Certains terrains restent encore le domaine exclusif de l’esprit humain et l’IA ne peut rien contre cela. Le jeu Connections, qu’a proposé le New York Times, en est l’exemple parfait.
Derrière l’apparence simple du jeu se cache un vrai casse-tête conceptuel. Et l’intelligence artificielle (IA) finit ici par admettre sa défaite face à l’humain. D’ailleurs, selon les ingénieurs du journal, ce petit jeu prouve que notre cerveau garde une longueur d’avance dans certains domaines. En particulier lorsqu’on parle de comprendre la nuance, l’humour et le double sens.
Connections, un jeu taillé pour la pensée humaine
Comme l’explique New York Times, le jeu consiste à regrouper 16 mots en quatre catégories. À première vue, on pourrait croire que les grands modèles de langage avalent ce genre de défi sans difficulté. Je me réfère notamment à des modèles tels que ChatGPT, Gemini ou Grok.
Techniquement, ils peuvent résoudre Connections. Mais c’est seulement parce qu’ils ont été entraînés grâce à des milliards de paramètres et d’immenses quantités de données. Comparé aux IA, un humain peut apprendre à maîtriser le jeu sans dépenser des fortunes en puissance de calcul.
Un décalage entre humain et IA qui intrigue les experts
Cette différence intrigue effectivement les ingénieurs du New York Times. Connections exige non pas de la mémoire brute, mais une compréhension intuitive du langage. C’est la capacité à repérer un jeu de mots, une référence culturelle ou une interprétation inattendue. Bref, ce que les humains font naturellement depuis toujours.
Cette idée s’appuie en fait sur le fameux paradoxe de Moravec. Il affirme que les tâches les plus simples pour un humain peuvent être les plus complexes pour une machine. Peu importe les progrès récents, l’IA continue de trébucher dès qu’elle doit raisonner de manière flexible.
Pourquoi le cerveau humain garde l’avantage sur l’IA
Quand un joueur tente de résoudre Connections, il alterne entre deux modes de pensée. Le premier, rapide et instinctif, aide à identifier les associations évidentes. Des adjectifs similaires, des objets liés, des verbes proches. C’est efficace pour les catégories les plus simples du jeu.
Mais les deux groupes les plus difficiles nécessitent une approche plus réfléchie. Ce sont les fameuses catégories « bleues » et « violettes ». Ici, les mots ont plusieurs sens, parfois trompeurs. « Twist » peut être un personnage de Dickens, un mouvement de danse ou un rebondissement narratif. C’est là que l’humain excelle comparé à l’IA. Il est capable de repérer ces multiples facettes, d’imaginer des scénarios, de se souvenir de références.
Quant à l’intelligence artificielle, elle se contente généralement d’une prédiction statistique. Elle imite la compréhension sans réellement en posséder les mécanismes. La linguiste Emily M. Bender résume cela en un terme devenu célèbre : le « perroquet stochastique ».
Une IA qui tente d’imiter notre façon de raisonner
Un ingénieur du New York Times a voulu créer un modèle capable de jouer à Connections « comme un humain ». Son but étant de comprendre cette différence. Il ne s’est toutefois pas contenté d’utiliser un immense modèle de langage. Il a plutôt employé un réseau neuronal basé sur la structure des mots et leurs liens sémantiques. Ce système s’appuie sur des bases comme WordNet ou ConceptNet pour organiser les idées sous forme de graphes.
Le résultat que le chercheur a obtenu sur la machine est instructif. L’IA progresse, mais elle n’égale pas la finesse du raisonnement humain. Surtout, ce modèle plus transparent montre clairement comment l’IA prend ses décisions, et pourquoi elle se trompe parfois.
Peut-on donc dire que l’être humain gagne encore face à l’IA ?
À la fin de l’expérience, la conclusion est limpide. Connections rappelle que, malgré les performances spectaculaires de l’IA, notre cerveau est supérieur. Il reste maître dans l’art d’associer, d’interpréter et de comprendre le langage dans tout ce qu’il a de subtil. Ironiquement, cette évaluation censée améliorer l’IA finit par prouver autre chose. C’est que la véritable puissance est toujours de notre côté.
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