Dans la robotique, on connaissait les crash-tests, les démonstrations de force et les vidéos pleines de ralentis. EngineAI vient d’inventer un format nettement plus radical : le CEO qui sert de sac de frappe à son propre humanoïde ! Alors, est-ce un premier avant-goût du soulèvement des machines ? Ou bien y a t-il une autre explication ?
L’affaire commence comme tant d’autres polémiques technologiques : une vidéo trop spectaculaire pour être prise au sérieux.
Dans le premier clip dévoilé par EngineAI, on voyait le T800, un humanoïde argenté, profil athlétique et gestes d’une précision presque chorégraphiée, enchaîner coups de pied sautés, rotations et portes défoncées.
Le tout dans un décor sombre, éclairage dramatique à la limite du clip de K-pop. S’en est suivie une avalanche de commentaires accusant la startup de Shenzhen d’utiliser du CGI.
Plutôt que de sortir une fiche technique ou une démonstration en laboratoire comme le ferait Tesla ou Boston Dynamics, EngineAI a choisi… le CEO.
Dans une nouvelle vidéo tournée en studio clair et intitulée sans détour “Setting the Record Straight on CGI Rumors”, Zhao Tongyang, le fondateur de la société, apparaît affublé de protections.
Face à lui : le T800, parfaitement immobile. Un décompte, un bref mouvement, et bam. Le robot lui envoie un coup de pied sec qui le projette au sol, filmé sous plusieurs angles.
Le buzz a explosé. Certains saluent le courage (ou l’inconscience) du patron. D’autres crient encore au montage. Mais une chose est sûre : EngineAI a réussi à reprendre la main. Et surtout, à prouver que sa machine n’est pas un simple effet spécial.
Le T800 : pas un Terminator… mais pas loin niveau specs
Derrière la mise en scène, le T800 est surtout une machine à très haut potentiel. Ses caractéristiques sont loin du gadget marketing.
Le robot mesure 173 cm, pèse 75 kg avec batterie, et affiche 29 degrés de liberté — auxquels s’ajoutent 7 DOF par main, permettant des manipulations fines.
Côté mobilité, on est dans la catégorie “athlétique” : rotations rapides, coups de pied aériens, changements de direction sans perte d’équilibre.
Le secret ? Des moteurs high-torque capables d’atteindre 450 Nm, un niveau de puissance qui autorise des accélérations impressionnantes.
À cela s’ajoute une structure en aluminium aéronautique, solide et légère, et un détail rare dans l’industrie : un refroidissement actif dans les articulations des jambes. De quoi maintenir la performance pendant de longues séquences d’effort.
Pour tenir la cadence, le T800 embarque une batterie solide modulaire, échangeable à chaud, pour 4 heures d’activité intense.
Et côté cerveaux, l’association d’un Intel N97 et d’un NVIDIA AGX Orin fournit 275 TOPS de puissance de calcul. Assez pour gérer perception, locomotion et mouvements à haute dynamique en simultané.
Walking speed : 3 m/s, soit une allure de sprint léger pour un robot humanoïde. Perception : LiDAR 360°, caméra stéréo, détection en temps réel.
Face à Tesla Optimus, Figure 02 ou Unitree G1, le T800 n’a pas à rougir. Il joue même dans une catégorie un peu différente : celle des humanoïdes capables de mouvements franchement agressifs.
Alors, génie marketing ou dérapage contrôlé ?
Le choix de communication d’EngineAI interroge. À ce rythme, le CES 2026 devra prévoir un octogone pour les démonstrations !
Dans un secteur où chaque acteur insiste sur la sécurité, la conformité et la collaboration homme-robot, voir un patron se faire mettre au sol par sa propre machine ressemble à un pari risqué.
D’un côté : cette stratégie casse la monotonie habituelle des slides techniques. Elle prouve au monde, sans doute possible, que les mouvements les plus spectaculaires ne sont pas du CGI. Et dans un marché saturé par les promesses plus ou moins tenues, la démonstration physique vaut de l’or.
De l’autre, associer un humanoïde à un univers “combat-ready” peut créer un imaginaire problématique. À l’heure où Tesla, Figure AI ou Boston Dynamics veulent montrer des robots utiles, fiables, non menaçants, EngineAI s’aventure dans un espace narratif où la violence fait partie de la proposition.
Et ce n’est pas un accident : la société prépare un Robot Boxer Event le 24 décembre, sorte de compétition de démonstrations de force entre machines. Une manière assumée de se démarquer.
La Chine impose un nouveau storytelling : celui des humanoïdes extrêmes
On voulait des robots pour porter des cartons, on se retrouve avec des robots qui nous placent en PLS.
Cette affaire dépasse largement le buzz d’un CEO mis au tapis. Elle illustre le changement de stratégie chez les fabricants chinois : montée en puissance rapide, démonstrations musclées, et volonté d’impressionner avant même d’industrialiser.
Fourier Intelligence qui dévoile des robots au rythme de startups SaaS. UBTech qui présente des humanoïdes capables de travailler en entrepôt. Astribot qui publie des vidéos d’une précision chirurgicale.
Et désormais EngineAI, qui pousse la logique encore plus loin : la preuve par l’impact.
L’Occident mise sur la sécurité, la conformité, la répétabilité. La Chine mise sur le choc visuel, la vitesse d’exécution et des démos qui ressemblent déjà à du cinéma d’action. Deux philosophies, deux temporalités… et une compétition mondiale qui s’intensifie.
Le T800 n’est peut-être pas le début d’un nouvel âge cyberpunk, mais il symbolise quelque chose d’essentiel : la robotique chinoise n’avance plus prudemment. Elle avance vite. Très vite. Et parfois, ça implique un patron qui vole sur trois mètres.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Seriez-vous capable d’encaisser un coup de pied robotique aussi bien que le CEO d’EngineAI ? Partagez votre avis en commentaire !
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