À quelques jours du lancement de GPT‑5, Sam Altman, le patron d’OpenAI, multiplie les déclarations inquiétantes. Vitesse effrayante, analogie avec la bombe atomique, critique d’un monde sans garde-fou : ce qui aurait dû être un lancement triomphal vire au thriller…
L’IA progresse vite. Très vite. Trop vite ? C’est la question que Sam Altman, PDG d’OpenAI, semble se poser… à haute voix.
Alors que GPT‑5 s’apprête à être dévoilé au public, celui qui a orchestré son développement compare l’expérience à un film de science-fiction.
Pire : à une réplique du projet Manhattan. Oui, le projet de Robert Oppenheimer qui a conduit à la bombe atomique.
Lors d’une interview passionnante avec Theo Von, Altman a lâché une phrase choc : « Il y a eu des moments où j’étais très nerveux. GPT‑5 m’a donné l’impression d’être inutile ».
Alors qu’on s’attendait à ce qu’il vante les capacités de son nouveau modèle, Altman insiste sur le vertige qu’il a ressenti en testant l’outil. À ses yeux, GPT‑5 est plus qu’un modèle IA : c’est le symbole d’une frontière qui vient d’être franchie.
GPT‑5 : une machine qui dépasse ses concepteurs ?
Techniquement, GPT‑5 reste encore partiellement secret. Ce que l’on sait, c’est que le lancement est prévu début août 2025, avec un accès via ChatGPT et API.
Trois versions sont attendues : standard, mini, pro. Il y aura une intégration d’éléments issus des modèles o3, spécialisés dans le raisonnement logique.
Les performances seront équivalentes à une médaille d’or aux Olympiades internationales de mathématiques, selon OpenAI. Il sera capable de résoudre des problèmes complexes… que même Altman ne comprenait pas.
Une IA qui répond mieux que son propre créateur ? Voilà qui alimente une angoisse : et si la machine échappait à l’intention initiale ?
« Il n’y a plus d’adultes dans la pièce »
L’un des passages les plus déroutants de l’intervention d’Altman, c’est quand il évoque l’absence de garde-fous.
« Il n’y a plus d’adultes dans la pièce », dit-il. Traduction : les avancées vont trop vite, et les mécanismes de contrôle ne suivent pas.
Et les chiffres lui donnent déjà (un peu) raison : 47 % des entreprises utilisant la GenAI déclarent avoir subi un incident critique lié à l’IA (source : McKinsey).
Seules 28 % placent la gouvernance IA sous la responsabilité directe du CEO. Dans la région APJ (Asie-Pacifique, Japon), 20 % des entreprises vont déployer des IA génératives sans évaluation des risques d’après IDC.
Pendant que les modèles deviennent semi-autonomes, la supervision reste donc manuelle. Et parfois même absente.
Une IA pour tous… ou pour personne ?
Autre déclaration choc : Altman affirme rêver d’offrir GPT‑5 gratuitement à chaque humain sur Terre. Utopie altruiste ? Ambition planétaire ? Ou emballement hors de contrôle ?
Dans le même temps, il s’inquiète de la dépendance croissante à l’IA, notamment chez les jeunes : « Beaucoup de gens ne savent plus prendre une décision sans GPT. C’est dangereux ».
Il s’oppose notamment à l’usage d’IA émotionnelles auprès des enfants. Il refuse l’idée que son fils puisse avoir un « meilleur ami IA », et déconseille d’utiliser ChatGPT comme substitut de psychologue.
Le chef d’entreprise explique que « ChatGPT n’a pas de confidentialité médicale. Vous ne devriez pas l’utiliser comme thérapeute ».
Assez contradictoire ! Altman conçoit une IA omniprésente, mais redoute ses effets psychologiques. Il ouvre la porte… tout en plaçant un avertissement à l’entrée.
Fraudes, deepfakes, usurpation : les signaux sont déjà rouges
Lors d’une récente intervention à la Réserve fédérale américaine, Altman a prévenu : « Une crise de fraude liée à l’IA est inévitable ».
C’est notamment la voix humaine qui est menacée : les systèmes d’authentification vocale sont déjà obsolètes face aux IA génératives capables d’imiter n’importe quel timbre.
Il appelle les banques, les institutions publiques, les entreprises à se réarmer en urgence. Mais là encore, peu de normes sont en place.
Une course économique déjà bien lancée
Pendant ce temps, le marché s’emballe : 92 % des dirigeants prévoient d’augmenter leurs dépenses en IA dans les trois prochaines années.
Plus de 30 % des responsables mondiaux anticipent une hausse des revenus de plus de 10 % grâce à la GenAI.
Cette année, le marché de l’analytics IA passera de 2,8 Md $ (2020) à 13,4 Md $ (2025). Et selon les derniers rapports, GPT‑5 surpasserait déjà Claude 3 Sonnet sur plusieurs benchmarks.
Même si Altman et les autres créateurs d’IA hésitent, le monde des affaires, lui, n’a plus aucun doute. Il est trop tard pour regretter et faire marche arrière.
Et maintenant ?
Ce que Sam Altman dévoile, c’est un paradoxe : le génie ne veut plus de sa lampe. Il a lancé une course mondiale, et semble douter du terrain d’arrivée.
Il ne s’agit plus seulement d’un modèle de traitement du langage. GPT‑5 devient un objet de pouvoir, un acteur autonome de la productivité, de la décision, de la pensée. Et si même son créateur dit avoir peur, peut-on encore se contenter d’applaudir ?
Et vous, qu’en pensez-vous ? Estimez-vous que l’IA est devenue trop puissante ? Connaissez-vous de personnes devenues dépendantes à ChatGPT ? Partagez votre avis en commentaire !
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