Des conférences bondées, des vidéos virales et des promesses d’un futur automatisé. En Chine, l’industrie de la robotique humanoïde semble vivre son âge d’or. Pékin a décidé que 2025 serait l’année du robot, inondant le secteur de subventions pour rattraper les États-Unis.
Le résultat est spectaculaire en surface, mais inquiétant en profondeur. Derrière les démos soignées se cache une réalité faite de technologies immatures, de copies flagrantes et d’une surchauffe financière. Comme pour les voitures électriques avant eux, les robots chinois s’accumulent. Et la chute risque d’être brutale.
Une armée de clones sous perfusion d’État
C’est une ruée vers l’or orchestrée depuis le sommet. Le gouvernement chinois injecte des milliards pour stimuler la production de masse d’humanoïdes. L’objectif ? Créer un nouveau moteur de croissance économique. La conséquence immédiate est une explosion du nombre de startups.
Le problème, c’est l’originalité. Ou plutôt son absence. Une grande partie de ces nouveaux acteurs se contentent de cloner les designs occidentaux, notamment le fameux Optimus de Tesla. On retrouve les mêmes silhouettes, les mêmes articulations, et souvent, les mêmes limites.
Ces entreprises survivent grâce aux fonds publics et au capital-risque qui craint de rater le coche. C’est une course à la part de marché où la rentabilité réelle n’est pour l’instant qu’une note de bas de page. On produit pour montrer qu’on existe, pas forcément pour répondre à un besoin industriel immédiat et viable.
Promesses marketing et chutes maladroites ?
Vous voyez ces vidéos où des robots plient du linge ou préparent du café avec une fluidité déconcertante ? Méfiez-vous du montage. La réalité technique est bien plus ardue. Si la Chine excelle dans la fabrication du hardware (les corps, les moteurs, les batteries), le cerveau de la machine reste à la traîne.
L’intelligence artificielle nécessaire pour faire bouger ces carcasses de métal dans un environnement chaotique n’est pas encore au point. En effet, la plupart de ces robots peinent à manipuler des objets irréguliers sans les écraser ou les lâcher. Par ailleurs, sur une scène plane, tout va bien. Sur le sol irrégulier d’une usine, c’est la chute assurée.
Beaucoup de ces projets relèvent du « vaporware ». Des coquilles vides présentées comme des révolutions. Les investisseurs achètent du rêve, mais les usines, elles, attendent toujours des ouvriers métalliques capables de faire plus que de la figuration.
Le spectre d’un crash à la « voiture électrique »
L’histoire bégaye. La Chine a connu une situation similaire avec les véhicules électriques (VE). Des milliers de constructeurs avaient émergé grâce aux aides d’État. Aujourd’hui, des cimetières de voitures neuves abandonnées témoignent de l’éclatement de cette bulle. Seule une poignée de champions a survécu.
La robotique humanoïde suit la même trajectoire. L’offre dépasse déjà une demande qui, concrètement, n’existe pas encore. Les entrepôts risquent de se remplir d’invendus technologiques.
Le gaspillage de ressources est ici colossal. On extrait des terres rares, on fond du métal et on consomme de l’énergie pour fabriquer des machines qui finiront potentiellement à la casse avant d’avoir travaillé une seule heure. C’est le paradoxe de la « Big Tech » à la chinoise : une innovation forcée, rapide, mais terriblement coûteuse sur le plan écologique et financier.
La pénurie de main-d’œuvre en Chine est réelle, le vieillissement de la population aussi. Mais penser que ces robots maladroits vont remplacer les ouvriers demain matin est une illusion coûteuse. La bulle gonfle, et quand elle éclatera, elle laissera beaucoup de ferraille sur le carreau. Et vous, qu’en pensez-vous ?
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