Depuis deux ans, l’IA est accusée de préparer une vague de licenciements. Difficile pour les salariés de ne pas s’inquiéter. En plus, dirigeants, experts et rapports officiels alimentent cette peur.
Et pourtant, les données récentes invitent à revoir ce scénario. Les chiffres montrent que le marché du travail réagit différemment. Que l’histoire est bien moins sombre que prévu.
Et si nous faisions fausse route sur l’IA ?
Les données de Vanguard montrent que les métiers très exposés à l’automatisation progressent davantage qu’avant la pandémie. Ce, malgré les discours alarmistes des géants de la tech sur l’IA et le travail.
La croissance atteint 1,7 % entre mi-2023 et mi-2025. Or, avant la crise sanitaire, ce rythme plafonnait à 1 %. Cette analyse porte sur environ 140 métiers sensibles à l’automatisation. Elle inclut employés administratifs, assistants juridiques ou data scientists.
Ces postes concentrent des tâches automatisables par des systèmes autonomes. Logiquement, ils semblaient menacés à court terme. Or, aucune baisse nette de l’emploi n’apparaît dans ces professions. Ce sont même les autres professions qui affichent une dynamique plus lente.
Adam Schickling, économiste chez Vanguard, confirme cette stabilité. Les courbes ne montrent pas de recul significatif. Le scénario d’une disparition rapide ne se matérialise pas.
Et l’entreprise vous rassure. La période 2020-2022 a volontairement été exclue de l’analyse. Car le marché du travail vivait une situation hors norme à cette époque. Comparer ces années aurait brouillé la lecture des tendances. Vanguard a préféré une base plus fiable.
Des salaires qui montent, un signal de plus
L’évolution des salaires apporte un éclairage complémentaire. Avant la pandémie, les métiers exposés à l’IA connaissaient une progression réelle limitée. La hausse atteignait seulement 0,1 %, inflation déduite. Le constat post-Covid surprend.
Après la crise sanitaire, cette croissance salariale grimpe à 3,8 %. Cette accélération dépasse celle des métiers moins exposés. Ces derniers passent de 0,5 % à 0,7 %. L’écart interpelle clairement les économistes.
Un marché fragilisé par l’IA aurait montré l’inverse. Des salaires en baisse auraient traduit une pression technologique directe. Or, la tendance observée va dans l’autre sens. L’IA ne tire pas encore les rémunérations vers le bas.
Vanguard estime que le ralentissement global de l’emploi est mal attribué. L’IA explique peu cette décélération récente. D’autres facteurs économiques pèsent davantage. La technologie sert surtout d’accélérateur de productivité ciblé.
Les débutants n’ont donc pas de quoi s’inquiéter ?
Nous connaissons la chanson, les jeunes actifs sont les plus inquiets dans cette histoire. Pourquoi ? Car les postes d’entrée semblent plus faciles à automatiser. Certaines entreprises évoquent, d’ailleurs, déjà des suppressions ciblées.
Toutefois, les données internes de Vanguard nuancent ce ressenti. La firme analyse les comptes de cinq millions de participants à ses plans 401(k). Cette base permet de suivre l’intégration des jeunes travailleurs. Et la tranche 21-25 ans conserve une présence solide. Aucun décrochage massif n’apparaît.
Pour autant, notez que les études de la Réserve fédérale confirment des ajustements locaux. Des boîtes réduisent certaines équipes administratives. Un fabricant a, par exemple, diminué ses effectifs de 15 %. Bien que ces cas restent ponctuels et sectoriels.
Le Livre beige évoque aussi des recrutements gelés. Des déploiements modestes d’IA suffisent parfois à limiter les embauches. Les promotions de juniors peuvent être repoussées. La pression existe donc encore.
Quoi qu’il en soit, plusieurs dirigeants technologiques relativisent cette peur. Jeetu Patel, président de Cisco, critique l’abandon des jeunes talents. Selon lui, refuser d’embaucher par crainte de l’IA serait une erreur stratégique. Les sociétés ont encore besoin de cerveaux humains.
Qu’est-ce qui empêche l’IA de voler notre travail ?
Si l’IA progresse vite, ses défauts persistent. Les modèles peinent encore avec les hallucinations. Ces erreurs posent problème dans des contextes professionnels sensibles.
La confiance totale n’est pas encore acquise. Comme le dit Adam Schickling, cette instabilité limite une automatisation complète. Les entreprises préfèrent avancer avec prudence.
Evidemment, à long terme, des perturbations sont probables. Vanguard anticipe une baisse de demande humaine dans certains métiers. Service client, data science ou assistance juridique figurent parmi eux.
Ironie du sort, les économistes sont aussi concernés. Les modèles analysent déjà des volumes massifs de données. Leur progression rapide interroge la profession. Schickling reconnaît lui-même ce risque personnel. La transition s’annonce toutefois progressive.
Pour ce qui est de l’instant présent, le marché observe plutôt une adaptation qu’un choc. L’IA modifie les méthodes, pas l’existence du travail.
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