœur joie. En quelques prompts, ils génèrent de faux trailers « à la Disney », reprenant fidèlement l’esthétique Pixar. Notamment les couleurs douces, les personnages enfantins, la musique rassurante… Et cela pour raconter des histoires d’une noirceur absolue.
Parmi les vidéos qui circulent, certaines détournent des tragédies historiques ou des faits divers récents. Une fausse bande-annonce imagine ainsi une version Pixar du film Le Garçon au pyjama rayé, où un Hitler stylisé envoie des enfants vers une chambre à gaz. D’autres vidéos mettent en scène Jeffrey Epstein dans des récits pseudo-familiaux, oscillant entre aventure « feel good » et humour macabre.
Qui plus est, un sous-genre entier revisite les attentats du 11 septembre avec des personnages anthropomorphes aux grands yeux brillants. Ailleurs, des clips véhiculent aussi des stéréotypes racistes, se moquent de personnes atteintes de trisomie 21 ou utilisent la mort de George Floyd comme ressort comique. Le tout, souvent, avec des logos Disney ou Pixar bien visibles.
Un partenariat qui pose une vraie question de contrôle
Ce flot de contenus existe déjà, sans licence officielle. Le partenariat entre Disney et OpenAI ne fait donc que poser une question dérangeante : que se passera-t-il quand l’utilisation de ces univers sera officiellement autorisée ?
Par ailleurs, Disney affirme avoir pris des précautions. Les visages et les voix des acteurs ne font pas partie de l’accord, afin d’éviter les problèmes de droits à l’image. Mais sur le terrain, Sora ressemble déjà à une usine à parodies offensantes, largement hors de contrôle. Des compilations entières de faux trailers Disney pullulent sur YouTube. Et ils sont accompagnés d’un écosystème de créateurs qui réagissent, choqués ou hilares, à ces détournements.
L’inquiétude est d’autant plus forte que Disney prévoit de proposer une sélection de vidéos Sora sur Disney+. Comment filtrer des contenus quand l’outil lui-même peine à imposer des garde-fous ? En liant officiellement son image familiale à une IA déjà associée à des dérives choquantes, je pense que Disney prend un sacré risque. C’est celui de voir sa magie diluée dans un océan de vidéos trash, absurdes ou franchement dérangeantes.
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