Une vague de kidnapping frappe le secteur des crypto, un fléau dépasse les frontières de la France. La police française, arrêtant une dizaine de suspects à Paris et au-delà, révèle l’ombre d’une organisation criminelle.
Mutilations, agressions, violences extrêmes… Les criminels misent désormais sur des attaques physiques pour s’emparer d’actifs numériques. Cette brutalité inédite signale l’essor d’une nouvelle criminalité, née avec les monnaies virtuelles. Pour atteindre leur cible, les agresseurs s’en prennent aux entrepreneurs et à leurs proches. Ils exigent des rançons et vont jusqu’à réclamer le fameux sésame : la clé privée.
Une série de kidnappings crypto à Paris
Tout commence en janvier 2025, avec l’enlèvement de David Balland, cofondateur de Ledger, figure de proue du secteur. Séquestré à son domicile dans le Cher, il subit des mutilations. Ses ravisseurs exigent une rançon en cryptomonnaies.
L’intervention rapide de la police permet de le libérer et de procéder à plusieurs arrestations. Ce fait divers, déjà glaçant, n’était que le prélude d’une vague de kidnapping des détenteurs de crypto.
Début mai, deux nouvelles affaires secouent Paris. Le 1ᵉʳ mai, le père d’un jeune investisseur, fortuné grâce aux actifs numériques et au poker en ligne, est enlevé dans le XIVᵉ arrondissement.
Les ravisseurs, à bord d’un fourgon volé grimé en véhicule de livraison, réclament entre 5 et 7 millions d’euros. Pour accentuer la pression, ils mutilent leur otage.
La Brigade de recherches et d’intervention (BRI) localise la planque à Palaiseau, dans l’Essonne. L’escadron libère la victime après deux jours de captivité.
Le 13 mai, une nouvelle tentative vise la fille de Pierre Noizat, PDG de Paymium, dans le XIᵉ arrondissement. En plein jour, des hommes masqués tentent de la forcer à monter dans une camionnette floquée Chronopost.
L’intervention d’un passant — que les médias surnomment « l’homme à l’extincteur » — et du compagnon de la victime déjoue l’opération.
La riposte des autorités
Face à une violence inédite et au kidnapping crypto, la Brigade de répression du banditisme (BRB) ouvre une vaste enquête. Les investigations révèlent un mode opératoire récurrent.
Des jeunes, parfois mineurs, recrutés sur les réseaux sociaux, servent de petites mains pour un réseau criminel. Les commanditaires, eux, restent tapis dans l’ombre.
Le 26 mai, la BRB, avec l’appui de la BRI, mène un coup de filet d’envergure. Une dizaine de suspects sont interpellés à Suresnes, en région parisienne et en Loire-Atlantique.
Ces arrestations s’inscrivent dans deux procédures ouvertes pour « enlèvement et séquestration en bande organisée » et « actes de torture ». En réaction, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, annonce un plan de protection pour les entrepreneurs crypto.
Parmi les mesures, un accès prioritaire au 17 et des consultations de sûreté à domicile. Les forces de l’ordre poursuivent l’enquête pour identifier les cerveaux du réseau de kidnapping, pendant que l’écosystème crypto appelle à redoubler de vigilance.
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