Les lignes de production changent de visage. Bientôt, ce ne sont plus des ouvriers mais des robots humanoïdes qui marcheront dans les couloirs des usines Renault, épaulés par l’IA et les ambitions industrielles françaises.
Renault investit dans Wandercraft, fabricant d’exosquelettes reconnu pour ses applications médicales. Cette collaboration vise à créer une nouvelle gamme de robots industriels, baptisée Calvin, destinés à l’univers de l’automobile. Ces machines, pensées pour exécuter des tâches répétitives et pénibles, devraient aider à réduire les troubles musculo-squelettiques chez les travailleurs. En contrepartie, Renault assurera la fabrication à grande échelle de ces robots à « bas coût », tout en intégrant ces technologies dans ses propres usines.
Wandercraft ne se limite pas aux chaînes d’assemblage. Son exosquelette Eve, destiné aux personnes atteintes de quadriparésie, fait aussi partie du plan de fabrication à venir. Ce partenariat avec Renault permettra à Wandercraft d’élargir la portée de ses appareils médicaux, en s’appuyant sur des infrastructures capables de produire en volume. L’objectif : rendre accessibles des solutions technologiques qui changent la vie des patients comme celle des employés d’usine.
Renault rejoint un mouvement mondial déjà bien lancé
Le groupe français suit les traces de Tesla, Hyundai, Dong Feng et Mercedes dans le domaine des humanoïdes. Elon Musk développe Optimus, déjà présenté comme le futur assistant domestique et ouvrier modèle. En Corée, Hyundai s’appuie sur Atlas, une création de Boston Dynamics, tandis que Mercedes collabore avec Apptronik autour d’Apollo. Le chinois Dong Feng, de son côté, mise sur Walker S, mis au point par Ubtech Robotics. Renault devient ainsi le premier constructeur européen à s’impliquer aussi activement dans cette industrie émergente.
Pour Wandercraft, l’arrivée de Renault dans son capital constitue une étape clé vers la production à grande échelle de robots humanoïdes. Jusqu’ici soutenue par des fonds d’investissement, la start-up s’offre une alliance stratégique avec un industriel historique. Matthieu Masselin, co-fondateur de Wandercraft, insiste sur la portée de ce projet : « Ce partenariat renforcera notre capacité à construire des robots à fort impact et à faible coût ». L’objectif est double : améliorer la vie des personnes handicapées et renforcer l’autonomie technologique de l’Europe.
Un enjeu de souveraineté technologique
Jean-Louis Constanza, autre cofondateur de Wandercraft, met en avant une dimension stratégique forte. Pour lui, « le monde se divise en deux : ceux qui savent fabriquer des robots humanoïdes, et les autres ». Le soutien de Renault à une technologie française s’inscrit donc dans une logique de souveraineté industrielle.
À cette ambition s’ajoute la participation annoncée de Mistral AI, autre acteur tricolore du numérique, qui pourrait apporter une expertise précieuse en IA.
Le projet Calvin ne se contente pas d’un effet d’annonce. Il préfigure un basculement progressif dans les pratiques industrielles, où l’IA et la robotique deviennent des leviers de compétitivité. Avec Wandercraft et Renault, l’Europe joue une nouvelle carte dans la course mondiale aux humanoïdes. Les premiers résultats concrets sont désormais attendus avec curiosité.
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