Ces vidéos de boules envahissent les réseaux au point de paraître normales

Ces vidéos de boules envahissent les réseaux au point de paraître normales

Des vidéos IA sexistes inondent Internet avec un réalisme troublant qui piège des millions d’internautes. Derrière ces images fabriquées, une économie numérique inquiétante se développe rapidement.

Les réseaux sociaux regorgent désormais de vidéos montrant des femmes en bikini interviewant des passants. Pourtant, ces scènes n’ont rien de réel : elles sont créées par des outils d’IA. Le réalisme bluffant de ces séquences trouble de nombreux internautes, incapables de distinguer le vrai du faux. Des millions de vues de ces vidéos IA témoignent de la puissance virale de ce contenu, qui brouille la confiance en ligne et banalise des représentations sexistes inquiétantes selon plusieurs spécialistes interrogés par l’AFP.

Selon Emmanuelle Saliba de GetReal Security, « les bavures d’IA érodent lentement le peu de confiance qui reste dans le contenu visuel ». Ces clips alimentés par des générateurs comme Veo 3 de Google inondent Instagram ou TikTok. Leur nature hyperréaliste laisse croire aux spectateurs qu’ils observent des scènes réelles. Les vidéos en hindi montrent par exemple des hommes livrant des punchlines misogynes sous les rires d’une foule complice. Ce phénomène brouille davantage la perception d’authenticité.

YouTube video

Une industrie artisanale dopée par la viralité

Derrière ces contenus se cache une économie parallèle où des étudiants, parents au foyer ou influenceurs produisent en masse des clips sexualisés. Motivés par des programmes d’incitation des plateformes, ils espèrent transformer chaque vue en revenu rapide.

Wired a révélé des détournements racistes où des femmes noires sont représentées comme des primates. Cela provoque une indignation internationale. Nirali Bhatia, cyberpsychologue indienne, dénonce des pratiques qui « alimentent le sexisme » en donnant une légitimité visuelle à des propos misogynes.

Les vérificateurs de faits de l’AFP ont documenté des centaines de clips similaires, parfois totalement inventés. Parmi eux, la vidéo d’une dresseuse fictive attaquée par une orque a circulé massivement. Beaucoup d’internautes, persuadés de la véracité des images, ont réagi avec horreur avant de découvrir la supercherie.

Cette amplification artificielle illustre la puissance des images fabriquées, capables de provoquer des émotions collectives. Ces exemples montrent comment l’IA peut être détournée pour manipuler les perceptions et générer des réactions virales.

Alexios Mantzarlis, de Cornell Tech, a recensé 900 comptes Instagram peuplés de modèles générés par IA. Ces comptes diffusent des images de femmes légèrement vêtues et accumulent 13 millions d’abonnés et plus de 200 000 publications. Leur popularité repose sur une esthétique irréelle qui attire l’attention grâce à des normes corporelles artificielles.

« Attendez-vous à davantage de contenu absurde exploitant des normes irréelles », avertit Mantzarlis. Ces chiffres témoignent d’une tendance massive qui échappe encore largement au contrôle des plateformes sociales.

Ces vidéos de boules envahissent les réseaux au point de paraître normales

Monétisation incontrôlée et réaction des plateformes

De nombreux créateurs vendent des cours pour apprendre à rentabiliser ces vidéos sexistes générées par IA. YouTube et TikTok regorgent de tutoriels promettant de transformer la viralité en revenus stables. Face à cette prolifération, YouTube a annoncé l’exclusion de la monétisation pour les contenus inauthentiques produits en masse.

Cependant, la modération reste limitée et les clips continuent de circuler. Les enjeux économiques favorisent une multiplication de ces contenus, car chaque clic devient une opportunité de profit pour des milliers de créateurs anonymes.

Pour Divyendra Jadoun, consultante en IA, « l’intelligence artificielle n’invente pas la misogynie, elle amplifie simplement ce qui existe ». Ces clips prospèrent car les spectateurs récompensent leur valeur choquante par des millions de « j’aime ». Les algorithmes valorisent ensuite ces contenus et créent une boucle où la production de vidéos sexistes par IA se renforce. Le problème dépasse la technique pour toucher au cœur de nos sociétés : comment réagir face à une culture numérique qui banalise et amplifie les préjugés à travers des images artificielles.

Restez à la pointe de l'information avec LEBIGDATA.FR !

Cliquez pour commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Newsletter

La newsletter IA du futur

Rejoins nos 100 000 passionnés et experts et reçois en avant-première les dernières tendances de l’intelligence artificielle🔥