Un simple cliché d’enfants en vacances peut devenir le point de départ d’un contenu pédopornographique. Avec l’IA, chaque photo partagée en ligne se transforme en une cible potentielle pour des usages que vous ne soupçonnez même pas.
Chaque été, les réseaux sociaux se remplissent de souvenirs partagés avec fierté : photo de vacances en famille, enfants à la plage, glace à la main ou éclat de rire au bord d’une piscine. Pourtant, ces images ne restent pas toujours entre amis. Elles deviennent une cible pour les prédateurs numériques, aidés par des outils d’IA.
« Il ne faut rien publier concernant les enfants », avertit Véronique Béchu, directrice de l’Observatoire d’e-Enfance. Ces contenus, même anodins, peuvent être récupérés, détourés, puis utilisés pour générer des scènes inacceptables.
L’alerte sur le sharenting : un danger méconnu des familles
En juillet dernier, l’association L’Enfant Bleu alertait sur les dangers du « sharenting ». Ce phénomène, très courant pendant les congés d’été, désigne le fait de poster une photo d’enfants en vacances sur les réseaux.
Selon Laura Morin, sa directrice, 50 % des clichés retrouvés sur des plateformes pédopornographiques proviennent des comptes publics des parents. Ces images, jugées mignonnes ou drôles à première vue, deviennent alors le point de départ d’une transformation malveillante par des outils numériques accessibles.
Actuellement, la création d’un montage pédopornographique par IA n’est pas considérée comme une infraction. Cela pose un vrai problème juridique, dénoncé par Véronique Béchu, ancienne commissaire à l’Office des mineurs. Pour elle, il faut adapter le Code pénal afin d’intégrer ces nouvelles pratiques. Car même si ces scènes sont fictives, leur diffusion a des conséquences réelles : banalisation de la violence sexuelle, circulation incontrôlée des visages d’enfants et traumatisme possible pour les familles concernées.
Certains réseaux pédopornographiques n’utilisent plus de photos issues d’abus réels, mais des montages créés à partir d’images publiques. En 2023, Interpol a démantelé un vaste réseau actif entre l’Europe et l’Amérique latine. Plus récemment, la plateforme KidFlix, qui diffusait des deepfakes d’enfants, a été supprimée après une enquête impliquant 31 pays.
Les réflexes à adopter avant de publier quoi que ce soit en ligne
Avant de poster une photo de vacances mettant vos enfants en scène, interrogez-vous sur sa visibilité. Le compte est-il privé ? L’image montre-t-elle un visage ? Est-elle géolocalisée ? Limiter ces informations réduit les risques de réutilisation malveillante.
Parlez-en aussi autour de vous, notamment avec les adolescents, souvent très actifs sur les plateformes. L’Observatoire e-Enfance recommande de renforcer les paramètres de confidentialité et de ne jamais publier de photo d’enfants reconnaissables sans leur consentement.
Les vacances sont synonymes de détente, mais aussi de hausse des publications personnelles. Or, l’IA transforme désormais chaque photo d’enfants en une base potentielle de détournement. La vigilance parentale doit donc s’adapter à ces usages invisibles, mais très concrets. Et tant que la loi reste inchangée, les adultes doivent compter sur leur bon sens pour limiter les abus.
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