Tout allait pour le mieux dans le monde du running. Strava enregistrait vos exploits, Garmin les mesurait. Ensemble, ils formaient la paire parfaite. Leur entente semblait taillée pour durer. Jusqu’à ce que l’amour vache s’invite dans la course.
La tension a explosé quand Strava a dégainé une plainte contre Garmin, son partenaire historique, l’accusant de lui voler ses idées et ses technologies. Le torchon brûle, et cette fois, il pourrait bien réduire le marché du sport connecté en cendres. Utilisateurs perdus, données bloquées, records disparus. Un scénario qui inquiète déjà la communauté des coureurs, attachée à l’intégration parfaite entre les deux services.
Aucun duo n’est fait pour durer, pas même Garmin et Strava
Depuis le 1er juillet, les deux mastodontes du sport connecté se regardent en chiens de faïence. Garmin a imposé de nouvelles règles à ses partenaires, exigeant que son logo soit affiché partout. Ce, sur les graphiques, les images et les données issues de ses montres. Une exigence qui passe mal chez Strava, qui y voit une forme de publicité forcée.
Et l’avertissement n’a rien d’un simple rappel à l’ordre. Garmin menace de couper l’accès à son API dès le 1er novembre si Strava ne s’exécute pas. Or, sans ce lien, des millions d’utilisateurs ne pourront plus transférer automatiquement leurs séances vers Strava. L’appli californienne refuse de céder, prête à courir le marathon judiciaire jusqu’au bout.
Le 30 septembre, Strava a contre-attaqué. L’entreprise accuse Garmin d’avoir piqué deux de ses trouvailles les plus emblématiques. Les segments, ces portions de parcours où les sportifs se comparent, et les cartes thermiques, ces fameuses heatmaps qui montrent les zones les plus fréquentées. Selon Strava, Garmin aurait intégré ces idées dans ses propres produits, sans autorisation, en rompant un accord signé en 2015.
Dans un communiqué, le porte-parole de Strava, Brian Bell, regrette que Garmin ait rejeté toutes les tentatives de règlement à l’amiable. L’entreprise demande aujourd’hui à la justice d’interdire la vente des montres Garmin utilisant ces fonctionnalités. Une attaque frontale qui vise tout le catalogue : montres Fenix, Forerunner, Epix ou compteurs Edge. Si la plainte aboutit, la marque pourrait voir ses ventes bloquées aux États-Unis.
Des runners pris en otage par la bataille des brevets
Derrière les lignes juridiques, les vraies victimes risquent d’être… les sportifs. Si Garmin coupe son API, les utilisateurs devront importer manuellement leurs activités sur Strava. Fini la synchro automatique après une sortie longue ou un sprint matinal. Une corvée que beaucoup risquent de fuir, au profit d’autres applications.
Les conséquences pourraient être massives. Les montres Garmin, omniprésentes sur le marché, sont les compagnes fidèles de millions de coureurs. Strava, de son côté, reste la plateforme de référence pour partager ses performances et comparer ses temps. Si l’intégration disparaît, c’est tout un pan du sport connecté qui vacille. Les records personnels, les classements de segments, les cartes de chaleur… Tout ce qui rend l’expérience sociale et motivante pourrait se retrouver coupé du poignet de l’utilisateur.
Et pour Garmin, l’affaire ne s’arrête pas à une question d’image. L’interdiction de vendre ses produits sur le territoire américain serait un coup dur. Les États-Unis représentent le cœur de son marché. Le géant du GPS jouerait alors une partie serrée pour maintenir la confiance de ses fans, déjà perturbés par cette querelle à rebonds.
Quant à Strava, elle prend le risque de s’aliéner une grande partie de sa base. Beaucoup utilisent la plateforme uniquement grâce à l’interconnexion avec leurs montres Garmin. Sans elle, les joggeurs pourraient ranger leurs baskets numériques. Dans cette affaire, personne ne semble prêt à céder, et chacun paraît prêt à aller jusqu’à la ligne d’arrivée… quitte à épuiser ses utilisateurs avant.
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