Du béton à l’urine pour construire des maisons vertes. Une idée farfelue, mais scientifiquement prouvée, qui aide à sauver notre planète.
À l’Université de Stuttgart, des chercheurs ont tiré profit de l’urine — ce déchet — pour en faire un bio-béton, un matériau durable. Leur projet, intitulé SimBioZe, mise sur la biominéralisation microbienne pour créer une alternative écologique au ciment. De quoi réduire l’empreinte carbone dans la construction.
Biominéralisation du béton à l’urine
L’étude de faisabilité initiale du béton à l’urine s’est conclue avec succès. Le projet a obtenu un financement pour trois années supplémentaires, amorçant sa deuxième phase en 2025.
En effet, l’urine humaine, abondante mais rarement exploitée, se révèle être une ressource durable pour la construction. Pour ce faire, les experts mélangent d’abord du sable et des bactéries dans un moule, puis y versent de l’urine enrichie en calcium.
Les micro-organismes dégradent l’urée, produisant des cristaux de carbonate de calcium qui lient le sable entre eux. Ce procédé donne naissance à un bio-béton solide, proche du grès calcaire, aux formes variées et atteignant jusqu’à 15 centimètres d’épaisseur. Le processus, entièrement automatisé, dure trois jours.
Matériau durable et écologique
Le béton à l’urine nécessite peu d’énergie, valorise les déchets. Le matériau contribue ainsi à un processus de construction plus respectueux de l’environnement.
À titre de comparaison, la fabrication du ciment traditionnel exige de chauffer du calcaire à 1 450 °C. Un procédé énergivore et émetteur de gaz à effet de serre. Chaque année, près de quatre milliards de tonnes de ciment sont produites selon ce schéma.
Les scientifiques optimisent encore le procédé et préparent des essais pratiques, notamment des cycles de congélation-dégel pour tester la résistance en conditions extérieures. Les premiers résultats montrent que le bio-béton atteint jusqu’à 50 mégapascals (MPa) de résistance à la compression avec de l’urée technique.
Avec de l’urine humaine, il atteint 5 MPa. Cependant, les chercheurs visent 30 à 40 MPa pour permettre des constructions allant jusqu’à trois étages.
Ce béton écologique s’inscrit dans une logique circulaire. Une installation pilote est prévue à l’aéroport de Stuttgart, où l’urine collectée dans des zones publiques sera transformée en bio-béton et en engrais.
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