Si l’IA stimule la croissance, un salaire universel de 10 000 USD par mois rendrait le travail optionnel.
L’IA et l’AGI causent la disparition de métiers et une précarité accrue. Selon Miles Brundage, ancien expert chez OpenAI, seul un salaire universel généreux permettrait d’absorber ce choc technologique. Bien plus qu’un simple filet de sécurité, ce type de revenu universel pourrait réinventer la relation entre travail et société.
Dualité entre disruption immédiate et utopie post-travail
Chez OpenAI, Miles Brundage faisait partie de l’équipe AGI Readiness, chargée d’anticiper les risques et les impacts économiques et sociaux de l’AGI. Mais en 2024, la structure est dissoute et ses membres réaffectés.
Peu après, Brundage quitte l’entreprise, rejoignant une vague de départs aux côtés de Jan Leike et Ilya Sutskever. Ils critiquent OpenAI pour sa stratégie trop centrée sur les produits au détriment de la sécurité.
Sur Substack, il exprime ses doutes quant à la capacité de l’humanité à gérer l’essor fulgurant de l’IA. Les modèles génératifs comme ChatGPT accélèrent l’automatisation et menacent l’emploi.
« À court terme, l’IA réduit les opportunités pour ceux qui veulent travailler”, écrit-il. Il ajoute que l’humanité devrait, à terme, supprimer l’obligation de travailler pour vivre. Une idée qui renforce selon lui la pertinence d’un salaire universel.
En janvier 2025, Brundage reproche aux entreprises d’IA de négliger la préparation sociétale, obsédées par la compétition. Il prédit l’arrivée d’une IA superhumaine en mathématiques et en coding dès fin 2025, avec un potentiel de disruption accru.
Il critique aussi OpenAI, accusée de produire des analyses superficielles sur l’emploi au lieu de recherches profondes. En février, il publie un nouveau texte affirmant qu’une IA superhumaine sera accessible et bon marché.
La nécessité d’un salaire universel
Sans préparation sérieuse, la transition vers un monde post-travail pourrait mener à une stagnation civilisationnelle, proche de l’univers du film WALL-E. Pour éviter ce scénario, Miles Brundage plaide pour un salaire universel.
Dans un post publié sur X en août 2025, il propose un revenu de 10 000 dollars par mois, bien au-delà des programmes pilotes actuels plafonnés à 1 500 dollars.
Selon lui, l’IA génèrera une telle croissance qu’un montant élevé deviendra politiquement et économiquement viable. « 1 000 dollars par mois est pertinent aujourd’hui. 10 000 le sera dans quelques années avec la croissance portée par l’IA », écrit-il.
Cette vision rejoint celle de plusieurs figures de la tech. Elon Musk imagine un monde où le travail deviendra un hobby, nécessitant un salaire universel élevé pour couvrir les besoins essentiels.
Bill Gates estime que l’IA remplacera les humains dans la plupart des tâches, sauf dans des disciplines complexes comme la biologie ou l’énergie, où l’intervention humaine reste vitale.
Dario Amodei, PDG d’Anthropic, prévoit la disparition de 50 % des emplois de cols blancs débutants, exposant particulièrement la génération Z. Mustafa Suleyman, de Microsoft AI, évoque même un système de protection sociale universelle où l’abondance d’intelligence deviendrait une nouvelle forme de richesse, indépendante de l’argent.
Sam Altman a, lui aussi, testé le concept. Le PDG d’OpenAI a financé une vaste étude offrant 1 000 dollars par mois pendant trois ans à des milliers de participants.
Mais Brundage regrette que dirigeants et décideurs hésitent encore à expérimenter des montants plus ambitieux, freinés par la peur des coûts et des critiques. Un salaire universel n’est pas nécessairement l’usage le plus efficient de l’argent, mais d’autres facteurs comme l’équité et la simplicité le justifient.
- Partager l'article :