Grâce aux techniques d’analyse les plus modernes, des chercheurs sont parvenus à percer le mystère de la machine d’Anticythère : le plus vieil ordinateur du monde, construit par les Grecs il y a plus de 2000 ans…
En 1901, en fouillant une épave, des chercheurs découvraient avec stupeur un mystérieux artefact. Désormais connue sous le nom de mécanisme d’Anticythère, cette machine datée du second siècle av. J.-C. est considérée comme le plus vieil ordinateur du monde.
Si vous avez vu le film « Indiana Jones et le cadran de la destinée », sorti en 2023, vous avez sans doute aperçu la réplique directement inspirée par cet objet.
À présent, plus d’un siècle après cette découverte, les chercheurs de l’Université de Glasgow viennent enfin de percer son secret.
Ils ont utilisé des techniques de modélisation statistique, initialement conçues pour analyser les ondes gravitationnelles : des ondulations dans l’espace-temps causées par des événements célestes majeurs, comme la fusion de deux trous noirs.
C’est ce qui leur a permis de s’apercevoir que la machine d’Anticythère était probablement utilisée pour suivre l’année lunaire grecque !
Un anneau pour représenter l’année lunaire
Auparavant, dans une étude publiée en 2021, des chercheurs ont réalisé que des trous précédemment découverts et régulièrement espacés dans un « anneau de calendrier » étaient marqués pour décrire les mouvements du soleil, de la Lune et des cinq planètes connues dans l’Antiquité.
Ces trous étaient affichés à l’avant, pour représenter le cosmos tel qu’il était envisagé dans la Grèce antique.
À travers cette nouvelle étude publiée dans le Journal officiel du British Horological Institute, le chercheur Graham Woan de l’Université de Glasgow et son associé Joseph Bayley viennent compléter cette conclusion.
Ils suggèrent que l’anneau était probablement perforé de 354 trous… ce qui s’avère être le nombre de jours dans une année lunaire !
En revanche, ils excluent la possibilité que la machine serve à mesurer l’année solaire : « un anneau de 360 trous est fortement défavorisé, et un anneau de 365 trous n’est pas plausible compte tenu des hypothèses de notre modèle ».
Données LIGO et analyse bayésienne
L’équipe de recherche a utilisé des modèles statistiques, dérivés de la recherche sur les ondes gravitationnelles. Ils ont notamment exploité les données de l’Observatoire des ondes gravitationnelles à interféromètre laser (LIGO).
Il s’agit d’une expérience de physique à grande échelle, conçue pour mesurer les ondulations dans l’espace-temps à des millions d’années-lumière de la Terre.
La technique employée, appelée analyse bayésienne, utilise « la probabilité pour quantifier l’incertitude en se basant sur des données incomplètes ».
En l’occurrence, elle a permis de « calculer le nombre probable de trous dans le mécanisme en utilisant la position des trous survivants et le placement des six fragments survivants de l’anneau ».
Une étude scientifique inspirée par un YouTuber
Petit détail insolite : cette étude scientifique a été inspirée par la vidéo d’un YouTuber, qui tentait de recréer physiquement la machine.
Le chercheur Woan explique que « vers la fin de l’année dernière, un collègue m’a montré des données acquises par le YouTuber Chris Budiselic, qui cherchait à créer une réplique de l’anneau du calendrier et cherchait des moyens de déterminer le nombre de trous qu’il contenait ».
Il a donc décidé d’adapter les techniques modernes utilisées pour étudier l’univers, afin de mieux comprendre ce mécanisme qui aidaient les gens à suivre le ciel il y a près de deux millénaires…
- Partager l'article :