Depuis deux siècles, le mythe du typhus de Napoléon tient bon. Mais la science vient d’y planter un drapeau de vérité. Grâce à la génétique, des chercheurs français viennent de découvrir que la Grande Armée de Napoléon n’a pas été terrassée par le typhus, mais par deux bactéries bien plus discrètes et tout aussi meurtrières.
L’histoire adore les grandes batailles, mais oublie souvent les petits ennemis. En 1812, Napoléon Bonaparte part à la conquête de la Russie avec une armée gigantesque. Quelques mois plus tard, il rentre avec une poignée de survivants. On a longtemps accusé le froid, la faim, et surtout le typhus d’avoir massacré ses troupes. Mais une étude récente de l’Institut Pasteur vient d’identifier d’autres coupables.
La défaite de l’armée de Napoléon aurait des causes microbiennes
Je remonte un peu le temps en été 1812. Napoléon Bonaparte lance une armée de demi-million de soldats à la conquête de la Russie. Mais cette épopée titanesque s’est terminée en désastre. Des centaines de milliers d’hommes périssent, engloutis par le froid, la faim et les maladies.
Depuis plus de deux siècles, les historiens tenaient le typhus comme coupable. Il s’agit d’une maladie infectieuse transmise par les poux et qui ravageait les armées du XIXᵉ siècle. Mais voilà qu’une nouvelle étude de l’Institut Pasteur vient tout bouleverser.
Grâce à une technologie d’analyse ADN, les chercheurs ont revisité les restes des soldats de Napoléon. Et il n’y avait pas la moindre trace de Rickettsia prowazekii, la bactérie du typhus. Ni de Bartonella quintana, responsable de la fameuse « fièvre des tranchées ».
Alors… qui a vraiment massacré la Grande Armée de Napoléon ? Pour résoudre l’énigme, l’équipe menée par Nicolás Rascovan a exhumé des échantillons provenant d’une fosse commune à Vilnius, en Lituanie.
Ils ont donc fouillé les dents des soldats de Napoléon. Pourquoi ? Parce que l’émail protège incroyablement bien l’ADN à travers les siècles. Ainsi, en analysant le matériel génétique piégé dans ces dents, les scientifiques ont utilisé la méthode de la paléogénomique microbienne.
À la place du typhus, les chercheurs ont détecté deux autres tueuses en série. La Salmonella enterica, coupable de fièvre entérique (dont la typhoïde fait partie). Et aussi la Borrelia recurrentis, qui est responsable de fièvre récurrente. Celle-ci est transmise par les poux et caractérisée par des pics de température violents et répétés.
Une technologie d’un autre temps et d’un autre niveau
Jusqu’ici, les scientifiques utilisaient la PCR (la même technique qu’on a popularisée pendant le Covid) pour identifier les microbes anciens. Mais l’ADN vieux de deux siècles, c’est comme une clé USB passée sous la pluie pendant 200 ans. Les fichiers sont corrompus.
Pour le cas de l’armée de Napoléon, Rascovan et son équipe ont donc sorti une méthode de séquençage nouvelle génération. Celle qui est capable de lire des fragments d’ADN très courts. Cette approche a donc permis d’élargir la recherche et de repérer des bactéries. « C’est fascinant d’utiliser des outils modernes pour diagnostiquer une tragédie vieille de 200 ans », s’enthousiasme Rascovan.
DNA study reveals diseases that ravaged Napoleon's army in 1812. Scientists have uncovered two previously unknown diseases that helped decimate Napoleon's Grande Armée during its catastrophic retreat from Russia in 1812, according to groundbreaking research published today in… pic.twitter.com/3yawDB9aD7
— Stephen hawking (@hawking2023) October 25, 2025
Qui plus est, la souche de Borrelia recurrentis retrouvée chez les soldats de Napoléon appartient à une lignée remontant à la Grande-Bretagne de l’âge du fer. Soit 2 000 ans plus tôt.
La Grande Armée de Napoléon n’a pas donc succombé à une seule maladie, mais à un cocktail mortel. Notamment, des multiples infections (fièvre entérique + fièvre récurrente), la faim après la destruction des stocks, l’épuisement physique et le froid glacial de l’hiver russe. En quelques semaines, la machine de guerre la plus redoutée d’Europe s’est effondrée, non sous les canons russes, mais sous des microbes invisibles.
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