Le 12 septembre 2025, les autorités ont démantelé DFAS, la dernière grande plateforme francophone du dark web. Deux arrestations, 600 000 € en bitcoins saisis.
Par la suite, une information judiciaire pour « fourniture de plateforme pour transactions illicites en bande organisée, blanchiment, trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs » est ouverte. Le site DFAS a été saisi et mis hors ligne, affichant désormais un bandeau officiel avec les logos des autorités : « Site saisi par le Parquet de Paris ».
DFAS, dernier survivant des purges du dark web français
Lancée en 2017, Dark French Anti System (DFAS) était la marketplace francophone majeure du dark web. Ce hub comptait environ 12 000 membres actifs et 110 000 messages échangés. Parmi ses utilisateurs figuraient aussi des vétérans de plateformes antérieures comme La Main Noire ou French Deep Web.
Le forum servait de supermarché virtuel, où se négociaient drogues, armes à feu, données volées, malwares et outils d’escroquerie. Son écosystème reposait sur des règles strictes d’anonymisation et des paiements en cryptomonnaies, principalement des bitcoins.
C’est ainsi que DFAS a survécu aux purges successives du dark web en France : La Main Noire en 2018, Le Monde Parallèle et French Deep Web en 2021, Cosa Nostra en 2024.
Dès ses débuts, la plateforme intégrait des protocoles de chiffrement avancés, des systèmes de modération internes. Des « testeurs » valident la qualité des produits illégaux. De plus, certains contributeurs évaluent personnellement les lots de drogue ou les logiciels malveillants avant la mise en vente.
Des tutoriels sur l’anonymat en ligne complétaient l’offre, expliquant comment effacer ses traces numériques ou contourner des VPN détectables.
La chasse est ouverte
Dès 2023, les autorités ont lancé une traque. Puis, Cyberdouanes repère DFAS lors d’une surveillance des flux cryptographiques.
Le site connaît une croissance accrue. Quelques centaines de membres en 2020, elle atteint plus de 12 000 en 2025, avec des échanges évalués à plusieurs millions d’euros en bitcoins.
L’enquête dévoile aussi un réseau transfrontalier, avec des fournisseurs d’armes en Europe de l’Est et des hackers amateurs pour les malwares. Des erreurs humaines ont permis de retracer certaines adresses IP et de cerner le fonctionnement du site.
L’Office anti-cybercriminalité (OFAC), unité d’élite de la police judiciaire, prend le relais sur l’affaire. Des agents infiltrent DFAS en tant que « testeurs » virtuels, achetant des échantillons pour analyser les chaînes logistiques.
Coup de filet
Le point de bascule survient le 8 septembre. En effet, une opération conjointe de l’OFAC, de la section cybercriminalité du Parquet de Paris et de Cyberdouanes conduit à deux interpellations simultanées.
Le premier suspect, 28 ans, vivant dans l’Île-de-France, s’agissait du créateur et administrateur principal de DFAS. Les perquisitions révèlent un arsenal informatique incluant ordinateurs chiffrés, disques durs externes et un portefeuille en bitcoins évalué à environ 600 000 €.
Ingénieur, il avait conçu le site comme un anti-système mêlant anarchisme numérique et profit. Il assurait la maintenance, la gestion des litiges et la stabilité de DFAS dans le dark web.
Le second arrêté est un individu de 36 ans. Il était le contributeur actif et testeur en chef, validait les produits illégaux : pureté des stupéfiants, fonctionnalités des malwares et kits de phishing.
Lors de son interpellation, les forces de l’ordre saisissent drogue non expédiée, armes démontées et ordinateur portable avec logs qui détaille des centaines de validations.
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