Chaque requête ChatGPT consomme jusqu’à 500 ml d’eau et 2,9 Wh d’énergie. Derrière la magie de l’intelligence artificielle, un coût écologique encore peu débattu.
L’intelligence artificielle séduit, impressionne, mais à quel prix ? Une simple requête sur ChatGPT mobilise plus d’énergie qu’on ne l’imagine. Dans l’ombre des performances technologiques, un coût environnemental encore peu connu soulève une question centrale : peut-on concilier IA générative et responsabilité écologique sans freiner l’innovation ?
Une performance numérique aux conséquences bien réelles
Poser une question à ChatGPT semble anodin. Pourtant, l’impact énergétique est considérable. Selon l’Université de Californie Riverside, une requête mobilise 2,9 Wh, soit dix fois plus qu’une simple recherche Google. Et ce n’est pas tout : les serveurs doivent être refroidis en permanence, ce qui représente, d’après l’Université du Colorado, jusqu’à un demi-litre d’eau par demande.
Ces chiffres donnent à réfléchir. D’autant plus que l’Agence Internationale de l’Énergie prévoit une multiplication par dix de la consommation énergétique liée à l’IA d’ici 2026. Un emballement que les data centers alimentent à grande vitesse : ils pourraient bientôt représenter plus de 4 % de la consommation mondiale d’électricité. Google a vu ses émissions de CO₂ bondir de 48 % depuis 2019, et Microsoft de 29 % depuis 2020. Le progrès numérique a un revers que l’on ne peut plus ignorer.

Une IA générative à dompter, pas à subir
L’adoption massive des outils d’IA générative est indéniable : 70 % des jeunes Français les utilisent, selon l’IFOP. Mais peu sont conscients du coût écologique associé. Cette asymétrie d’information interroge. Faut-il éduquer à la sobriété numérique comme on le fait pour les gestes écologiques quotidiens ?
Nous ne sommes pas contre l’innovation, mais pour un usage raisonné affirme Frédéric Brajon, associé cofondateur du cabinet Saegus, spécialisé dans l’accompagnement à l’adoption responsable des nouvelles technologies. Pour lui, l’enjeu n’est pas tant de freiner l’IA que de l’orienter. Cela passe par des actions concrètes : former les salariés à l’usage efficient des outils, intégrer des critères environnementaux dans les projets technologiques, et poser un cadre d’éthique numérique.

Réconcilier innovation et conscience écologique
Ce point soulève une vraie question : pourquoi l’impact environnemental de l’IA reste-t-il si peu visible ? Peut-être parce qu’il est éclaté, invisible, enfoui dans les couches profondes des serveurs. Ou parce que le discours technophile le surplombe encore largement. Pourtant, comme pour toute technologie, un arbitrage s’impose.
Des leviers existent. Réduire les requêtes superflues, préférer les interactions utiles, mais aussi encourager les éditeurs d’IA à développer des modèles moins gourmands. La responsabilité ne repose pas seulement sur l’utilisateur, mais aussi sur les acteurs du secteur. On a une responsabilité collective. À l’image de la transition énergétique, celle de l’IA verte doit devenir une priorité stratégique. Alors, faut-il ralentir l’IA ? Pas nécessairement. Mais repenser la manière dont on l’utilise, certainement.
Article basé sur un communiqué de presse reçu par la rédaction.
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