Il y a trois semaines, Calvin French-Owen a quitté OpenAI, peu après avoir contribué au développement de l’agent Codex et révèle un chaos d’organisation interne de l’entreprise. « Aucun drame personnel dans ma décision de partir », précise-t-il d’emblée.
Après sa démission, French-Owen a livré une analyse lucide des coulisses d’OpenAI dans un billet publié le 15 juillet 2025. Structures de reporting floues, échanges désorganisés sur Slack, décisions parfois improvisées… Le quotidien n’avait rien d’un modèle de rigueur.
La croissance rapide qui change tout
Son récit n’a rien d’un règlement de comptes : un retour d’expérience, un regard personnel. « OpenAI est un grand endroit, et ceci n’est que ma petite fenêtre », écrit-il.
L’ascension d’OpenAI est un phénomène rare. D’abord organisation à but non lucratif, elle devient en quelques années un des géants technologiques les plus influents.
Portée par le succès viral de ChatGPT et la course à l’AGI, cette montée en puissance a triplé les effectifs. En un an, OpenAI passe de 1 000 à plus de 3 000 employés.
Ce tournant change tout. « Presque tous les membres de la direction font un travail radicalement différent de celui qu’ils faisaient il y a deux ou trois ans », observe French-Owen.
Sous la pression, « tout se casse ». Les structures de reporting vacillent. La communication s’embrouille.
Les recrutements s’accélèrent sans cadre unifié. Chaque équipe développe sa propre culture. Il n’y a plus de cohérence globale, mais une succession de fragments internes.
French-Owen parle d’un « véritable chaos organisationnel » chez OpenAI. Un quotidien rythmé par les urgences et des processus dégradés. OpenAI grandit vite, peut-être trop vite.
Cette évolution modifie aussi l’atmosphère. La sécurité se renforce. Des scanners d’empreintes digitales régulent désormais les accès. Le travail chez OpenAI devient plus sérieux, mais aussi plus secret.
Succès d’OpenAI, au prix d’un chaos interne
L’approche ascendante, où les équipes décident de manière autonome, s’effrite face aux changements de cap imposés par la direction.
« OpenAI change de direction à tout moment », écrit Calvin French-Owen. Une culture bottom-up difficile à concilier avec le rythme d’un leadership centralisé.
Aussitôt, la liberté qui vire à la confusion. Projets en doublon, bibliothèques de code concurrentes, efforts dispersés.
Le mantra du « bouger vite et casser des choses » de Mark Zuckerberg semble avoir trouvé un nouvel écho chez OpenAI.
La communication interne repose presque exclusivement sur Slack. « J’ai peut-être reçu une dizaine de mails durant tout mon passage là-bas », note-t-il.
Un flux constant de messages, peu de hiérarchie, mais une charge mentale intense. Les équipes s’adaptent en continu, souvent sous l’influence de tendances virales observées sur X. « L’entreprise accorde une grande importance à Twitter », souligne-t-il.
En mai 2024, lorsqu’il rejoint OpenAI, Calvin French-Owen ne s’attendait pas à « sacrifier sa liberté, avoir un patron, devenir un rouage dans une machine bien plus grande ».
Un an plus tard, il ne regrette rien. « En y repensant, c’est l’une des meilleures décisions que j’aie jamais prises. Il m’aurait été difficile d’apprendre autant ailleurs. »
À la fin de son témoignage, il partage une dernière observation. La course à l’AGI s’est cristallisée autour d’OpenAI, Google et Anthropic. « Travailler dans l’un de ces laboratoires, c’est toucher du doigt quelque chose de profondément révélateur. »
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