Imagine : tu ouvres ton navigateur et bam… tu tombes sur une vidéo où ton ex, celle ou celui qui t’a largué par SMS un dimanche soir, se fait démonter dans une sextape ultra-réaliste. Problème : ce n’est pas une vraie vidéo. C’est un deepfake. Ton ex n’a jamais tourné ça. Et toi, tu ne sais pas si tu dois cliquer « play », prévenir ton ex… ou appeler un avocat. Bienvenue dans l’enfer 2.0 : quand le fantasme numérique devient une agression bien réelle.
Avant, pour se venger d’une rupture, fallait cramer les fringues de son ex ou balancer son numéro sur un forum minitel. Aujourd’hui, grâce aux IA génératives, tu peux transformer trois selfies Insta en porno hardcore.
Deepfakes, nudification automatique, IA génératives : l’industrie underground de l’image intime bidonnée explose.
Pas besoin d’être un génie : des applis gratuites font ça en trois clics. C’est ainsi que des milliers de faux pornos circulent chaque jour, avec des visages greffés comme par magie.
Et devine quoi ? 96 % des deepfakes en ligne sont du porno. Et dans 99 % des cas, c’est le visage d’une femme qui est utilisé. Surprise : égalité homme-femme, zéro pointé.
Fantasme ou agression ?
Les défenseurs diront : « Mais c’est pas grave, c’est pas vraiment elle, c’est une fiction ! » Ouais. Comme si dire à quelqu’un « je t’ai pas frappé, j’ai juste fantasmé que je t’éclatais la gueule » rendait ça cool.
Pour la victime, c’est la même galère que si c’était une vraie sextape qui tourne : humiliation, réputation détruite, carrière foutue, famille sous le choc.
La frontière entre fantasme et crime numérique, c’est juste une question de pixels. Mais les dégâts, eux, sont bien en chair et en os.
Dans une enquête menée dans dix pays, 2,2 % des répondants déclaraient avoir déjà subi des « images intimes synthétiques non consenties ». On parle de dizaines de milliers de personnes touchées.
Et dans de nombreux cas, ces créations ne restent pas privées : elles alimentent des forums obscurs, circulent sur Telegram ou servent à du chantage.
Le fantasme se transforme vite en arme de pouvoir : menaces, harcèlement, humiliation publique. Bref, pas un jeu innocent.
La loi, ce n’est pas du porno amateur
Bonne nouvelle : en France, on n’est pas totalement à poil juridiquement. Depuis 2016, le revenge porn est puni de deux ans de prison et 60 000 € d’amende. Sauf qu’à l’époque, on parlait encore de Snapchat, pas d’IA.
En 2024, la loi SREN est arrivée, et là ça ne rigole plus : elle cible aussi les deepfakes pornographiques non consentis. Tu colles la tête de ton ex sur un porno ? Tu risques de finir avec un casier judiciaire plus long que la playlist porno de ton navigateur.
Problème : la loi c’est cool, mais internet va à 300 km/h. Une vidéo postée le lundi soir peut déjà être copiée 200 fois et finir sur des sites russes ou thaïlandais avant même que la justice ait ouvert le dossier. Bonne chance pour nettoyer ça…
- En France et en Europe, on mobilise le droit à l’image, l’atteinte à la vie privée (art. 226-1 du Code pénal) et le RGPD. Mais aucune loi n’est encore calibrée spécifiquement pour le porno deepfake. Résultat : procédures longues, preuves difficiles à établir, et plateformes souvent lentes à réagir.
- Aux États-Unis, le Take It Down Act impose le retrait rapide des images intimes non consenties (réelles ou synthétiques). Une avancée, mais encore trop jeune pour faire ses preuves.
- En Corée du Sud, posséder ou même visionner un deepfake porno non consenti est puni de prison (jusqu’à 3 ans) et d’amendes salées. Une sévérité qui tranche avec la mollesse européenne.
Les victimes en mode survie
En Australie, un homme a été condamné à verser 343 000 dollars après avoir partagé des deepfakes pornographiques de personnalités locales. Aux États-Unis, des étudiantes ont découvert leurs visages trafiqués sur Pornhub.
Que peut faire la victime ?
- Prier que personne de son taf ne tombe dessus.
- Harceler les plateformes pour un retrait (Google Alerts, outils de veille d’image).
- Déposer plainte, mais préparer son banquier parce que ça peut coûter cher en avocats.
- Contacter des assos comme StopFisha, qui se battent pour faire fermer les groupes et aider les victimes à se défendre.
Mais soyons clairs : même quand tu gagnes, t’as perdu. Une fois que l’image est sur internet, c’est comme une MST numérique : ça circule, ça reste, et ça peut te bousiller pour longtemps.
Les plateformes, complices involontaires (ou pas)
Les GAFAM jurent la main sur le cœur qu’ils « luttent contre les deepfakes non consentis ». La vérité, c’est qu’ils mettent trois stagiaires sur la modération pendant que leurs algos continuent d’engranger du clic et de la pub sur les vidéos douteuses.
Une étude récente montre que sur X (ex-Twitter), les signalements de deepfakes intimes aboutissent rarement… sauf quand ils touchent aux droits d’auteur. La photo d’une star protégée par un label est mieux défendue que l’image d’une victime lambda.
C’est comme demander à un dealer d’empêcher ses clients de se défoncer : bonne intention, mais zéro intérêt économique.
Et demain ?
On pourrait imaginer des IA « responsables » : un filtre qui bloque la génération de porno avec des visages connus, ou un watermark qui signale qu’une vidéo est fake.
Mais soyons honnêtes : les mecs qui veulent créer du fake crade trouvent toujours un moyen de contourner les règles.
Le futur, c’est donc un bras de fer permanent entre :
- les gros tarés qui veulent voir leur ex en gang bang virtuel,
- les victimes qui galèrent à faire supprimer,
- les avocats qui s’en mettent plein les poches,
- et les législateurs qui courent toujours trois ans derrière la technologie.
Quand l’IA met ton ex à poil (sans lui demander)
Ton ex en porno IA, ce n’est pas un fantasme geek un peu rigolo. C’est une arme numérique qui peut te détruire une vie. Alors ouais, c’est marrant cinq secondes de coller la tête de ton ex sur un corps porno… mais en vrai, tu touches au consentement, à la dignité, et tu frôles le pénal.
Bref : si t’as encore la tentation, demande-toi « est-ce que tu veux vraiment expliquer ça au juge en 2030, avec tes parents dans la salle d’audience » ?
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