Sur les marchés du Dark Web, plusieurs vendeurs proposent des armes lourdes fournies à l’Ukraine par les pays occidentaux. Les lance-roquettes et autres drones kamikazes pourraient tomber entre les mains des terroristes et autres criminels…
Quelques années après les guerres de Yougoslavie, les armes fabriquées à Belgrade à la fin des années 1980 ont commencé à circuler massivement en Europe. Ce sont d’ailleurs des Kalachnikovs originaires des Balkans qui ont été utilisées lors des attentats du 13 novembre 2015 en France.
Le même phénomène risque de se produire avec les armes fournies par l’Union européenne à l’Ukraine. Malheureusement, à cause du Dark Web, ce sombre business a d’ores et déjà commencé.
Un lance-missiles antichar américain pour 30 000 $
Plusieurs marketplaces illégales proposent déjà des armes à feu militaires. Selon les vendeurs, ces armes ont été envoyées à l’Ukraine par les pays occidentaux dans le but de résister à l’invasion russe.
Sur la marketplace « Thief », on retrouve un total de 9 offres liées à l’Ukraine proposées par trois vendeurs. Le premier est surnommé « Weapons Ukraine » et vend des fusils, des grenades et des gilets pare-balles pour un prix situé entre 1100 et 3600 dollars. Il propose des livraisons sur tout le territoire ukrainien.
Selon les statistiques affichées publiquement sur la plateforme, 32 internautes ont déjà effectué un achat auprès de ce vendeur. Toutefois, aucun n’a laissé d’avis pour le moment.
Le second vendeur de « Thief » est surnommé « Big Discounts on Weapons » et propose un système de missile antichar Javelin ATGM fabriqué aux États-Unis pour la somme de 30 000 dollars. Ce marchand est basé à Kiev, la capitale d’Ukraine.
On retrouve également des armes fournies à l’Ukraine par les pays de l’OTAN sur le marché « Black Market Guns ». Des missiles antichars NLAW sont proposés pour 15 000 dollars, et le drone américain Switchblade 600 Kamikaze est disponible pour 7000 dollars.
D’une façon que l’on ignore, ces armes auraient été mises à l’écart des stocks fournis par l’Occident. À présent, elles sont mises à disposition des terroristes et autres criminels qui vont pouvoir s’acheter des lance-roquettes et des armes de guerre…
Une opération de propagande russe ?
Même si les offres semblent authentiques et affichent des prix réalistes, il est possible qu’il s’agisse de fausses annonces. Selon la startup de cyberespionnage KELA, elles auraient été créées par des Russes à des fins de propagande.
Les experts de KELA ont examiné plusieurs offres d’armes à feu supposément publiées par des Ukrainiens sur plusieurs marchés du Dark Web. Certaines de ces plateformes étant spécialisées dans le trafic d’armes.
Or, selon leur analyse fournie à Bleeping Computer, une large part de ces offres sont postées sur des canaux Telegram pro-russes et même par des médias russes peu après leur publication sur les marchés du Dark Web.
Dans certains cas, les auteurs affirment que les armes circulent via la Moldavie dans des camions transportant des cargos « classifiés ». Cela signifierait que le gouvernement ukrainien est au courant de ce trafic et directement impliqué.
Toutefois, la publication coordonnée de ces annonces sur de multiples plateformes est très suspecte. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une vaste campagne de désinformation visant à discréditer les Ukrainiens aux yeux des Occidentaux.
En outre, ces offres peuvent avoir été publiées par de vulgaires escrocs cherchant à tirer profit de la situation géopolitique en montant des arnaques crédibles. Les médias russes pourraient tout simplement exploiter ces fausses annonces pour servir leur narratif.
A priori, vous ne risquez donc pas de voir votre voisin sortir un lance-roquette américain au premier désaccord. Néanmoins, la seule façon de vérifier l’authenticité de ces annonces serait de passer commande… et LeBigData ne se porte pas volontaire !
Interpol craint l’émergence d’un trafic de cyberarmes militaires
Outre les armes de guerre fournies à l’Ukraine par l’Occident, les cyberarmes conçues dans le cadre de ce conflit pourraient également se retrouver en vente sur le Dark Web.
C’est ce que craint Interpol, dont le secrétaire général Jurgen Stock tire la sonnette d’alarme. Selon lui, les cyberarmes développées par les gouvernements pourraient se retrouve sur les marketplaces illégales d’ici moins de deux ans.
Ces cyberarmes actuellement utilisées par les militaires pourraient tomber entre les mains de groupes de cybercriminels organisés. Et les conséquences risquent d’être désastreuses…
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