Le FBI a accédé aux données de plus de 3,4 millions d’Américains au cours de l’année 2021. C’est ce que révèle le rapport annuel Annual Statistical Transparency Report du Office of the Director of National Intelligence.
Afin de profiter des bienfaits du numérique, nous laissons les GAFAM et autres géants du web collecter massivement nos données personnelles. Toutefois, peu d’entre nous seraient d’accord pour partager ouvertement ces informations sensibles avec le gouvernement ou les agences de renseignement.
En réalité, les autorités peuvent s’appuyer sur des lois ambigües pour consulter nos données. C’est précisément ce qui se passe aux États-Unis.
Au cours de l’année 2021, le FBI a mené 3,4 millions de recherches de données aux États-Unis sans aucun mandat. C’est ce que révèle un nouveau rapport du gouvernement américain intitulé Annual Statistical Transparency Report.
Ce rapport a été publié par le Office of the Director of National Intelligence. Il se focalise sur l’utilisation des autorités de sécurité nationale à des fins de surveillance par la communauté des renseignements américains.
Les données transmises au FBI dans le cadre de la loi U.S.A Freedom Act
Les informations ont d’abord été collectées par la National Security Agency, puis ont ensuite été transmises au FBI conformément à la loi U.S.A Freedom Act adoptée en 2015.
Le nombre de recherches menées sans mandat représente une hausse de 260% par rapport à 2020. Au cours de cette année, le FBI avait menée environ 1,3 million de recherches.
Selon une analyse du Wall Street Journal, plus de la moitié des recherches de données, soit environ 1,9 million, sont liées à des enquêtes menées par le FBI au sujet de tentatives d’infiltration et de sabotage des infrastructures essentielles américaines par des hackers russes.
Ceci inclut notamment l’investigation de la cyberattaque contre le Colonial Pipeline. En mai 2021, ce tuyau de près de 3000 kilomètres avait été désactivé par le groupe de hackers russes « DarkSide » exigeant une rançon.
Suite à cette attaque, le Department of Energy avait dû mettre en place un rationnement d’urgence du carburant dans tout le nord-ouest des États-Unis. Les conséquences étaient donc particulièrement graves.
Chaque année depuis 2014, une nouvelle version de ce rapport est publiée. Toutefois, c’est la première fois que le nombre d’acquisitions de données du FBI est précisé.
Lors d’une conférence de presse à Washington, un cadre du FBI a admis que « 3,4 millions est certainement un large nombre. Je ne vais pas prétendre que ça ne l’est pas ».
La Section 702 de la loi Foreign Intelligence Surveillance Act fait polémique
Toutefois, d’autres responsables affirment que le nombre de données liées à des citoyens américains est certainement inférieur. Pour cause, le nombre indiqué englobe toutes les données originaires des États-Unis et faisant l’objet d’une enquête du FBI.
Rien dans le rapport ne suggère que ces recherches sont illégales, y compris en ce qui concerne les données de citoyens américains. Ces enquêtes sont effectuées dans le cadre de la Section 702 de la loi Foreign Intelligence Surveillance Act.
Adoptée en 1978 pendant la Guerre Froide, cette loi autorise la collecte de données privées de « personnes non américaines », mais également l’accès à leurs communications avec des citoyens américains et des résidents permanents n’ayant enfreint aucune loi.
Cette section 702 soulève de nombreuses critiques de la part des défenseurs de la vie privée. Selon eux, elle permet au gouvernement fédéral d’espionner les Américains sans supervision et sans procédure.
L’ancien président Donald Trump, qui a signé la réautorisation de cette loi en 2018, s’était interrogé ouvertement sur son usage à des fins d’espionnage de sa propre campagne présidentielle. La même année, la Foreign Intelligence Surveillance Court avait réprimandé le FBI pour sa gestion des informations amassées dans le cadre de cette loi.
L’autorisation par le Congrès de la Section 702 expire le 31 décembre 2023. Selon beaucoup d’experts, sa réautorisation risque de faire l’objet d’un vive débat et d’une bataille politique…
https://www.youtube.com/watch?v=1QCJrUlVvok
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