Ce panel d’experts recommande la fin du chiffrement en Europe pour mieux appliquer la loi. Il ne sera plus possible de se cacher derrière un VPN.
Le Conseil de l’Union européenne s’est vu présenter un rapport préoccupant. Le document détaille en 42 points des recommandations sur la manière dont les entreprises doivent gérer les activités en ligne et les données personnelles. L’objectif est simple : mettre fin au chiffrement des données en Europe pour faciliter la surveillance des individus.
Les autorités auraient ainsi la possibilité de nous surveiller en permanence. Cette surveillance passerait par nos smartphones, nos appareils numériques et même nos voitures.
« Cela signifierait une surveillance totale, et la population de l’Europe aurait des logiciels espions étatiques dans ses poches », alerte le patron de Mullvad, Jan Jonsson.
Si une telle législation venait à entrer en vigueur, tout le trafic chiffré ne serait plus privé ni sécurisé, s’inquiète Jonsson. Les VPN n’auraient plus aucun intérêt.
Rappelons que Mullvad fait partie des cinq meilleurs fournisseurs de service de VPN en Europe. Son succès repose sur sa volonté de faire de la confidentialité sa première priorité.
La confidentialité, sur l’autel de la lutte contre la cybercriminalité
Le rapport que dénonce Jonsson s’intitule « La disponibilité des outils répressifs efficaces pour combattre la criminalité et renforcer la sécurité à l’ère numérique ». Nous devons sa rédaction au High-Level Group (HLG), un panel d’experts fondé par la Commission européenne.
Les idées défendues dans le rapport font partie de l’initiative Going Dark. Avec cette dernière, le HLG préconise le renforcement des moyens de lutte contre la cybercriminalité.
Par ailleurs, le panel d’experts met surtout l’accent sur le concept de « la sécurité dès la conception ». Ce processus vise à permettre aux autorités de contourner le chiffrement.
La fin des conversations cryptées en Europe
Le HLG envisage d’imposer aux messageries cryptées la possibilité d’intercepter les données pour toutes les communications. L’interception concerne également le stockage.
Les autorités pourront suivre les connexions IP et interdire le cryptage des métadonnées. Sur demande policière, les fournisseurs auront à activer le traçage GPS.
D’autre part, la feuille de route du HLG prévoit des sanctions pénales pour les réfractaires. Ce moyen servira à obtenir l’accès aux données sur les appareils, dans les services et sur le web.
Contradiction d’une instance européenne à une autre
Si la Commission européenne (CE) pouvait appliquer les recommandations du HLG, elle le ferait sans aucune hésitation — c’est mon point de vue. Rappelons que l’organe exécutif de l’Union européenne est loin d’être un partisan de l’anonymat en ligne.
En effet, la CE considère que l’anonymat en ligne favorise la cybercriminalité. Notons que les 42 points du nouveau rapport théorisent la fin de cet anonymat.
Cependant, la Cour européenne des droits de l’homme ne se trouve pas sur cette ligne. Avec d’autres experts, elle souligne l’importance du chiffrement pour « la protection des droits fondamentaux et la sécurité de tous ».
Fin du chiffrement dans toute l’Europe, une aubaine pour les hackers ?
Avec son initiative Going Dark, le panel d’experts prépare une législation contre le chiffrement et l’anonymat en ligne en Europe. Cela soulève des inquiétudes.
Par ailleurs, Jonsson mise sur la pression des citoyens, des entreprises technologiques et des médias pour faire reculer la Commission européenne. L’abandon du chiffrement peut devenir une arme à double tranchant, prévient le patron de Mullvad.
Les autorités européennes pourront accéder à nos données et consulter nos conversations. D’autre part, la fin du chiffrement en Europe sera aussi une opportunité pour les hackers.
Alors pour ou contre l’abandon du chiffrement ?
- Partager l'article :