Ils ne dorment plus, dansent comme des robots, s’aiment sans se toucher. Tout ça, dans la réalité virtuelle. Une expérience totale où le corps s’éteint pour laisser place à l’esprit.
La réalité virtuelle attire de plus en plus ceux qui veulent s’évader. Certains s’y amusent, d’autres s’y perdent. Derriere les pixels, on danse, on trippe, on aime. Ce monde n’a plus vraiment de limite, et c’est bien ce qui le rend si attirant.
Zoom sur les expériences marquantes de ceux qui vivent dans cet espace virtuel.
60 heures de fête, sans sortir de chez soi
O’Rourke, c’est un Dublinois de 38 ans. Un soir, il a dansé 60 heures d’affilée. Pas dans une boîte, mais dans son salon. Son casque vissé sur la tête, il était ailleurs. Pas besoin de se déplacer quand le monde entier tient dans quelques pixels.
Il avait tout prévu : Cannabis, cocaïne, kétamine, alcool… Juste quelques pauses pour manger ou aller aux toilettes, et c’était reparti.
Ce n’était pas une première pour lui. Depuis plus d’un an, il fête chaque week-end sur VRChat. Il lui arrive de veiller jusqu’à 8 heures, happé par cet univers VR qu’il trouve infini, libre, presque féerique. Et surtout, sans solitude. Car dans sa vraie vie, il n’a pas toujours de projets.
Mais voilà, il n’est pas le seul. Depuis la pandémie en 2019, VRChat a explosé. Avant, peu de gens s’y connectaient. Aujourd’hui, certains soirs, plus de 130 000 utilisateurs dansent dans des mondes virtuels.
Les habitués le savent : on enfile son casque, on sélectionne un monde, et la fête commence. Fini les files devant les clubs, fini les vigiles à l’entrée. Même en pyjama, on peut s’amuser.
L’amour pixelisé, les limites floues
Outre les soirées classiques, des clubs très spéciaux fleurissent dans VRChat. Des lieux où les avatars dansent, s’embrassent, s’effleurent et vont bien plus loin. Certains peuvent simuler des rapports, avec des gestes, des effets et des mouvements. Rien n’est très clair, tout semble bizarre. Mais dans ce monde-là, absolument tout peut arriver.
Et d’après O’Rourke, certaines drogues comme la kétamine rendent l’expérience encore plus forte. Elles brouillent les limites entre rêve et simulation. Mais ce flou est parfois dangereux.
En mars, il a pris une dose trop forte de champignons. Il ne savait plus où il était. Et le pire dans cette histoire, c’est qu’il a mis des jours à s’en remettre.
Heelix, un DJ de 61 ans, raconte aussi avoir vu des gens disparaître… littéralement. En plein milieu de la fête, leur avatar vacille, puis disparaît. Parfois, c’est juste une perte de connexion.
Mais souvent, c’est l’effet de l’alcool ou d’autres substances. Et c’est là que ça inquiète. Car en VR, on ne sent pas vraiment quand on dépasse les limites.

Selon une chercheuse de Londres, un bad trip en réalité virtuelle peut être bien pire qu’en vrai. Le cerveau doit d’abord décrocher du faux, puis recoller doucement aux contours du réel. Et ce double choc, certains le vivent très mal.
La réalité virtuelle, c’est pour se libérer ou pour mieux éviter ce qu’on ne veut pas voir ?
Mais il ne faut pas tout peindre en noir. Car pour d’autres, la réalité virtuelle est une planche de salut. Ru, par exemple, vit dans l’Ohio. Elle est transgenre, infirmière, et DJ dans VRChat. Dans son État conservateur, elle se sent jugée, mal à l’aise. Mais dans le monde virtuel, elle est respectée. De plus, elle a même mixé pour des soirées au Japon.
Son club s’appelle Kaleidosky. C’est un lieu psychédélique, coloré, vibrant. Ru s’y sent bien, protégée, libre. Pour elle, ce monde n’est pas une fuite. Bien au contraire, c’est un espace où elle peut exister telle qu’elle est, sans crainte.

Il y a aussi Luna. C’est à 19 ans, aux Pays-Bas, qu’elle est tombée dans l’univers de VRChat. À l’époque, elle allait mal. Sans travail, sans amis, déprimée. Mais en se connectant, elle a retrouvé de la joie. Elle a dansé, ri, crié. Elle s’est fait un cercle d’amis.
Puis elle a rencontré Benji. Ils se droguent parfois, chacun chez soi, mais toujours ensemble. Aujourd’hui, ils sont en couple depuis plus de deux ans.
Mais voilà, certains finissent par trouver la réalité virtuelle plus confortable que la vraie vie elle-même. Les jours passent, et ils ne sortent plus. Ils mangent peu, parlent peu, vivent surtout derrière un écran. La VR peut être douce mais elle peut aussi isoler.
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