Damso fait rapper une IA dans son dernier album et personne ne reste neutre. Ce choix a fait ressurgir une question brûlante : le rap a-t-il encore besoin d’humains pour créer ?
Le vendredi 30 mai, Damso a dévoilé « Bēyāh », son cinquième et dernier album studio. Attendu depuis plus de trois ans, ce projet vient clore un chapitre important pour l’artiste belge. Il a accompagné son annonce d’un court-métrage, « R.E.M : Épisode 00 », diffusé le 20 mai dans une ambiance futuriste. L’univers de l’album mélange poésie sombre, introspection profonde et expérimentations numériques. Et parmi les quinze titres proposés, un morceau fait déjà beaucoup parler de lui : « Magic », fruit d’une collaboration inattendue.
Dans Magic, Damso intègre l’IA non pas comme gadget, mais comme partie prenante. L’IA assure les chœurs du morceau et apporte une texture sonore inhabituelle dans le paysage du rap francophone. Loin d’une simple prouesse technique, ce choix artistique reflète une volonté d’explorer de nouvelles dimensions sonores. Certains fans saluent la démarche et la jugent audacieuse, novatrice, presque avant-gardiste. D’autres, au contraire, perçoivent ce recours à l’IA comme un artifice froid, détaché de l’émotion humaine.
Une industrie déjà bousculée par l’IA
Le morceau Magic illustre une tendance plus large dans l’industrie musicale actuelle. L’IA est déjà utilisée pour générer des voix, écrire des textes ou composer des instrumentales. Certains artistes s’en servent comme simple aide à la création, d’autres la placent au centre du processus. Mais cette évolution pose de nombreuses inquiétudes, notamment sur le plan juridique.
Comme nous l’apprennent nos confrères de siecledigital.fr, plusieurs IA sont entraînées à partir de catalogues musicaux existants, sans toujours obtenir d’autorisation préalable. Ce procédé interroge profondément sur la notion de propriété intellectuelle et sur la légitimité des œuvres générées. L’industrie musicale, déjà fragile, entre dans une phase où chaque innovation ouvre une nouvelle brèche réglementaire.
Création ou imitation ? Un débat qui dépasse Damso
En incluant une IA dans son dernier projet, Damso ne cherche pas forcément à clore un débat, il l’alimente. Il pousse chacun à réfléchir à ce que signifie encore « créer » dans une époque saturée d’algorithmes et de calculs prédictifs. Pour certains, l’IA est un outil comme un autre, au service de l’inspiration. Pour d’autres, elle menace l’essence même de la musique : l’émotion, le vécu, l’unicité humaine.
Ces débats s’intensifient aussi dans les autres sphères créatives, du graphisme à la publicité. La frontière entre imitation algorithmique et création humaine devient chaque jour plus difficile à tracer.
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