Trump a licencié la majorité des 200 experts en IA recrutés par Biden. Un véritable gaspillage de ressources qui compromet les efforts pour renforcer l’expertise fédérale.
Le président Trump, revenu au pouvoir, multiplie les décrets pour accélérer l’adoption de l’IA dans les services publics. Paradoxalement, une purge massive a conduit au licenciement d’experts, orchestrée par un ministère dirigé par Elon Musk.
Trump choisit l’IA comme levier stratégique
Alors que Trump proclame sa volonté de faire de l’IA un levier stratégique, sa gestion centralisée et sa dépendance accrue aux acteurs privés suscitent controverses et inquiétudes.
Depuis janvier, le 47ᵉ président américain multiplie les décrets. Renforcement de la « domination » américaine en IA. Embauche d’experts dans les agences fédérales, intégration de l’IA dans l’éducation.
Le 3 avril, une note officielle appelle au recrutement de profils opérationnels capables de concevoir et de déployer des systèmes à fort impact. Cependant, ses actions administratives racontent une autre histoire.
La purge des experts en IA recrutés par Biden
L’administration Biden avait lancé un vaste plan de recrutement d’experts en IA dans le cadre du National AI Talent Surge. En 18 mois, plus de 200 spécialistes, issus du privé, avaient rejoint le gouvernement fédéral.
Leur intervention a permis d’améliorer des services clés comme la sécurité sociale, les déclarations fiscales ou les soins aux anciens combattants.
Malheureusement, à l’arrivée de Trump, ces talents ont été massivement congédiés, souvent via des suppressions de postes probatoires. Des structures comme le Digital Service ou le bureau 18F ont été dissoutes.
L’État se retrouve dépendant d’acteurs privés, malgré la volonté affichée de renforcer l’expertise interne en IA.
Pour d’anciens responsables fédéraux, le licenciement massif des experts en IA représente un gâchis de ressources considérables. Les agences, désormais privées de talents récemment recrutés, peinent à reconstruire leurs capacités.
Déjà complexe sous Biden, le recrutement dans un marché dominé par des salaires privés plus attractifs devient quasi impossible. Julie Siegel et Deirdre Mulligan soulignent que les licenciements arbitraires dissuadent les professionnels de rejoindre le secteur public.
Angelica Quirarte, qui avait recruté 250 experts en IA, a démissionné après seulement 23 jours sous Trump. Elle dénonce un climat de peur et de chaos incompatible avec une stratégie technologique cohérente.
Abrogation du décret de Biden
En plus des licenciements massifs, Trump a annulé le décret 14110 de Joe Biden, signé en 2023. Un texte qui encadrait l’usage de l’IA dans l’administration.
Ce cadre visait à protéger les libertés civiles tout en favorisant l’innovation. Le décret confiait aussi au NIST l’élaboration d’un cadre normatif pour identifier et gérer les risques liés à l’IA.
Dès son investiture le 20 janvier, Trump a révoqué ce décret, parmi 69 autres. Les pages associées ont été supprimées, remplacées par des contenus promotionnels.
Jugé trop contraignant par les républicains, son retrait crée pourtant un vide législatif, affaiblissant la gouvernance de l’IA. Cela génère une mosaïque réglementaire complexe pour les startups.
Faute de cadre fédéral, les entreprises américaines peinent à s’aligner sur les standards internationaux, notamment l’AI Act européen. Trump maintient le soutien aux data centers, mais l’absence de politique cohérente nuit à l’influence technologique des États-Unis et complique la coopération mondiale.
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