Dans le monde de l’intelligence artificielle, il y a les suiveurs et il y a ceux qui dessinent la carte. Yann LeCun appartient définitivement à la seconde catégorie.
Alors que la planète entière a les yeux rivés sur ChatGPT et les modèles de langage (LLM). Yann LeCun français s’apprête à claquer la porte de Meta pour lancer sa propre révolution : AMI Labs. Évaluée avant même son lancement officiel à près de 3 milliards de dollars. Cette startup n’est pas qu’une simple entreprise de plus. C’est une déclaration de guerre technologique contre les limites actuelles de l’IA.
Un divorce prévu avec Meta
L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans la Silicon Valley. Yann LeCun, Prix Turing et architecte de la stratégie IA de Meta, quitte ses fonctions à la fin de l’année 2024. Mais il ne laisse pas son poste de responsable scientifique pour prendre sa retraite.
À 64 ans, il s’associe avec Alexandre Lebrun qui est l’actuel CEO de Nabla. Lebrun, qui a déjà vendu deux startups à des géants américains, quittera son rôle opérationnel pour devenir le CEO d’AMI Labs. De son côté, LeCun en sera l’âme scientifique.
Avec AMI Labs, Yann LeCun ne cherche pas à copier OpenAI ou Google. Il parie sur une rupture technologique majeure. Cette startup est sans doute le projet le plus ambitieux du paysage européen actuel.
Pourquoi 3 milliards de dollars pour le projet ?
AMI Labs chercherait à lever 500 millions d’euros sur la base d’une valorisation de 3 milliards de dollars. Pour une entreprise qui n’a pas encore de produit commercialisé, ce montant peut sembler irrationnel. Pourtant, pour les investisseurs, c’est le prix du génie et de la vision.
Selon Yann LeCun, l’IA actuelle est limitée par son manque de compréhension de la réalité physique. Elle ne comprend pas la gravité, les conséquences d’une action simple ou le temps qui passe. AMI Labs veut créer des systèmes capables d’apprendre à partir de vidéos et de données spatiales. L’objectif est qu’une machine puisse enfin comprendre le monde comme un enfant de 4 ans le fait.
Paris, nouveau centre du monde de l’IA
L’un des aspects les plus fascinants de ce projet est sa dimension géographique. Yann LeCun a été très clair : AMI Labs sera ancrée en Europe, et particulièrement à Paris. « La Silicon Valley est complètement hypnotisée par les modèles génératifs », a-t-il déclaré récemment. Pour lui, le futur de l’IA qui pilotera des robots intelligents ou des assistants médicaux ultra-précis doit se construire ailleurs. En choisissant Paris, LeCun confirme que la France est devenue le hub européen de l’IA. La ville se démarque par ses ingénieurs d’élite et son écosystème dynamique.
Des applications concrètes : de la tech à la santé
Si AMI Labs se concentre sur la recherche fondamentale, ses débouchés sont déjà tracés. Un partenariat stratégique a été annoncé avec Nabla, la startup de santé d’Alexandre Lebrun. L’objectif ? Utiliser l’IA d’AMI Labs pour créer des systèmes agentiques certifiables par les autorités de santé (FDA). Ceux-ci seront capables d’aider les médecins avec une fiabilité que les LLM actuels ne peuvent garantir.
Au-delà de la médecine, ce sont les domaines de la robotique et de l’industrie qui lorgnent sur ces travaux. Une IA qui comprend les lois de la physique pourrait enfin permettre l’émergence de robots domestiques ou industriels véritablement autonomes. L’IA de demain ne se contentera pas de parler, elle comprendra enfin le monde dans lequel nous vivons.
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