Fondé en 2002 l’Institut Juridique d’Aquitaine a su se démarquer dans le domaine de la formation juridique en s’adaptant aux évolutions technologiques. Nous avons la chance d’échanger avec sa co-fondatrice Bénédicte Del Risco sur l’impact de la digitalisation dans la formation.
Pouvez-vous nous présenter l’Institut Juridique d’Aquitaine ?
Je suis Bénédicte Del Risco. Avec Géraldine Mariotte, nous avons fondé l’Institut Juridique d’Aquitaine (IJA) il y a 22 ans. Ce centre de formation se spécialise dans la préparation des assistants juridiques. Nos offres de formation s’adressent principalement aux professionnels des cabinets d’avocats, des études de notaires et des services juridiques d’entreprise, ces dernières étant axées sur des compétences pratiques en droit.
Ces formations incluent des modules spécifiques pour les assistants dans des domaines comme le droit des affaires, le droit immobilier ou encore la gestion des procédures judiciaires. Nous avons toujours mis un point d’honneur à garantir une formation de qualité, en privilégiant l’expertise de nos intervenants, tous issus du milieu professionnel. Elles sont aussi conçues pour répondre aux besoins spécifiques des employeurs, qui cherchent des professionnels capables de s’adapter rapidement à des situations pratiques et de gérer des tâches complexes dans leur quotidien.
L’Institut a su se diversifier au fil des années, en évoluant vers le e-learning et la digitalisation des parcours, tout en conservant son objectif principal : former des assistants juridiques compétents, prêts à intégrer rapidement le marché du travail.
Pouvez-vous nous présenter les motivations initiales qui vous ont conduit à fonder cet institut en 2002 et comment est-ce qu’il a évolué depuis sa création ?
L’Institut Juridique d’Aquitaine est le fruit de nos observations des tendances du marché du travail. Les professionnels du secteur juridique rencontrent de véritables difficultés à recruter des assistants juridiques ayant les compétences pratiques nécessaires. À l’époque, les candidats avaient généralement soit un diplôme en secrétariat ou gestion, soit une formation théorique en droit, mais manquaient de compétences opérationnelles dans le domaine juridique. Cette lacune se traduisait par un manque de professionnalisme sur des tâches aussi essentielles que la gestion de dossiers ou la préparation de documents juridiques spécifiques.
Pour combler cette absence, l’Institut a conçu un parcours de formation adapté aux besoins précis des professionnels du secteur juridique. Nous avons travaillé directement avec des avocats, des notaires, et des commissaires de justice pour définir un programme qui réponde exactement à leurs attentes. Ce programme de formation unique permet aux étudiants d’acquérir des compétences pratiques en droit, allant bien au-delà des connaissances théoriques que l’on retrouve souvent dans les cursus universitaires.
Un autre élément clé du succès de l’IJA réside dans sa certification officielle. En inscrivant ses formations au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles), l’institut a permis à ses diplômés de bénéficier d’une reconnaissance de leurs compétences sur le marché du travail. Gage de qualité et de professionnalisme, le titre obtenu est reconnu au niveau national et permet aux jeunes diplômés d’intégrer plus facilement le marché de l’emploi.
Pouvez-vous nous dire comment les nouvelles technologies, dont l’IA, transforment le secteur de l’enseignement et de la formation professionnelle ?
Les nouvelles technologies sont au cœur des transformations de la formation. Cette révolution numérique a permis à l’Institut de s’adapter aux nouvelles attentes des apprenants et du marché de l’emploi. Nous avons ainsi pris un virage stratégique vers l’e-learning, offrant désormais des parcours de formation entièrement digitalisés.
Au début, l’e-learning était limité à des PDF et des documents statiques. À l’époque, la digitalisation consistait surtout à transférer les contenus des formations en présentiel vers un format numérique, sans véritable interactivité. Puis, nous avons intégré des vidéos pédagogiques, des cours audio et des exercices interactifs. Ces ajouts rendent l’apprentissage plus dynamique et permettent une meilleure immersion des apprenants.
La digitalisation a également permis de rendre la formation plus flexible, en permettant aux stagiaires d’apprendre à leur propre rythme, tout en conservant une approche pédagogique de qualité. Cela rend l’apprentissage plus attractif, surtout pour des personnes souvent occupées, qui peuvent désormais se former partout, et à tout moment. En offrant des modules interactifs et des espaces d’échanges en ligne, l’IJA répond à un besoin crucial d’accessibilité et d’efficacité dans la formation continue.
Cette transformation numérique, accompagnée d’une approche pédagogique adaptée, est un exemple de la manière dont les nouvelles technologies peuvent enrichir l’expérience d’apprentissage tout en répondant aux défis d’un marché du travail en constante évolution.
Pouvez-vous nous présenter les défis rencontrés lors de la digitalisation de vos formations ?
L’Institut Juridique d’Aquitaine a franchi un grand pas en digitalisant ses formations, un processus qui n’a pas été sans défis. La digitalisation demande une réflexion pédagogique complète. Nous avons dû repenser chaque parcours pour l’adapter au format e-learning, avec des modules interactifs et des suivis réguliers.
Cette transition vers le digital a été bien plus qu’une simple conversion des cours en ligne. Elle a nécessité une réinvention totale de la manière dont la formation était dispensée. Il ne s’agissait pas simplement de déplacer des documents ou des vidéos en ligne. Nous avons dû adapter l’ensemble du parcours pédagogique : réorganiser les modules, introduire des évaluations interactives, et surtout maintenir une dynamique d’apprentissage tout au long du processus.
Le passage au e-learning a été accompagné de la création d’une plateforme sur mesure, développée spécifiquement pour répondre aux besoins des apprenants dans un environnement juridique. Nous n’avons pas opté pour une plateforme standard, mais avons choisi de créer un outil qui correspondait exactement à notre méthode de travail et aux exigences de nos stagiaires. Cette plateforme permet de suivre les apprenants à chaque étape de leur parcours, avec des outils pour poser des questions, accéder à des ressources pédagogiques variées, et participer à des sessions de suivi en ligne.
De plus, l’IJA a intégré des éléments interactifs comme des quiz, des vidéos et des simulations de cas pratiques, essentiels pour rendre la formation juridique plus dynamique et concrète. Nous avons abandonné le modèle statique des simples PDF pour offrir des expériences d’apprentissage immersives et engageantes. Grâce à ces outils numériques, l’Institut a non seulement modernisé son offre, mais a également permis une meilleure accessibilité et flexibilité pour ses apprenants, y compris ceux éloignés géographiquement.
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L’intégration de l’IA sera de toute façon quelque chose d’inéluctable, quel que soit le secteur. Comment voyez-vous évoluer le rôle des formateurs de manière générale ?
Si l’IA offre un potentiel énorme dans le domaine de la formation, je reste prudente quant à son utilisation. L’IA est un outil incroyable, mais elle ne peut pas remplacer l’humain dans le processus de formation. Bien que l’IA puisse transformer la manière dont les contenus pédagogiques sont dispensés, elle ne répond pas toujours aux exigences d’un apprentissage de qualité, surtout dans des domaines techniques et pratiques comme le juridique.
Prenons l’exemple des évaluations. L’IA peut générer des quiz ou des évaluations basées sur des documents, mais elle n’est pas en mesure de cerner la spécificité des compétences pratiques requises pour des assistants juridiques. Les assistants juridiques doivent non seulement maîtriser des connaissances théoriques, mais aussi savoir appliquer ces connaissances dans des situations concrètes et souvent complexes, telles que la gestion des dossiers clients ou la rédaction de documents légaux. Or, l’IA, même avancée, reste limitée à des mécanismes standardisés qui ne prennent pas en compte ces nuances.
L’IA peut être utilisée pour automatiser certaines tâches répétitives, comme la gestion des évaluations ou la vérification des connaissances de base. Mais le rôle du formateur reste fondamental. Selon moi, l’essentiel réside dans l’interaction humaine : Un formateur, notamment un professionnel en activité, apporte non seulement son expertise technique, mais aussi son expérience terrain, qu’aucun système d’IA ne peut réellement reproduire. Cette approche humaine, capable de contextualiser l’apprentissage et de l’adapter aux besoins spécifiques de chaque stagiaire est la clé de la réussite de toute formation professionnelle.
Est-ce que l’intelligence artificielle risque de creuser les inégalités dans l’accès à l’éducation ou plutôt de démocratiser les connaissances ?
Je suis convaincue que l’accès aux connaissances s’est déjà largement démocratisé grâce à Internet, bien avant l’avènement de l’IA. Les outils numériques ont déjà permis à de nombreux apprenants, même éloignés géographiquement, de suivre des formations de qualité. Grâce à Internet, des personnes du monde entier, même dans des zones rurales ou isolées, ont pu accéder à des ressources éducatives autrement inaccessibles. Cette accessibilité a été un moteur majeur dans l’élargissement de la base des apprenants, en particulier pour des secteurs spécialisés où la formation était auparavant restreinte à des centres urbains ou à des institutions spécifiques.
Cependant, je mets en lumière un défi majeur : la qualité et la fiabilité des sources. L’IA, bien qu’elle soit un outil puissant, ne suffit pas à garantir la pertinence des informations. Pour moi, le véritable enjeu de la démocratisation des connaissances passe par l’apprentissage des compétences nécessaires pour distinguer les sources fiables. L’IA, bien utilisée, peut faciliter l’accès à des contenus éducatifs, mais elle ne peut pas remplacer le jugement humain dans l’évaluation de la qualité de l’information.
L’Institut Juridique d’Aquitaine, par exemple, a toujours mis un point d’honneur à offrir des parcours de formation où l’aspect humain reste essentiel. Bien que l’IA puisse aider à la création de contenus ou à la gestion de parcours pédagogiques, la supervision humaine est indispensable pour garantir une éducation qui respecte des critères de qualité et d’éthique. L’accent est mis sur l’accompagnement personnalisé et l’interaction directe avec des professionnels du secteur, permettant aux étudiants non seulement d’apprendre, mais aussi de comprendre les enjeux réels et pratiques du domaine.
Comment les institutions académiques peuvent-elles équilibrer l’innovation technologique et le maintien de l’accompagnement humain ?
Je vois l’avenir de la formation comme un équilibre subtil entre technologies avancées et intervention humaine. L’enjeu principal pour la formation professionnelle est d’adapter constamment ses parcours aux évolutions rapides du marché de l’emploi. Dans un contexte où les compétences demandées par les entreprises évoluent rapidement, l’Institut met un point d’honneur à intégrer des outils modernes pour rendre la formation plus flexible et accessible à un public diversifié.
L’Institut Juridique d’Aquitaine mise sur une innovation continue pour accompagner ses étudiants dans ce monde de plus en plus digitalisé. Il ne s’agit pas uniquement de proposer des contenus en ligne, mais de créer des parcours de formation interactifs qui intègrent des outils comme des vidéos, des exercices pratiques, et des évaluations instantanées, afin de rendre l’apprentissage plus dynamique.
Cependant, j’insiste sur le fait que la technologie ne doit pas remplacer l’humain, mais plutôt l’accompagner. L’humain est au cœur de l’enseignement. Les compétences pratiques doivent être transmises par des professionnels qui vivent le métier. C’est pourquoi l’institut continue à faire appel à des experts juridiques pour enrichir les parcours de formation, assurant ainsi que les stagiaires reçoivent des enseignements ancrés dans la réalité du terrain.
Cette complémentarité entre outils technologiques et expertise humaine est la clé pour l’Institut Juridique d’Aquitaine, qui s’engage à former des assistants juridiques hautement qualifiés, capables de répondre aux exigences du marché du travail tout en maintenant une approche pédagogique centrée sur l’humain.
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