L’IA a beau être capable d’écrire des poèmes, de peindre des tableaux et de battre des champions d’échecs, elle est loin d‘égaler les humains, et encore moins de nous surpasser. Comme je l’ai expliqué dans un récent article suite à une étude faite par des chercheurs de l’Université d’Édimbourg, elle n’a pas encore fini d’apprendre la base.
À part ne pas savoir lire une horloge analogique, l’IA est incapable de comprendre une blague. Elle ne peut pas deviner qu’un parapluie est plus utile sous la pluie qu’en plein désert.
De même, l’IA sait que le feu brûle parce qu’elle a analysé des milliers d’images de brûlures. Mais elle ne comprend pas réellement le concept de danger comme un humain.
Nous les humains développons nos bon sens grâce à notre compréhension intuitive du monde. Nous assimilons des concepts physiques et apprenons par l’expérience.
L’IA, elle, fonctionne autrement. Elle analyse des données, identifie des schémas et établit des relations statistiques. Ainsi, dès qu’un scénario inattendu se présente, elle est incapable de s’adapter.
Alors, selon les chercheurs, ce bon sens, cette évidence qui nous est innée, c’est la pièce manquante à l’évolution de l’IA. Et ils pensent pouvoir corriger cette lacune en fusionnant l’IA et les technologies sans fil.

Cette étude a été menée par le professeur Walid Saad, le doctorant Omar Hashash et le chercheur postdoctoral Christo Thomas.
Le lien entre l’IA et le réseau sans fil
D’après ces chercheurs, le chaînon manquant de la révolution sans fil est l’IA de nouvelle génération et inversement. Autrement dit, c’est aussi à travers l’évolution des réseaux sans fil que l’IA pourra acquérir des capacités cognitives comparables à celles des humains.
Ce qu’il faut noter c’est que jusqu’ici, chaque nouvelle génération de réseau sans fil s’est juste appuyée sur des améliorations techniques bien définies. Des antennes plus performantes, de nouvelles normes de communication, une optimisation des flux de données…
Même le passage de la 5G à la 6G, avec l’intégration de l’IA dans les architectures réseau et l’adoption de l’Open RAN (Open Radio Access Network), ne suffira pas à révolutionner le secteur.
Saad, lui-même l’a dit : « Il faudra encore 10 à 15 ans avant de voir émerger un réseau sans fil doté d’une intelligence artificielle générale [IAG] capable de penser, de planifier et d’imaginer. »
Cela dit, l’équipe est convaincue que la transition peut commencer dès maintenant. Comment ? Avec la mise en place progressive des briques technologiques nécessaires.
Plutôt que d’attendre une percée soudaine, ils proposent une approche évolutive visant à construire un réseau sans fil vivant et intelligent.
Comment donner le bon sens humain à l’IA ?
Au départ, ils ont exploré le métavers et son lien avec la 6G, en intégrant une IA directement aux réseaux sans fil. Cependant, ils ont vite réalisé un problème.
Les IA actuelles sont conçues pour d’autres domaines et donc mal adaptées aux réseaux de communication. Résultat, ces modèles sont trop limités pour réellement faire évoluer la technologie.
Alors, l’équipe a compris : « Si l’on veut fusionner le monde physique et le monde virtuel, il faut un miroir parfait entre les deux » […] « Ce n’est pas quelque chose que l’IA classique est capable de faire. »
Ils proposent donc d’utiliser des jumeaux numériques. Pour ceux qui ne le savent pas, ce sont des copies virtuelles du monde réel.
« En utilisant un jumeau existant comme base d’un modèle global, nous pouvons créer une IA capable de réflexion avancée et intégrer ces processus dans l’architecture du réseau dès maintenant.
« Cela permettrait de surmonter les limites actuelles des réseaux et d’ouvrir la voie à une toute nouvelle ère de communication. C’est une avancée gagnant-gagnant pour l’IA et les télécommunications » affirme Saad.
Toutefois, cela nous conduira à la création d’une intelligence artificielle générale (AGI). Un modèle qui ne se contentera plus de traiter des données mais ayant une véritable intuition physique. Une capacité à planifier et à prédire, comme un humain.

D’ailleurs, avec cette approche, il serait même possible de créer une nouvelle génération d’agents IA humanoïdes. Des modèles capables d’interagir avec leur environnement de façon bien plus naturelle qu’aujourd’hui.
Or, ce n’est pas pour rien si de nombreux experts mettent en garde contre l’AGI. Certes, tout dépend de la façon dont elle sera utilisée. Cependant, à mon avis, le risque est trop grand.
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