Le 31 août 2025, le Washington Post révèle un document confidentiel détaillant le projet du président Trump pour transformer Gaza en un hub de villes IA.
Le plan, baptisé GREAT Trust (Gaza Reconstitution, Economic Acceleration and Transformation Trust), annonce la reconstruction de l’enclave palestinienne en pôle technologique et touristique. Mais derrière la vitrine high-tech se profile une relocalisation forcée de près de deux millions d’habitants. Pour de nombreux experts, Trump enveloppe sous des promesses de prospérité ce qui ressemble à un « nettoyage ethnique ».
GREAT Trust, transformer Gaza en ville IA
Rédigé par des auteurs liés à la controversée Gaza Humanitarian Foundation, ce plan prévoit la construction de six à huit villes IA dans l’enclave. Le chantier inclurait ainsi logements modernes, zones commerciales, usines de véhicules électriques. S’ajoutent des centres de données et complexes touristiques de luxe, dont le « Gaza Trump Riviera & Islands ».
Une « Zone de production intelligente Elon Musk » figure également parmi les mégaprojets. Et, une autoroute baptisée « MBS », en hommage au prince saoudien Mohammed ben Salmane, apparaît essentielle à l’équilibre régional.
Évaluées à 100 milliards de dollars, ces infrastructures seraient financées par des fonds publics et privés. L’Arabie saoudite figure parmi les contributeurs, mais sans participation directe de Washington.
Cette « nouvelle Gaza » fonctionnerait sous pilotage intégral de l’IA. Elle sera en outre présentée à la fois comme ville touristique et moteur économique. Le rendement attendu devrait quadrupler en dix ans, avec des revenus annuels estimés à 4,5 milliards de dollars.
Relocalisation controversée
Le point le plus sensible concerne la relocalisation des deux millions de Gazaouis. Le GREAT Trust avance deux scénarios.
Le premier prévoit le départ volontaire de 25 % de la population vers l’Égypte ou la Jordanie. Cela s’accompagne d’une prime de 5 000 dollars par personne, de quatre ans de subventions pour le logement et d’un an d’aide alimentaire.
Le second impose un confinement dans des « zones sécurisées » à l’intérieur de Gaza durant la reconstruction de la ville IA. Les propriétaires recevraient des jetons numériques, échangeables contre des appartements de 167 m² dans le futur hub intelligente ou pour financer une installation à l’étranger.
Selon le document, 75 % des Gazaouis déplacés ne reviendraient pas, réduisant durablement la population palestinienne.
Les contradictions dans les déclarations de Trump, oscillant entre relocalisation temporaire et permanente, ainsi que l’absence de position claire du Département d’État entretiennent l’incertitude sur la faisabilité du plan.
Un projet qui ignore le droit à l’autodétermination
Adil Haque, juristes des conflits armés, rappelle que tout plan empêchant les Palestiniens de retourner chez eux ou ne garantissant pas des conditions de vie décentes viole le droit international.
Philip Grant de Trial International décrit le projet comme un « plan de déportation massive déguisée en développement ». La priorité doit rester un cessez-le-feu.
Les pays arabes, dont l’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite, ont condamné fermement le projet. Ils plaident pour une reconstruction sans déplacement forcé. L’Égypte a même proposé un plan alternatif de 53 milliards USD pour rebâtir Gaza tout en préservant la dignité palestinienne.
L’ONU et des experts comme Françoise Bouchet-Saulnier dénoncent quant à eux une incitation à un crime contre l’humanité. Le Hamas martèle que « Gaza n’est pas à vendre ».
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