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Figure et ses robots IA : la startup qui va changer le monde ? Tout savoir !

En trois ans, la startup californienne Figure est passée du prototype bricolé à une valorisation de près de 40 milliards de dollars et à une usine capable de produire des milliers d’humanoïdes par an. Soutenue par Jeff Bezos, Microsoft, Nvidia et BMW, elle incarne la course mondiale vers le robot polyvalent : un humanoïde capable de comprendre, manipuler et apprendre sans supervision. Découvrez tout ce qu’il faut savoir ! 

La jeune entreprise américaine Figure s’est fixé une mission : créer des robots humanoïdes généralistes, capables de penser et d’agir dans le monde réel. 

Fondée en 2022 dans la Silicon Valley, cette startup progresse à un rythme fulgurant et suscite un grand intérêt dans le secteur de la robotique. 

A travers ce dossier complet, LeBigData vous propose de plonger dans l’historique de Figure, de découvrir en détail la technologie de ses robots humanoïdes, et de comprendre sa position sur le marché mondial face aux autres acteurs comme Tesla, Boston Dynamics ou Unitree. 

Historique de l’entreprise Figure

C’est en 2022 que Figure est fondée par Brett Adcock, un entrepreneur américain déjà connu pour avoir cofondé Archer Aviation (drones taxi volants) et Vettery (plateforme de recrutement). 

Au départ, Adock investit ses propres fonds (plus de 10 millions de dollars en 2022) pour lancer l’entreprise. Il recrute une équipe de haut niveau, comprenant des experts de Boston Dynamics et de Tesla. 

Parmi les recrues figure notamment le Dr Jerry Pratt, un chercheur renommé de l’IHMC (Florida Institute for Human & Machine Cognition) ayant plus de 20 ans d’expérience en robotique humanoïde.

Ce dernier a participé au développement du robot Atlas de Boston Dynamics pour le DARPA Robotics Challenge. C’est cette expertise interne qui a permis à Figure de concevoir rapidement son tout premier robot humanoïde : le Figure 01.

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Dès l’origine, l’objectif de Figure était de créer un humanoïde polyvalent capable d’effectuer des travaux manuels dans divers environnements professionnels. 

Adcock insiste sur le potentiel supérieur des robots généralistes par rapport aux robots spécialisés : un même humanoïde pourrait accomplir presque n’importe quelle tâche aujourd’hui réalisée par un humain.

Ainsi, il pourrait soulager les personnes des travaux dangereux, pénibles ou peu valorisés. Tout d’abord, Figure cible des applications dans la logistique, les entrepôts et le retail (grandes surfaces, e-commerce). 

Des secteurs confrontés à des pénuries de main d’œuvre aux États-Unis. À terme, la vision de Brett Adcock est très ambitieuse : « le robot humanoïde deviendra le vecteur ultime de déploiement d’une intelligence artificielle générale» et pourrait un jour être aussi répandu que les humains…

Les premiers prototypes qui ont choqué le monde entier 

Après six mois de développement discret, Figure a dévoilé publiquement son prototype Figure 01 début 2023. 

Ce robot bipède de taille humaine a commencé par maîtriser la marche autonome, puis a appris ses premières tâches pratiques.

En quelques mois, Figure a démontré son humanoïde en train de marcher de façon dynamique, de préparer du café et de manipuler des bacs dans un contexte d’usine (tri de pièces, logistique. 

Ces démonstrations, réalisées d’ici octobre 2023, visaient à prouver que Figure 01 dépassait le stade du « coup de pub » technologique pour effectuer de véritables travaux utiles en environnement réel. 

Adcock expliquait vouloir tester le robot sur un maximum de cas d’usage simples afin d’atteindre le plus vite possible une utilisation commerciale en entrepôt. 

Il envisageait même un pilote de 50 robots dans un entrepôt réel en 2024, illustrant la confiance de la startup dans sa capacité à rapidement passer du prototype à l’échelle.

Des levées de fonds colossales 

La trajectoire fulgurante de Figure s’est accompagnée de levées de fonds très importantes. En mai 2023, la jeune pousse annonce une première levée externe de 70 millions de dollars menée par le fonds Parkway Venture Capital. 

Brett Adcock lui-même a réinvesti 20 millions $ dans ce tour de table, aux côtés d’autres investisseurs comme Aliya Capital et Bold Ventures. 

À peine quelques mois plus tard, en février 2024, Figure réalise un tour de financement record d’environ 675 millions de dollars, avec la participation de nombreux géants de la tech.

Jeff Bezos (fondateur d’Amazon) apporte 100 millions via son fonds, Microsoft investit 95 millions, Nvidia 50 millions, un fonds lié à Amazon 50 millions, et même OpenAI (célèbre pour ChatGPT) contribue de 5 millions. 

D’autres investisseurs stratégiques incluent Intel (via son fonds Capital), la division investissement de Samsung, LG, ainsi que les VCs Align Ventures, ARK Venture, Tamarack et à nouveau Parkway VC.

Ce tour valorise Figure autour de 2,6 milliards de dollars. La somme totale levée par Figure dépasse ainsi 2 milliards $ dès ses deux premières années. 

En parallèle, des rumeurs fin 2024-début 2025 font état de discussions pour un financement encore plus colossal (1,5 milliard $) valorisant la société près de 40 milliards $ – preuve de l’engouement autour de la vision de Figure. 

En septembre 2025, cette valorisation est confirmée : Figure boucle une Série C d’un milliard de dollars, portant sa valorisation post-money à 39 milliards $. Les fonds servent à financer la montée en puissance de BotQ et l’expansion du programme Project Go-Big, une initiative de collecte massive de données réelles destinée à nourrir Helix.

Déjà plusieurs partenariats de prestige 

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En janvier 2024, Figure signe un accord majeur avec le constructeur automobile BMW pour déployer ses humanoïdes sur des lignes de production automobiles. 

Peu après, Figure officialise également un partenariat stratégique avec OpenAI : l’idée est de combiner la plateforme robotique de Figure avec les modèles d’IA d’OpenAI, ces derniers développant des modèles spécialisés pour accélérer l’apprentissage et le raisonnement en langage naturel des robots. 

Grâce à cette collaboration, Figure espérait doter ses robots d’une compréhension avancée des instructions humaines et du contexte, afin de « traiter et raisonner à partir du langage » en support de leurs actions. 

En février 2025, Figure officialise la fin du partenariat avec OpenAI. Brett Adcock affirme alors que l’entreprise a réalisé une percée en IA dite « end-to-end », capable de convertir directement les flux de caméras en actions motrices sans dépendre d’un modèle externe. Cette décision marque la naissance d’une IA 100 % interne baptisée Helix, intégrée à la pile logicielle Figure.

Brett Adcock a déclaré début 2025 que Figure avait réalisé une avancée interne en IA rendant les partenariats externes « inutiles pour [leur] succès »

Cette évolution souligne la volonté de Figure de maîtriser l’ensemble de la pile technologique, du matériel à l’intelligence artificielle embarquée.

Une évolution fulgurante 

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En août 2024, Figure a dévoilé la Figure 02, seconde génération de son robot humanoïde, marquant une étape importante vers le déploiement industriel. 

Puis en février 2025, la startup a présenté Helix, version encore plus aboutie de son humanoïde avec des capacités d’IA généraliste accrues (nous détaillons ces aspects techniques plus loin).

Quelques mois plus tard, Figure présente la Figure 03, troisième génération de son humanoïde. Ce modèle adopte un design plus industrialisable : composants rationalisés, châssis allégé (-9 % vs Figure 02), capteurs tactiles intégrés capables de détecter quelques grammes de pression, et charge inductive 2 kW via des bobines situées dans les pieds.

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Les caméras, deux fois plus rapides et à latence divisée par quatre, offrent un champ de vision élargi de 60 %. Les mains embarquent désormais des caméras dans la paume, permettant la vision rapprochée d’objets saisis. Figure 03 inaugure également un habillage textile lavable et une batterie certifiée UN38.3, en vue d’usages domestiques.

Parallèlement, Figure prépare l’industrialisation de sa production : en mars 2025, elle a annoncé la création de BotQ, une usine de fabrication capable de produire jusqu’à 12 000 humanoïdes par an.

L’objectif de BotQ est de produire jusqu’à 12 000 robots par an dès 2026, avec une montée en cadence vers 100 000 unités sur quatre ans, selon la roadmap interne communiquée à l’automne 2025.

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Fait notable, Figure prévoit d’utiliser progressivement ses propres robots dans la chaîne d’assemblage pour construire d’autres robots… 

Cette stratégie de « robots qui construisent des robots » démontre l’ambition à long terme de l’entreprise. 

Si l’on se réfère aux propos d’Adcock, Figure s’inscrit dans un horizon de 20 à 30 ans pour réaliser pleinement sa vision, avec l’ambition de transformer en profondeur de nombreux secteurs grâce à des humanoïdes polyvalents.

Les robots humanoïdes de Figure : conception et fiche technique

Figure travaille sur une génération de robots humanoïdes de taille humaine, dont le premier modèle s’appelle Figure 01

Ce robot a été conçu comme un ouvrier robotisé généraliste : il adopte une forme et des dimensions proches de l’humain, marche sur deux jambes, dispose de deux bras équipés de mains à cinq doigts, et intègre de l’intelligence artificielle pour apprendre de nouvelles tâches. 

Voici un tour d’horizon détaillé de ses caractéristiques techniques :

  • Dimensions et design : Figure 01 mesure environ 1,68 m de haut pour un poids d’environ 60 kg, soit des mensurations comparables à celles d’un adulte moyen Sa silhouette est volontairement proche de l’humain (taille d’une personne moyenne) afin de pouvoir évoluer dans les espaces et infrastructures conçus pour les humains. 

Le design du robot est épuré : la tête est dotée d’une visière lisse (écran ou vitre teintée) sans traits distinctifs, lui donnant un aspect futuriste tout en dissimulant les caméras et capteurs de vision. 

Le corps est réalisé principalement en aluminium (châssis, coques externes) pour allier solidité et légèreté. 

Les premières versions de Figure 01 laissaient apparaître une partie des composants électroniques et du câblage, notamment au niveau du torse et des jambes, tandis que la nouvelle Figure 02 lancée en 2024 intègre désormais l’essentiel des câbles à l’intérieur des membres pour un design plus abouti. 

De même, Figure 02 a abandonné le sac à dos de batteries externe visible sur Figure 01 : la batterie est désormais intégrée dans le torse du robot, ce qui améliore l’esthétique et l’équilibre de l’ensemble. 

Au total, l’humanoïde de Figure possède plus de 40 degrés de liberté articulaires (DOF) sur l’ensemble du corps. 

Cela inclut environ 25 axes de mouvement principaux du torse, des bras et des jambes (le robot peut notamment se pencher en avant entièrement pour ramasser un objet au sol), auxquels s’ajoutent les multiples articulations des mains et poignets. 

La version Helix annoncée en 2025 porte à 35 le nombre de degrés de liberté utilisables de manière coordonnée, avec des poignets et des doigts encore plus agiles.

  • Locomotion et équilibre : Le robot de Figure marche sur deux jambes en reproduisant une démarche humaine. 
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Il est capable de maintenir son équilibre en dynamique et de se déplacer à une vitesse maximale d’environ 4,3 km/h (soit un pas rapide). 

L’utilisation d’actionneurs électriques avancés (plutôt qu’hydrauliques comme sur certains robots de recherche) permet des mouvements plus fluides et un gabarit resserré au niveau des articulations. 

Figure a consacré beaucoup d’efforts à la stabilité de la marche de son humanoïde, visant un niveau de naturel tel qu’on pourrait tromper 90 % des gens lors d’un test de Turing de la marche” selon Adcock. 

Le robot peut évoluer sur sol plat, et l’objectif est qu’il puisse gérer des terrains modérément irréguliers ou des pentes légères à terme. 

En environnement industriel, Figure 01 a démontré savoir monter et descendre des escaliers, et la Figure 02 a amélioré encore l’algorithme de locomotion. 

Pour la sécurité, les tests en laboratoire se font souvent avec un système de suspension (gantry) pour éviter les chutes brutales, mais lors des essais en conditions réelles le robot a opéré sans attache tout en évitant de chuter, y compris pendant de longues sessions de travail.

  • Manipulation et capacité de charge : Les bras du Figure 01 se terminent par des mains à cinq doigts opposables, ce qui lui donne une dextérité proche de la main humaine. 

Sur la première version, les mains pouvaient manipuler des objets simples ; pour Figure 02, les mains ont été entièrement redessinées afin d’améliorer la dextérité et la force : chaque main offre 16 degrés de liberté (plusieurs articulations par doigt) et permet de saisir des objets de formes variées. 

Le robot est capable de porter des charges allant jusqu’à ~20-25 kg – par exemple soulever et transporter des cartons ou des bacs dans un entrepôt. 

Figure indique que son humanoïde peut soulever sans assistance pratiquement n’importe quel petit objet du quotidien, y compris des objets qu’il n’a jamais vus, grâce à la robustesse de son apprentissage par vision et manipulation. 

Lors des pilotes en usine (voir plus loin), les robots Figure ont ainsi déplacé des bacs de pièces et alimenté des convoyeurs sans difficulté.

La précision de manipulation s’appuie sur une combinaison de vision (caméras) et de retour d’effort tactile : en 2025, l’update Helix a introduit notamment le sens du toucher (capteurs de force dans les mains) et une mémoire à court terme, permettant au robot d’adapter sa préhension en temps réel. 

Ces améliorations ont conduit Figure à montrer son robot réalisant une heure complète de travail logistique ininterrompu (déplacement d’objets sur un convoyeur), en conservant une performance stable et proche de celle d’un humain sur la tâche. C’est un indicateur fort de la fiabilité mécanique et logicielle atteinte par la plateforme.

  • Capteurs et perception : Pour percevoir son environnement, le robot Figure est équipé de multiples caméras et capteurs

La Figure 02 embarque ainsi 6 caméras RVB réparties pour une vision à 360° ou presque. Ces caméras, combinées à des algorithmes de vision par ordinateur (y compris un modèle vision-language embarqué), permettent au robot de reconnaître les objets, d’estimer les distances et de naviguer en évitant les obstacles. 

Le robot dispose également de microphones et de haut-parleurs intégrés, ce qui lui permet d’écouter des instructions vocales humaines et d’y répondre oralement si nécessaire.

Des capteurs inertiels (IMU), des encodeurs dans chaque articulation, et possiblement des capteurs de force dans les membres complètent l’éventail pour assurer l’équilibre et mesurer les interactions physiques (efforts, contact).

  • Intelligence embarquée et système d’exploitation : Figure a développé son propre logiciel de contrôle des humanoïdes, intégrant des modules d’IA pour la vision, la planification de mouvements et l’interaction. 

Le robot fonctionne probablement sous une architecture en temps réel pour les contrôles bas-niveau (propre à la robotique, type ROS ou système temps réel dédié) couplée à des ordinateurs embarqués de type PC industriel ou GPU pour l’IA. 

En effet, la Figure 02 embarque à bord deux modules GPU Nvidia RTX qui lui apportent une puissance de calcul 3× supérieure à celle du premier modèle. 

Ces processeurs lui permettent de faire de l’inférence d’IA en temps réel sur le robot lui-même, sans dépendre d’un cloud externe, y compris pour les modèles de vision et de langage.

En partenariat avec OpenAI (avant que celui-ci ne se termine en 2025), Figure avait intégré un modèle de conversation custom entraîné spécifiquement pour l’humanoïde : ainsi, le robot pouvait converser simplement avec un opérateur humain, par exemple pour recevoir des instructions vocales ou poser des questions en cas de doute. 

L’ambition est d’arriver à un robot capable de comprendre des commandes en langage naturel et d’ajuster son comportement en conséquence, sans reprogrammation complexe.

L’architecture logicielle de Figure suit par ailleurs une approche en deux niveaux (inspirée du fonctionnement humain) : un système 1 gère le contrôle bas-niveau et les réflexes à haute fréquence (200 Hz), tandis qu’un système 2 planifie les tâches et prend des décisions à une fréquence plus basse (~7-9 Hz). 

Ce duo permet au robot d’élaborer un plan (système 2) puis de l’exécuter de manière fluide et réactive via le système 1.

En 2025, Helix franchit un palier avec une version dite « logistics » : sur des tests de manutention de colis, le robot atteint 4,05 secondes par cycle en moyenne et 95 % de réussite pour l’orientation d’étiquettes, contre environ 5 s sur la génération précédente. Helix exploite une mémoire temporelle à court terme et des retours d’effort tactiles pour ajuster la préhension en temps réel.

Grâce à ces avancées, Figure affirme que son IA est capable de généraliser à des tâches non explicitement programmées : les robots commencent à effectuer des tâches pour lesquelles ils n’ont pas été entraînés spécifiquement, en combinant leurs compétences de base. C’est un pas vers le robot « généraliste » apte à s’adapter à des environnements nouveaux.

  • Alimentation et autonomie : Le robot est alimenté par une batterie rechargeable embarquée, logée initialement dans un sac à dos (pour Figure 01) puis entièrement intégrée dans le torse (Figure 02). 
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Cette batterie lui confère une autonomie d’environ 5 heures en fonctionnement modéré, ce qui est remarquable pour un humanoïde de cette taille. 

En utilisation réelle sur site industriel, Figure indique que ses robots peuvent fonctionner quasiment en continu en se relayant ou en se rechargeant par rotation. 

Par exemple, lors d’un test chez BMW, les robots ont pu travailler presque 24h/24 sur 7 jours pendant deux semaines. 

À terme, Figure vise des solutions de recharge automatique (station de docking) ou l’échange rapide de batteries pour maximiser le temps de disponibilité.

Notons qu’en usage normal, l’autonomie effective dépendra beaucoup de la charge utile soulevée et des déplacements effectués : porter des charges lourdes ou marcher vite consommera la batterie plus rapidement.

En synthèse, l’humanoïde Figure combine un corps robuste (structure en aluminium, actionneurs électriques, 40 axes de mouvement) capable de marcher, soulever et manipuler de nombreux objets, avec un cerveau électronique puissant (GPUs embarqués, modèles IA entraînés) lui donnant une certaine compréhension de son environnement et une capacité d’apprentissage. 

La Figure 02 représente une évolution notable en intégrant davantage les composants (câbles, batteries) et en améliorant la dextérité des mains ainsi que la puissance de calcul. 

Enfin, l’itération Helix (2025) pousse l’aspect IA généraliste encore plus loin, en permettant par exemple de faire collaborer deux humanoïdes entre eux contrôlés par un même cerveau logiciel vision-langage-action. 

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Ce concept de coordination multi-robots suggère que Figure envisage non pas un robot isolé, mais de véritables équipes d’humanoïdes à l’avenir, coopérant pour accomplir des tâches complexes.

Partenariats industriels, cas d’usage et ambitions de Figure

Déploiement pilote dans l’automobile avec BMW

L’un des premiers grands partenaires industriels de Figure est le constructeur BMW. En janvier 2024, Figure a annoncé un accord avec BMW Manufacturing pour tester et déployer ses robots humanoïdes dans des usines automobiles. 

Ce partenariat a rapidement abouti à un projet pilote mené sur le site BMW de Spartanburg en Caroline du Sud (une usine produisant des SUV pour le marché américain). 

Ce pilote s’est déroulé de manière progressive, sur un échantillon restreint de robots et à cadence limitée. BMW a confirmé à l’été 2024 qu’aucun déploiement continu n’était encore effectif, mais que la phase de test et de capture de données se poursuivait en vue d’une intégration plus large.

Concrètement, les humanoïdes de Figure ont été chargés de déplacer des bacs (totes) de pièces sur la ligne d’assemblage et d’effectuer d’autres opérations de manutention en zone de production. 

D’après Brett Adcock, l’essai a été concluant : les robots ont pu travailler quasiment sans interruption, montrant une endurance et une fiabilité prometteuses dans un environnement industriel exigeant. 

Fort de ce succès, BMW a décidé d’étendre l’expérience. Une flotte initiale de robots Figure (probablement entre 5 et 9 unités) doit être déployée de façon permanente à l’usine de Spartanburg à partir de janvier 2025. 

Ces humanoïdes interviendront sur divers postes, avec un accent initial sur la manutention de pièces automobiles (approvisionnement de la chaîne, déplacement d’éléments entre postes, etc.).

Le choix du secteur automobile n’est pas anodin : les constructeurs automobiles sont familiers des robots depuis des décennies (robots industriels fixes pour l’assemblage), et plusieurs entreprises développant des humanoïdes ont récemment ciblé ce domaine. 

Outre Figure avec BMW, Boston Dynamics, Apptronik et Sanctuary AI ont également annoncé des pilotes ou collaborations avec des usines automobiles. 

Ces entreprises voient dans l’automobile un terrain idéal pour tester des robots humanoïdes en conditions réelles, car les usines sont à la fois très automatisées (ce qui facilite l’acceptation des robots) et malgré tout remplies de tâches non automatisées où des humanoïdes pourraient prêter main forte (approvisionnement de pièces, vissage simple, contrôle visuel, etc.). 

Figure semble ici bien positionnée : réussir à convaincre BMW et à déployer ses robots sur ligne de production est un signe fort, d’autant que Tesla (concurrent majeur dans l’humanoïde, voir plus loin) n’a pas encore annoncé de déploiement concret de son robot dans ses propres usines. 

Grâce à BMW, Figure obtient une vitrine industrielle de premier plan pour affiner les capacités de ses robots dans un contexte réel de production.

Collaboration (avortée) avec OpenAI pour l’IA des robots

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En février 2024, Figure a établi un partenariat très médiatisé avec OpenAI, le créateur de ChatGPT, dans le but de doter ses robots d’une intelligence artificielle avancée. 

L’idée était d’utiliser l’expertise d’OpenAI en modèles de langage et en IA généraliste pour accélérer le développement cognitif des humanoïdes Figure. 

OpenAI a d’ailleurs investi une petite somme (5 millions $) dans le financement de Figure, et a travaillé à construire des modèles spécialisés pour les robots. 

Ces modèles visaient à permettre aux humanoïdes de Figure de comprendre des instructions en langage naturel et de raisonner sur ces instructions pour adapter leur comportement. 

Par exemple, un ouvrier aurait pu dire oralement au robot « prends cette boîte et apporte-la à tel endroit », et le robot aurait interprété la phrase pour l’exécuter.

Ce partenariat s’inscrivait dans une tendance plus large où des startups de robots humanoïdes cherchent à intégrer les dernières avancées en IA générative et en apprentissage profond pour rendre les machines plus intelligentes. 

Figure n’est pas la seule dans ce cas : la startup norvégienne 1X (ex-Halodi) a aussi reçu un investissement d’OpenAI, tout comme Sanctuary AI au Canada, témoignant de l’intérêt d’OpenAI pour ce secteur. 

Toutefois, la collaboration Figure–OpenAI a été de courte durée. Début 2025, Brett Adcock a annoncé que Figure mettait fin à l’accord avec OpenAI, en précisant que l’entreprise avait désormais suffisamment progressé en interne pour ne plus dépendre d’outils externes.

Adcock a même déclaré que les grands modèles de langage devenaient « commoditisés » (banalisés) et que les intégrer apportait plus de contraintes que d’avantages. 

Cela suggère que Figure a développé sa propre stack d’IA maison, possiblement en recrutant des talents IA ou en entraînant ses propres modèles adaptés aux retours des capteurs de ses robots.

 En effet, Figure a communiqué en 2025 sur une percée interne permettant à ses robots d’accomplir des tâches non explicitement programmées, signe d’une intelligence généralisée naissante dans ses systèmes.

Si le partenariat avec OpenAI n’a pas duré, il a au moins permis à Figure de faire un bond initial dans l’IA conversationnelle et décisionnelle de ses robots. 

La Figure 02 présentée en 2024 incorporait notamment un modèle de conversation entraîné par OpenAI, couplé aux microphones et haut-parleurs du robot pour interagir verbalement avec les humains. 

À l’avenir, Figure pourrait collaborer avec d’autres acteurs de l’IA ou continuer en full standalone

Notons qu’en février 2025, lorsqu’OpenAI a été écarté, Figure était en discussions pour une méga-levée de fonds (Series C) menée par ses investisseurs existants, ce qui indique peut-être que l’entreprise souhaitait éviter de dépendre d’une entité externe comme OpenAI pour une composante aussi critique que l’IA des robots.

Cas d’usage à court et moyen terme

À court terme, Figure concentre ses efforts sur des cas d’usage industriels et logistiques, là où ses humanoïdes peuvent apporter une valeur immédiate. Les premiers secteurs visés sont :

  • Logistique et entrepôts : c’est le marché cible numéro 1 initialement visé par Figure. Les humanoïdes peuvent y réaliser des tâches comme déplacer des cartons, charger/décharger des colis, regrouper des commandes, approvisionner des rayonnages, etc. 

L’avantage d’un robot humanoïde est sa polyvalence : il peut potentiellement remplacer plusieurs robots spécialisés (par ex. un robot mobile pour transporter des bacs, un bras robotique pour palettiser) par un seul système capable de tout faire ou presque. 

Figure a indiqué être en discussion avec des grands noms du retail et de la logistique dès 2023 pour explorer ces applications. On peut imaginer des pilotes futurs chez des acteurs type Amazon (d’ailleurs investisseur chez un concurrent, Agility Robotics) ou DHL.

  • Manufacturing / usines : au-delà de l’automobile (BMW), les humanoïdes Figure pourraient intervenir dans d’autres usines pour des tâches d’assemblage simple, de maintenance ou de logistique interne. 

Leur forme humaine leur permet d’utiliser les installations existantes (escaliers, outillages pensés pour l’homme, postes de travail à hauteur humaine). Figure a d’ailleurs positionné ses robots comme une réponse possible aux pénuries de main d’œuvre qualifiée dans l’industrie manufacturière aux États-Unis. 

Dans un premier temps, il s’agit d’aider les opérateurs humains en réalisant les tâches les plus répétitives ou physiquement pénibles.

  • Secteur tertiaire et services : à moyen terme, Figure n’exclut pas d’adapter ses robots à des usages dans les secteurs des services et même pour les particuliers. Brett Adcock estime que les humanoïdes pourront rendre des services à domicile dans un futur proche (il parle en “single-digit years”, c’est-à-dire moins de 10 ans). 

Les robots pourraient aider aux tâches ménagères, à la préparation de repas, à l’assistance aux personnes âgées ou dépendantes. 

Figure a déjà commencé à tester son robot dans un environnement domestique simulé au sein de ses locaux, pour voir comment la Figure 02 peut par exemple aider en cuisine ou ranger une pièce. 

Toutefois, la route est encore longue : le coût devra baisser drastiquement (Adcock vise un jour un prix sous les 20 000 $ l’unité, mais “certainement pas cette année” a-t-il admis en 2024) et la sécurité/fiabilité devra être infaillible pour un usage grand public. 

Néanmoins, le marché de la robotique personnelle est dans la ligne de mire de Figure, possiblement après s’être établi dans l’industrie.

En résumé, la stratégie de Figure est “B2B d’abord, B2C ensuite”. D’abord cibler les environnements professionnels (entrepôts, usines) où le retour sur investissement d’un robot peut être immédiat (compenser des postes non pourvus, augmenter la productivité, fonctionner 24h/24 sans fatigue). 

Puis, lorsque la technologie aura mûri et que les coûts baisseront grâce à la production de masse, s’attaquer aux usages grand public (aide à domicile, etc.) qui représentent un marché potentiellement gigantesque. 

Cette vision est partagée par plusieurs startups du domaine : par exemple, la société 1X cible aussi le marché domestique à terme, et Agility Robotics voit dans ses bipèdes une plateforme multi-usages pouvant un jour livrer des colis ou assister des personnes.

En septembre 2025, Figure signe un partenariat majeur avec Brookfield, l’un des plus grands conglomérats immobiliers nord-américains. Ce programme, baptisé Project Go-Big, vise à enregistrer des millions d’heures de vidéos en première personne dans des environnements domestiques et professionnels. 

Ces données réelles serviront à entraîner les prochaines versions de Helix, dans le but de doter les humanoïdes d’une compréhension plus fine du monde physique.

Ambitions long terme : robots généralistes et impact sociétal

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Le but ultime de Figure – explicitement affirmé par son fondateur – est de créer des robots humanoïdes généralistes, capables d’apprendre et d’exécuter virtuellement n’importe quelle tâche qu’un humain peut faire, et ce dans de nombreux domaines. 

Adcock et son équipe voient les humanoïdes comme une solution pour « éliminer le besoin d’emplois dangereux ou indésirables » et pour pallier le manque de main d’œuvre dans certains secteurs cruciaux. 

À long terme, si ces robots atteignent un coût raisonnable et un haut niveau de fiabilité, ils pourraient être déployés massivement dans l’économie. Brett Adcock a même déclaré qu’il y aura un jour autant de robots humanoïdes que d’êtres humains sur Terre – une vision futuriste qui illustre l’ampleur de ses ambitions.

Concrètement, Figure anticipe qu’après les premiers usages en logistique/industrie, ses robots pourront s’attaquer à des travaux de service (nettoyage, manutention dans les hôpitaux, aide aux personnes), puis éventuellement à des tâches plus complexes requérant de l’interaction sociale ou de l’adaptation.

La roadmap technique, avec Helix et ses successeurs, vise à doter les robots d’une intelligence multi-modale (vision-langage-action) de plus en plus évoluée. 

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Si l’AGI (intelligence artificielle générale) émerge un jour, Figure veut que ses humanoïdes en soient le support physique idéal : « le vecteur ultime de déploiement de l’AGI sera le robot humanoïde », selon Adcock.

Naturellement, cette perspective soulève aussi des questions : remplacer des travailleurs humains par des machines pose des enjeux sociaux et éthiques (emploi, formation, acceptation). 

Figure met en avant le fait de remplacer les jobs dangereux, répétitifs ou ingrats, mais si ses robots gagnent en polyvalence, ils pourraient toucher à bien d’autres métiers. 

Néanmoins, l’entreprise insiste sur le côté bénéfique : combler les pénuries de main d’œuvre dans des secteurs en tension (logistique, aide à la personne, construction…) et permettre aux humains de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée ou plus créatives. 

En interne, la culture de Figure valorise l’impact futur potentiel de leurs robots et affiche un « mindset de conquête » pour relever ces défis à long terme.

Enfin, l’ambition long terme se traduit aussi par l’investissement dans la capacité de production. Avec l’usine BotQ prévue pour sortir 12 000 robots par an, Figure anticipe une demande importante à l’horizon de quelques années seulement. 

De même, la levée de fonds potentielle à une valorisation stratosphérique (40 Mds$) laisse penser que les investisseurs parient sur un scénario où Figure deviendrait l’un des leaders mondiaux d’une nouvelle industrie de l’humanoïde, aux côtés des géants technologiques.

Position de Figure sur le marché des robots humanoïdes

Le créneau des robots humanoïdes généralistes est devenu en quelques années un véritable champ de bataille technologique, avec de nombreux acteurs – grands groupes ou startups – engagés dans une course à l’innovation. Comment Figure se positionne-t-elle face à des concurrents comme Tesla (Optimus), Boston Dynamics (Atlas), Agility Robotics (Digit), ou d’autres ? Quelles sont ses forces et ses faiblesses dans ce marché émergent ?

  • Tesla – Optimus (Tesla Bot) : L’annonce retentissante par Elon Musk en 2021 du projet Tesla Bot (surnommé Optimus) a contribué à lancer la tendance actuelle. Le robot Optimus de Tesla a des caractéristiques cibles similaires à Figure 01 (environ 1,73 m de haut pour 57 kg, capable de porter 20 kg). Elon Musk a promis un prix futur sous les 20 000 $ l’unité et envisageait en 2022 de prendre les premières commandes d’ici 3 à 5 ans. En 2024, il a réaffirmé que les robots Optimus pourraient être prêts dès fin 2025 pour des déploiements initiaux. Tesla a l’avantage de ressources énormes et de compétences en électronique/IA (avec son autopilote qui pourrait servir de base cognitive au robot). Des vidéos ont montré des prototypes d’Optimus marchant, saisissant des objets et même se rechargeant de façon autonome en branchant leur propre câble. Cependant, à ce jour Tesla n’a pas réalisé de démonstration publique en environnement réel comparable au pilote de Figure chez BMW. Le développement d’Optimus semble encore en phase de prototypage en laboratoire. Figure se distingue en ayant déjà un partenariat client et une mise à l’épreuve industrielle, là où Tesla en est à peaufiner les bases (équilibre, perception). Néanmoins, la menace Tesla est sérieuse : si Optimus atteint la maturité, Tesla pourra le produire à grande échelle dans ses gigafactories et le déployer d’abord dans ses propres usines (Musk envisage d’utiliser Optimus dans les usines Tesla dès que possible). Tesla bénéficie aussi d’une marque mondialement connue, ce qui pourrait attirer plus facilement talents et partenaires. Pour l’instant, Figure conserve une longueur d’avance en termes de développement effectif (2 générations de robots, déjà une intégration en usine), mais elle devra la maintenir face à un concurrent aussi redoutable.
  • Boston Dynamics – Atlas : Boston Dynamics est un pionnier historique de la robotique humanoïde et de la robotique mobile. Son robot Atlas est célèbre pour ses démonstrations spectaculaires (saltos arrière, parkour, danse) qui font régulièrement le buzz. Atlas a servi de plateforme de recherche avancée (notamment lors du DARPA Challenge 2015). Toutefois, Boston Dynamics n’a jamais commercialisé Atlas : c’est un démonstrateur technologique, extrêmement coûteux, utilisant des actionneurs hydrauliques et une puissance de calcul considérable, sans considération de coût ou d’efficacité commerciale. Boston Dynamics a d’ailleurs orienté son offre commerciale vers d’autres robots (le chien quadrupède Spot, le robot logistique Stretch), et n’a pas annoncé de plan pour vendre un humanoïde à court terme. Figure se démarque en visant d’emblée un produit commercial. Là où Atlas est un prodige d’ingénierie financé par la recherche, Figure 01/02 cherche un compromis entre performance et viabilité industrielle. Par exemple, le robot Figure utilise des moteurs électriques et une architecture plus légère, ce qui le rend moins puissant qu’Atlas (qui peut sauter et courir vite) mais plus proche d’un produit industrialisable (électronique embarquée compact, coûts potentiellement réduits à terme). De plus, Figure intègre l’IA (vision, langage) pour des tâches utiles, alors qu’Atlas est essentiellement téléopéré ou exécutant des scripts de mouvements préprogrammés pour les vidéos. On peut dire que Boston Dynamics est aujourd’hui moins un concurrent direct (pas de produit concurrent sur le marché) mais plutôt une inspiration technique. D’ailleurs Figure a recruté des ingénieurs passés par Boston Dynamics et profite des avancées d’Atlas (équilibre dynamique, locomotion) en les adaptant à son propre design. À terme, si Boston Dynamics décidait de sortir un humanoïde commercial, son expérience pourrait représenter un défi pour Figure. Cependant, BD appartient au groupe Hyundai qui semble pour le moment prioriser les robots logistiques et quadrupèdes.
  • Agility Robotics – Digit : Agility Robotics est une startup fondée en 2015, émanant de l’Université d’État de l’Oregon, et elle est considérée comme un concurrent majeur dans la course aux humanoïdes utiles. Son robot Digit est un bipède aux longues jambes et bras, d’environ 1,75 m pour 65 kg. Digit n’a pas de tête humanoïde (juste un capteur LiDAR et deux yeux LED émojis), et ses mains sont des pinces simples conçues pour attraper des cartons. Agility cible spécifiquement le marché des entrepôts et de la logistique. Leur robot peut marcher à ~5 km/h et porter des charges d’environ 16 kg, soit des specs comparables à Figure. Agility a déjà vendu quelques unités de Digit à des partenaires pilotes, notamment Ford en 2020 (pour tester la livraison de colis) et plus récemment Amazon qui a investi dans la société. En 2023, Agility a annoncé l’ouverture d’une usine capable de produire 10 000 robots par an à Salem (Oregon), appelée RoboFab. Les premières livraisons de Digit version commerciale ont débuté en 2024 pour des clients pilotes, dont vraisemblablement Amazon et le fabricant de vêtements Spanx (Agility a communiqué qu’un de ses robots opérait chez Spanx au-delà de la phase pilote). Ainsi, Agility est un concurrent très sérieux : il a quelques années d’avance en existence, une usine prête, et un soutien d’Amazon. Figure vs Agility : Figure a choisi une forme pleinement humanoïde (avec mains à 5 doigts) là où Agility a opté pour le minimalisme fonctionnel (pas de doigts articulés, pas de tête expressive). Figure mise donc sur une polyvalence plus grande (théoriquement, ses mains lui permettent bien plus de types de tâches fines), mais Agility a peut-être gagné du temps en se focalisant sur le cas d’usage précis du déplacement de boîtes. Sur le terrain, les deux robots se retrouveront sans doute en concurrence pour équiper les mêmes types d’entrepôts. Figure peut se prévaloir d’un financement bien supérieur (plus de 2 Mds$ levés, contre ~180 M$ pour Agility jusque 2022) et d’investisseurs “poids lourds” tech, ce qui lui donne une force de frappe R&D et manufacturière potentielle très élevée. Cependant, Agility a déjà une chaîne d’assemblage opérationnelle et une expérience de plusieurs années de tests sur le terrain. Il sera intéressant de voir lequel des deux parvient à signer les plus gros déploiements commerciaux sur 2024-2025. Notons qu’Agility et Figure partagent une vision commune : les deux parlent d’une plateforme multi-usages pouvant à terme servir aussi bien en logistique que dans d’autres domaines (assistance aux personnes, livraison, etc.). Il n’est pas exclu qu’ils évoluent chacun leur design en se rapprochant mutuellement (Agility pourrait doter Digit de mains plus sophistiquées, Figure pourrait simplifier une version de son robot pour réduire les coûts).
  • Autres acteurs notables : Parmi les startups similaires, on peut citer 1X Technologies (anciennement Halodi Robotics, Norvège/USA) qui développe le robot NEO. 1X a une approche hybride : son premier robot EVE avait un buste humanoïde sur une base roulante, mais avec NEO ils visent un véritable bipède humanoïde. 1X a levé des fonds auprès d’OpenAI et d’autres pour cibler des applications de surveillance et assistance à domicile, et la société a annoncé fin 2023 vouloir tester ses robots dans des foyers pilotes. Un autre concurrent, la startup canadienne Sanctuary AI, a développé un humanoïde nommé Phoenix (environ 1,70 m, 70 kg) avec des mains très habiles, et mise énormément sur l’IA cognitive (Carbon étant leur intelligence artificielle qui contrôle le robot). Sanctuary a réalisé des démonstrations en téléopération (un humain pilote le robot via VR) et en autonomie partielle sur des tâches variées, et a levé ~60 M$ avec le soutien de sociétés comme Bell, Telus, etc. Elle a également déclaré avoir des partenariats pilotes dans l’automobile et d’autres industries, similaires à Figure. Enfin, il ne faut pas oublier des initiatives de grands groupes : en Chine, Xiaomi a présenté en 2022 un concept d’humanoïde (CyberOne), et en 2023 un autre acteur chinois, Fourier Intelligence, a dévoilé un robot baptisé GR-1 (1,65 m, 55 kg) visant la rééducation médicale et la recherche. Ces concurrents internationaux pourraient émerger rapidement compte tenu des investissements massifs en Asie dans la robotique.

Figure se positionne avantageusement dans ce paysage grâce à plusieurs atouts :

  • Un financement record lui donnant de quoi recruter les meilleurs talents, accélérer la R&D et mettre en place une production à grande échelle. Avec plus de 2 milliards $ levés et potentiellement 1,5 Mds$ supplémentaires en préparation, Figure surpasse tous ses concurrents en capital (à l’exception de Tesla qui a les ressources de sa maison-mère). Cela lui a déjà permis de constituer une équipe de 130 ingénieurs en 2024, nombre en forte croissance.
  • Une exécution rapide : en à peine 2 ans, Figure est passé du concept au prototype puis à une V2 (Figure 02) et a décroché un client pilote de premier plan (BMW). Cette rapidité d’avancement est saluée par les observateurs, et contraste par exemple avec Tesla dont le projet Optimus, démarré un peu avant, avance à un rythme plus mesuré. Figure bénéficie ici de l’expérience de son équipe (plusieurs avaient construit des humanoïdes avant), ce qui lui a évité des écueils.
  • Un positionnement généraliste pragmatique : Figure vise le robot universel à terme, mais en restant focalisé sur des applications concrètes à court terme (démontré par le choix des entrepôts et usines pour commencer). Cette approche par niches successives est importante pour générer des revenus plus tôt, un point que Brett Adcock a souligné : « notre business plan est d’arriver aux revenus le plus vite possible, ce qui implique de commencer par des tâches techniquement plus simples ». Ainsi, Figure évite le piège de l’humanoïde trop futuriste sans débouchés immédiats : il construit un cas d’usage rentable étape par étape.
  • Une vision intégrée hardware + software/IA : l’alliance de compétences en mécanique/électronique (les anciens de Boston Dynamics, IHMC, etc.) et en intelligence artificielle (anciens de Tesla Autopilot, OpenAI, etc.) donne à Figure une bonne maîtrise de l’ensemble du système. L’incident de parcours avec OpenAI n’a fait que renforcer leur conviction de tout développer en interne. D’autres startups comme Sanctuary AI excellent en IA mais ont moins d’expertise hardware, ou inversement certaines ont le hardware mais pas encore l’IA de haut niveau. Figure essaie de combiner les deux, ce qui pourrait lui donner un avantage pour créer un vrai robot autonome polyvalent.

Cela dit, Figure doit encore relever de nombreux défis pour s’imposer définitivement. D’une part, la concurrence s’intensifie chaque mois : de nouveaux acteurs entrent dans la course (on l’a vu avec les annonces de méga-financement, Meta/Facebook qui crée un division robots humanoïdes en 2025, etc.). 

D’autre part, rien ne prouve encore qu’il existe un marché prêt à absorber des dizaines de milliers d’humanoïdes : Figure et ses concurrents doivent créer la demande en prouvant que leurs robots apportent une vraie valeur ajoutée au bon prix, sans nécessiter une maintenance trop lourde. 

Il faudra convertir les pilotes (comme celui de BMW) en commandes fermes à plus grande échelle, et convaincre d’autres entreprises d’adopter ces robots. L’acceptation sociale sera aussi un facteur (les travailleurs humains devront accepter de collaborer avec, voire d’être remplacés par des humanoïdes – ce qui peut susciter des réticences ou des négociations syndicales).

En conclusion, Figure est aujourd’hui l’un des leaders de la nouvelle vague de robots humanoïdes. Partie de rien en 2022, la startup a su rapidement rattraper des projets plus anciens et attirer l’attention de la communauté technologique et industrielle. 

Son robot Figure 01/02, déjà éprouvé en environnement réel, montre que les humanoïdes ne sont plus de la science-fiction de laboratoire mais commencent à devenir des outils de travail concrets.

 Bien financée, bien entourée et technologiquement audacieuse, Figure vise ni plus ni moins à redéfinir le travail humain dans de nombreux secteurs. Face à elle, des géants comme Tesla ou des spécialistes comme Agility Robotics ne resteront pas inactifs, mais Figure a pour l’instant marqué des points importants dans cette course. 

Les années 2024-2025 seront déterminantes pour voir si l’entreprise peut tenir ses promesses à plus grande échelle, franchir le cap de la production de masse et garder son avance dans la quête du robot humanoïde universel – un rêve technologique vieux de plusieurs décennies qui semble, enfin, à portée de main.

Avec Figure 03, BotQ et la Série C à 39 milliards $, la startup s’impose comme la mieux financée du secteur. Sa combinaison d’IA embarquée, d’usine dédiée et de stratégie data la place parmi les rares acteurs capables de passer de la démonstration à la production de masse. Reste à concrétiser : transformer les pilotes BMW et Brookfield en déploiements industriels à grande échelle et prouver que le modèle économique du robot humanoïde est viable hors laboratoire.

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